Question de M. de MONTESQUIOU Aymeri (Gers - RDSE) publiée le 07/02/2002
M. Aymeri de Montesquiou attire l'attention de Mme le garde des sceaux, ministre de la justice, sur le projet de loi d'adaptation du droit français au statut de la Cour pénale internationale (CPI). En effet, au 25 janvier 2002, cent trente-neuf Etats ont signé le traité de Rome du 17 juillet 1998 et quarante-huit l'ont ratifié. Soixante ratifications sont requises pour l'entrée en vigueur du statut, ce qui, par conséquent, devrait intervenir très prochainement. Il est donc nécessaire d'adapter au plus vite notre droit interne au statut de la Cour afin de pouvoir être en mesure de coopérer avec la Cour pénale internationale dès son entrée en vigueur. Il se réjouit de l'inscription à l'ordre du jour du Sénat du 12 février de la proposition de loi de M. Robert Badinter relative à la coopération avec la CPI. Toutefois, cette proposition de loi, même si elle est adoptée, ne traite que de la coopération judiciaire entre les juridictions françaises et la Cour internationale et n'aborde pas la question de la définition des crimes. C'est pourquoi il la prie de bien vouloir lui faire connaître d'une part, l'état d'avancement du projet de loi d'adaptation du Gouvernement et, d'autre part, ses intentions concernant une éventuelle scission de ce projet en deux volets, l'un relatif à la coopération judiciaire et l'autre relatif à l'harmonisation de la définition des crimes. En effet, cette scission inquiète de nombreuses organisations non gouvernementales car elle retarderait l'application du statut de la Cour pénale internationale.
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Réponse du ministère : Justice publiée le 02/05/2002
La garde des sceaux, ministre de la justice, fait connaître à l'honorable parlementaire que la France est pleinement consciente des obligations découlant pour elle de sa ratification du Statut de Rome instituant la Cour pénale internationale, le 9 juin 2000. Le ministère de la justice s'est attelé depuis l'an dernier, en concertation avec les autres ministères et la société civile, à la rédaction de textes qui nous permettront, d'une part, de soumettre à nos juridictions pénales, dont la compétence précède celle de la Cour, les responsables de crimes internationaux visés par le Statut, d'autre part, de coopérer pleinement avec cette cour. Eu égard à l'accélération du rythme des ratifications nécessaires à l'entrée en vigueur du Statut et à la mise en place vraisemblable de la cour elle-même d'ici à la fin de l'année, la priorité a dû être donnée à la mise en place des procédures internes permettant la coopération avec celle-ci, dans la mesure où nous nous serions trouvés, en cas de demande de coopération de sa part et en l'absence de toute règle de procédure interne en la matière, devant un vide juridique qu'il s'agissait de combler absolument. La loi 2002-268 du 26 février 2002, adoptée le 19 février dernier par l'Assemblée nationale et publiée au JO en date du 27 février, répond à cette urgence sur la base d'une proposition déposée par le sénateur Robert Badinter le 20 décembre 2001. La Chancellerie a vivement soutenu cette proposition portant sur le volet coopération de l'adaptation, dans la mesure où les contraintes du calendrier parlementaire et des échéances politiques majeures à venir ne permettaient de toute façon pas d'entamer une discussion satisfaisante sur la question des incriminations, de la poursuite et de la répression des crimes visés au Statut, et où nous ne sommes pas confrontés en la matière à un vide juridique, puisqu'il s'agit plutôt d'unifier le régime de poursuite et de répression de ces infractions. Il est donc bien entendu pour le Gouvernement que l'adaptation du droit interne au Statut de la CPI en termes de coopération, ne constitue que la première étape de la mise en oeuvre de nos obligations et que le travail relatif à l'adaptation de notre droit interne en matière de poursuite et de répression des crimes visés au Statut demeure une priorité.
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