Question de Mme BIDARD-REYDET Danielle (Seine-Saint-Denis - CRC) publiée le 22/08/2002

Mme Danielle Bidard-Reydet attire l'attention de M. le ministre de la jeunesse, de l'éducation nationale et de la recherche quant au devenir de la recherche au sein du groupe Aventis. La fermeture du site de Romainville apparaît de plus en plus comme imminente. Au-delà des emplois menacés dans un département déjà très sinistré c'est toute la politique de la recherche sur les sciences de la vie qui est visée. Cette fermeture remet notamment en cause les liens tissés depuis des années entre les chercheurs de l'industrie pharmaceutique et ceux de la santé publique. Or il s'agit d'un enjeu majeur pour l'évolution de la santé en France et dans le monde. Par ailleurs, les multinationales focalisent la recherche sur les maladies les plus rentables et abandonnent les autres, Dans cet optique Aventis a abandonné la recherche sur une molécule efficace contre la candidose, concernant les maladies du sida et du cancer. La fermeture du site de Romainville se situe dans ce contexte. Les salariés d'Aventis, les chercheurs et un grand nombre d'élus demandent la mise en place d'un table ronde avec les ministères concernés. Le comité d'établissement a sollicité votre ministère en juin dernier pour qu'il intervienne auprès des dirigeants d'Aventis. Elle lui demande ce qu'il compte faire pour répondre favorablement à leur demande et ériger cette question fondamentale en véritable débat national.

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Transmise au Ministre délégué à la recherche et aux nouvelles technologies


Réponse du Ministre délégué à la recherche et aux nouvelles technologies publiée le 27/11/2003

La société Aventis Pharma, créée en 1999, résulte de la fusion de la société Rhône-Poulenc-Rorer avec le groupe allemand Hoechst-Marion-Roussel. Sa stratégie de développement s'inscrit dans la même logique que celle des grands groupes pharmaceutiques à l'échelle mondiale, visant à se focaliser et à engager des partenariats dans les secteurs de recherche amont. Cette tendance existe tout particulièrement aux Etats-Unis et elle facilite l'émergence et la consolidation d'une industrie des biotechnologies, plus flexible et plus diversifiée, qui peut intervenir avec efficacité sur la recherche de cibles thérapeutiques. L'introduction des approches génomiques, moteur de la biologie à grande échelle, a la potentialité d'augmenter grandement la découverte de cibles thérapeutiques et diagnostiques, et permettra de prédire la réponse d'un individu à un traitement (pharmacogénomique). Ces recherches sont développées dans le secteur public et dans le secteur privé de manière complémentaire. Les outils générés par le secteur public (séquence complète du génome humain, bases de données...), qui doivent continuer à se développer, constituent des ressources puissantes, directement accessibles car elles se trouvent dans le domaine public. Le secteur privé concentre surtout ses activités sur le développement d'outils et, en pharmacologie, sur le criblage à haut débit de chimiothèques et la découverte de cibles. Dans ce contexte très compétitif à l'échelle mondiale, et compte tenu des enjeux en termes de développement de médicaments, la France participe activement au développement d'outils génomiques stratégiques, par le biais de ses deux centres nationaux, le Centre national de séquençage et le Centre national de génotypage, et du réseau des génopoles. Par ailleurs, le ministère chargé de la recherche et le ministère chargé de l'industrie ont conjointement lancé le réseau GenHomme, qui permet de financer les meilleurs partenariats entre le secteur public et le secteur privé afin de créer de nouveaux outils diagnostiques et d'identifier de nouvelles cibles thérapeutiques et, partant, de développer des médicaments innovants. Compte tenu de tous ces développements et des enjeux dans ce secteur, le ministère chargé de la recherche est très attentif aux évolutions du site d'Aventis à Romainville. Depuis l'intervention au Sénat de la ministre déléguée à la recherche et aux nouvelles technologies en février dernier, le ministère chargé de la recherche a recueilli des informations sur le plan proposé par la direction d'Aventis et sur le plan proposé par les représentants du personnel (plan NEREIS). En effet, le ministère chargé de la recherche et le ministère chargé de l'industrie ont conjointement reçu les représentants du personnel qui ont eu la possibilité de présenter leur plan. Ces mêmes ministères sont ensuite intervenus auprès de la direction d'Aventis pour inciter à un échange avec les syndicats au sujet du plan NEREIS ; ceci a été fait début juin. Concernant le plan NEREIS, la principale question concerne sa faisabilité et sa viabilité économique. Ces deux aspects ont fait l'objet d'une étude confiée à un cabinet d'experts. Les conclusions préliminaires semblent indiquer que, dans sa forme actuelle, le projet NEREIS nécessiterait des budgets importants alors qu'il présente un grand risque d'échec à terme. De son côté, le plan de la Direction d'Aventis prévoit la création d'une société de recherche dans le domaine de l'antibiothérapie, ainsi que l'installation de nouvelles sociétés de biotechnologie sur le site. Après des échanges récents, il semble que se dessine une certaine convergence entre le plan NEREIS et le plan de la direction, ce dernier prévoyant maintenant la mise en place d'une entité supplémentaire en charge du criblage à haut débit de molécules en collaboration avec le CNRS et l'INSERM. Ce projet pourrait être mis en place courant 2004 après conclusion des échanges qui ont débuté avec l'INSERM et le CNRS. En résumé, le plan NEREIS a d'ores et déjà fait l'objet d'échanges approfondis au niveau de la direction d'Aventis et des ministères chargés de la recherche et de l'industrie au cours des mois passés et il a été l'objet d'une évaluation par un cabinet d'experts. Le temps de la réflexion et de l'évaluation a donc été pris et un moratoire ne semble plus nécessaire. La solution qui pourrait se mettre en place sur le site de Romainville comprendrait trois axes : création d'une société de recherche en antibiothérapie, création d'un centre pour loger des entreprises de biotechnologies et création d'une plate-forme de sélection de nouveaux médicaments. Cette solution devrait permettre à ce site prestigieux de conserver sa vocation dans le domaine de l'innovation pharmaceutique. Sur un plan plus général et au niveau national, le ministère chargé de la recherche et le ministère chargé de l'industrie sont aujourd'hui engagés dans une réflexion commune pour développer le secteur des biotechnologies, notamment dans ses applications pour l'innovation thérapeutique, afin que la France reste un pays fertile et attractif de ce point de vue.

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