Question de Mme BEAUDEAU Marie-Claude (Val-d'Oise - CRC) publiée le 14/11/2002
Mme Marie-Claude Beaudeau attire l'attention de Mme la ministre de l'écologie et du développement durable sur l'utilisation du Gaucho comme insecticide. Elle lui rappelle que la firme allemande Bayer produit cet insecticide pour traiter notamment le maïs et la betterave, mais que celui-ci tue également les abeilles, ruinant la vie de nombreuses ruches et l'activité des apiculteurs. Elle lui fait observer que si l'imidaclopide, la matière active du Gaucho, a bien des effets sur le système nerveux des abeilles, il n'est pas exclu qu'elle crée aussi des dégâts sur les cerveaux humains. Dans ces conditions, elle lui demande de lui faire connaître les mesures prises pour lancer une étude épidémiologique à ce propos et, dans l'immédiat, compte tenu des toxicités reconnues du Gaucho, d'en interdire l'utilisation sur le territoire français.
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Réponse du Ministère de l'écologie et du développement durable publiée le 13/03/2003
La ministre de l'écologie et du développement durable a pris connaissance, avec intérêt, de la question relative à l'étude des éventuels effets du gaucho sur les abeilles et sur l'homme. Depuis 1996, les apiculteurs ont informé l'administration du dépérissement des ruches et de la possibilité d'une action néfaste de l'imidaclopride, matière active du gaucho, sur les abeilles. La commission d'experts placée auprès du ministre chargé de l'agriculture a été saisie en 1997 des problèmes rencontrés avec les cultures de tournesol. De nombreuses études ont alors été conduites. En 1999, l'utilisation de l'imidaclopride pour le traitement des semences de tournesol a été suspendue pour une période de deux ans par le ministre chargé de l'agriculture, qui reste l'autorité compétente en la matière. L'utilisation du gaucho sur culture de maïs a également fait l'objet récemment d'une nouvelle évaluation des risques. Les études réalisées depuis plusieurs années n'ont pas permis, à ce jour, de faire la lumière sur ce dossier. Scientifiquement, on ne comprend toujours pas complètement la nature des corrélations entre l'usage du gaucho et les diminutions des effectifs des ruches et de leur production de miel. Les études entreprises jusqu'à présent sont difficilement interprétables et suggèrent que les causes du dépérissement des ruchers pourraient avoir un caractère multifactoriel. Le 28 septembre 2001, le ministre de l'agriculture et de la pêche a mis en place une cellule spécifique d'experts pour procéder à une étude multifactorielle qui vise à faire le point sur les causes possibles des troubles des abeilles. La supervision de cette étude est soumise à un comité de pilotage auquel les services du ministère de l'écologie et du développement durable participent. Cette cellule d'experts a récemment exposé un premier rapport d'étape à partir d'études bibliographiques et a initié la mise en place d'un réseau d'observation des troubles des abeilles qui devrait fournir des résultats au cours de cette année. Le 21 janvier 2003, le Gouvernement a décidé de prolonger la suspension d'autorisation du gaucho pour le traitement du tournesol pour une durée de trois ans, en considérant qu'à ce stade aucun élément scientifique décisif n'est apparu depuis la première décision de suspension en 1999. Il souhaite par ailleurs la création de zones d'observation où toutes les utilisations du gaucho seraient suspendues. Certains scientifiques ont récemment émis l'hypothèse d'un effet éventuel sur l'homme. S'il est vrai que l'imidaclopride est une substance insecticide très toxique, son mode d'action est très spécifique aux insectes et, de ce fait, la toxicité de l'imidaclopride est beaucoup moins élevée pour les mammifères. Les niveaux de résidus actuellement décelés dans les nectars sont très bas et l'exposition de l'homme via les denrées est vraisemblablement très faible. La commission d'experts du ministère chargé de l'agriculture n'a pas exprimé de préoccupation particulière quant à la toxicité de l'imidaclopride pour l'homme. Le réseau de toxico-vigilance de la mutualité sociale agricole n'a pas rapporté non plus de problème spécifique lié à cette substance qui justifierait une étude épidémiologique.
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