Question de M. BOULAUD Didier (Nièvre - SOC) publiée le 18/07/2002
M. Didier Boulaud attire l'attention de M. le ministre de la jeunesse, de l'éducation nationale et de la recherche sur la lutte contre l'illettrisme, retenue comme chantier prioritaire pour réduire la fracture scolaire. Un plan d'action exposé dans un communiqué de presse daté du 19 juin dernier prévoit la mise en place, à titre expérimental, de 100 à 150 classes de CP consacrées aux élèves les plus en difficulté de lecture. Cette mesure semble amorcer un retour vers les classes spécifiques qui stigmatisent la difficulté et pourraient conduire à réduire les exigences en termes de compétences à maîtriser, ce qui serait contraire au principe d'égalité des chances pour tous les élèves. Cette volonté de concentration des efforts sur la classe de CP ne permet pas de prendre en compte la continuité des apprentissages sur un cycle et gomme ainsi le rôle de la grande section de l'école maternelle qui est pourtant la première année du cycle 2. En effet, les pédagogies actuelles centrées sur une conception constructiviste de l'apprentissage mettent en valeur le conflit socio-cognitif pour aider les élèves à construire leurs apprentissages par la confrontation de points de vue avec leurs pairs. Cette démarche ne peut pas être menée dans une classe composée uniquement d'élèves en grande difficulté. Il lui demande donc s'il ne pense pas que ce dispositif risque de stigmatiser et d'isoler ces élèves, et, finalement, de ne pas atteindre son objectif et comment, en termes de moyens, il compte mettre en place ce dispositif avec 10 élèves au CP sans surcharger les autres niveaux de classe de l'école.
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Réponse du Ministère de la jeunesse, de l'éducation nationale et de la recherche publiée le 10/10/2002
Le plan de prévention de l'illettrisme que le ministre de la jeunesse, de l'éducation nationale et de la recherche met en oeuvre à partir de la rentrée de septembre 2002 comprend plusieurs volets. II s'appuie d'abord sur les nouveaux programmes pour l'école primaire qui comportent un ensemble de dispositions qui doivent conduire à améliorer l'efficacité de l'enseignement de la lecture et de l'écriture. Les directives en matière de pédagogie de la lecture sont plus rigoureuses que par le passé en ce qu'elles définissent des " moments " incontournables de l'apprentissage qui devront être respectés quelles que soient les méthodes adoptées par les maîtres ; ainsi, devra-t-on s'assurer que les élèves ont compris le codage alphabétique des mots, peuvent analyser les mots en constituants simples et, inversement, effectuer les synthèses qui permettent d'écrire des mots nouveaux, savent déchiffrer des mots complexes, fixent correctement l'orthographe de mots courants. En outre, les nouveaux programmes imposent la lecture d'une dizaine d'oeuvres de littérature de jeunesse, oeuvres du patrimoine pour l'enfance ou contemporaines, pour chaque année du cycle des approfondissements. Dans ce cycle, tous les champs disciplinaires doivent être exploités pour proposer très régulièrement des activités de lecture et d'écriture diversifiées. Enfin, les horaires quotidiens dévolus aux activités de lecture et d'écriture sont-ils précisés alors que ce n'était plus le cas depuis 1969. Les dispositifs d'évaluation des acquisitions en français sont reconduits et enrichis, les maîtres seront aidés pour pouvoir en tirer un meilleur profit et proposer à leurs élèves fragiles ou en difficulté des réponses pédagogiques adaptées. Ce sera tout particulièrement le cas au cours préparatoire pour lequel un livret, élaboré à l'intention des maîtres de ces classes, décrira la typologie des principales difficultés rencontrées et des situations pédagogiques de remédiation. Ce même livret, qui proposera des références pour l'évaluation des acquis des élèves, favorisera leur suivi pédagogique dès les débuts de l'apprentissage de la lecture. L'expérimentation portant sur des classes de cours préparatoire à effectifs réduits concernera dès septembre 2002 une centaine de classes environ ; elle se prolongera en 2002-2003. Les élèves inscrits dans ces CP ne seront pas choisis parmi des élèves en difficultés (ce qui serait difficile à établir avant même que l'apprentissage systématique de la lecture ait commencé) et ces classes ne seront donc pas des classes de niveau. Situées dans des écoles qui accueillent une population défavorisée, plus vulnérable face aux exigences des apprentissages scolaires comme en attestent les résultats des années antérieures aux évaluations nationales en CE2, elles rassembleront une dizaine d'élèves. Le choix qui est fait ne remet nullement en cause le travail dans la continuité ave la grande section de l'école maternelle. Dans cette phase expérimentale, les moyens mobilisés pour constituer des classes à effectifs réduits sont essentiellement des postes surnuméraires qui existaient dans les écoles concernées ou quelques emplois supplémentaires qui seront utilisés à cette fin dans le cadre de l'organisation départementale, discutée dans les instances paritaires. Les autres classes ne seront pas surchargées en conséquence. Ce plan global de prévention de la grande difficulté scolaire en lecture et en écriture contribue à l'effort de réduction de l'illettrisme en relation, notamment, avec l'Agence nationale de lutte contre l'illettrisme.
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