Question de M. HYEST Jean-Jacques (Seine-et-Marne - UMP) publiée le 13/12/2002
Question posée en séance publique le 12/12/2002
M. Jean-Jacques Hyest. Monsieur le garde des sceaux, la presse nationale et régionale a donné connaissance de la note d'information que vous avez diffusée pour être soumise à la concertation des magistrats et des avocats. Elle concerne le projet que vous aviez annoncé sur l'adaptation des moyens de la justice aux évolutions de la criminalité.
Bien entendu, avant que chacun ait pu procéder à une analyse détaillée de ce dispositif, qui modifie notamment la procédure pénale, les voix habituelles s'élèvent pour que l'on ne change rien dans ce domaine, alors que l'on sait que les moyens de la justice sont inadaptés à la poursuite de la grande criminalité, quelle que soit la valeur de ceux qui ont en charge ces affaires.
On vous reproche, pêle-mêle, de dessaisir le juge d'instruction, de donner trop de pouvoir au parquet - paradoxalement, ce sont les mêmes qui voulaient faire des parquetiers des magistrats totalement indépendants du pouvoir hiérarchique - et, bien entendu, d'accorder trop de pouvoirs aux services de police et de gendarmerie.
Pourtant, nous le savons, la spécialisation est une nécessité pour les affaires complexes, qu'il s'agisse de la délinquance financière, du terrorisme, du proxénétisme, du trafic de stupéfiants ou du trafic d'êtres humains.
Selon nos informations, ce dispositif serait étendu à d'autres crimes. Monsieur le ministre, pouvez-vous nous préciser vos orientations à ce sujet ? Comme pour la violence routière, à propos de laquelle le ministre de l'équipement a parlé de prévention, il faut aussi évoquer la répression, étant entendu que l'équilibre entre la nécessaire répression et le respect des libertés doit être la règle absolue.
Surtout, monsieur le garde des sceaux, quels moyens comptez-vous mettre en oeuvre pour améliorer l'effectivité de la réponse pénale ?
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Réponse du Ministère de la justice publiée le 13/12/2002
Réponse apportée en séance publique le 12/12/2002
M. Dominique Perben, garde des sceaux, ministre de la justice. Monsieur le sénateur, le texte sur lequel j'ai lancé une concertation aussi large que possible et qui, je l'espère, pourra être présenté en Conseil des ministres au mois de février, puis devant le Parlement en mars ou avril prochain, vise à répondre aux nouvelles formes de criminalité.
S'agissant de la délinquance routière, notre objectif est effectivement de rendre plus automatique le système de sanction. Nous en reparlerons.
Je souhaite également que ce texte permette de lutter plus efficacement contre le racisme et les discriminations raciales.
Il nous faut aussi rendre plus efficace la lutte contre la pollution de l'environnement : il s'agit là, en effet, d'un véritable défi de société.
Mais l'objet principal de ce texte sera de renforcer l'efficacité de la justice dans sa lutte contre la criminalité organisée.
A quels problèmes devons-nous répondre ? Nous devons d'abord faire face à la criminalité organisée, qui est aujourd'hui de plus en plus internationale et qui emploie de plus en plus des moyens modernes extrêmement sophistiqués. En d'autres termes, nous sommes confrontés à de grands professionnels extraordinairement dangereux, souvent liés, de surcroît, au terrorisme international.
Nous devons donc adapter à la fois notre organisation et nos moyens d'action judiciaires, ce qui implique de regrouper un certain nombre de juridictions, dont les compétences seront, bien sûr, juxtaposées. Comme il y a un pôle antiterroriste, il faut créer cinq ou six pôles sur l'ensemble du territoire, qui seront affectés à la lutte contre la criminalité et permettront de coordonner le travail d'enquête et les procédures judiciaires ultérieures.
Cela, bien entendu, ne remet aucunement en cause les pôles qui existent aujourd'hui. Contrairement à ce qui a pu être écrit dans tel ou tel organe de presse, les pôles économiques et financiers seront renforcés par cette nouvelle organisation, car, dans ce domaine également, un travail de fond est à réaliser.
Par ailleurs, indépendamment des questions d'organisation, nous ferons en sorte que, en termes de procédures, la justice dispose de moyens plus efficaces pour lutter contre ces criminels extrêmement dangereux.
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