Question de Mme LUC Hélène (Val-de-Marne - CRC) publiée le 07/12/2001
Question posée en séance publique le 06/12/2001
Mme Hélène Luc. Monsieur le président, monsieur le Premier ministre, mesdames, messieurs les ministres, mes chers collègues, depuis quelques jours, le Proche-Orient s'embrase dangereusement. Par dizaines, des enfants, des femmes et des hommes sans défense sont sacrifiés aveuglément, des familles sont meurtries à jamais.
Des odieux attentats perpétrés à Jérusalem et Haïfa aux brutales représailles ordonnées par le Premier ministre israélien, c'est bien l'idée même de la recherche de la paix qui est remise en cause. Or, il n'y a pas de solution militaire au conflit, il y a seulement une solution politique.
M. René-Pierre Signé. Oui !
Mme Hélène Luc. Alors que la plupart des dirigeants de ce monde, y compris George W. Bush, reconnaissent le bien-fondé de la coexistence entre un Etat d'Israël dont la sécurité devra être enfin garantie et un Etat palestinien dont le droit à l'existence sera enfin reconnu, ce sont les extrémistes qui, aujourd'hui, voudraient imposer leur stratégie suicidaire, dont personne ne peut prévoir les conséquences.
La tentative d'éliminer Yasser Arafat de la scène politique serait lourde de conséquence pour l'avenir. Comme vous l'avez déclaré hier soir, monsieur le Premier ministre, ce n'est pas le bon choix.
La France, tout en exprimant sa solidarité avec le peuple israélien, s'honore d'apporter un soutien nécessaire et remarqué à cet homme qui, dans un contexte particulièrement difficile, représente la légitimité pour toute solution à la crise actuelle.
Aujourd'hui, il faut agir avant qu'il ne soit trop tard afin que ces deux peuples ne soient pas emportés par le vertige d'une vengeance sans fin.
La diplomatie française a pris une position qui la distingue et qui l'honore, en appelant les deux parties à faire preuve de responsabilité.
M. René-Pierre Signé. Le Premier ministre !
Mme Hélène Luc. Monsieur le Premier ministre, la France devrait proposer et mettre en oeuvre une initiative avec l'Europe, les Etats-Unis, en associant les Etats concernés comme l'Egypte, pour l'envoi dans les plus brefs délais d'une force d'interposition sous l'égide de l'ONU, pour arrêter la violence et permettre de créer les conditions d'une reprise authentique des négociations. Elle peut aboutir rapidement à une conférence internationale.
M. Dominique Braye. La question !
Mme Hélène Luc. Monsieur le Premier ministre, la France peut, par ses initiatives, donner une chance à la paix. Elle a l'autorité morale, reconnue par les deux pays, pour y contribuer. Elle devrait faire savoir immédiatement qu'elle est prête...
M. le président. Posez votre question, madame Luc.
Mme Hélène Luc. ... à participer à une force d'interposition. La situation dramatique appelle des décisions fortes.
M. Patrick Lassourd. La question !
Mme Hélène Luc. Monsieur le Premier ministre, je voudrais avoir votre avis sur cette proposition.
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Réponse du ministère : Coopération publiée le 07/12/2001
Réponse apportée en séance publique le 06/12/2001
M. Charles Josselin, ministre délégué à la coopération et à la francophonie. Madame la sénatrice, M. Hubert Védrine étant à Bruxelles - il vous prie d'excuser son absence -, il m'a demandé de répondre à votre question.
Les attentats survenus samedi et dimanche à Jérusalem et à Haïfa ont provoqué la révulsion, soulevé l'indignation. Rien ne peut justifier de tels actes criminels. En outre, ce sont les espoirs de paix que les terroristes cherchent à détruire.
La France a renouvelé ses appels aux dirigeants palestiniens et israéliens pour engager le sursaut nécessaire qui mettra fin à l'effusion de sang. Tout doit être fait pour juguler la violence kamikaze qu'a choisie le terrorisme pour s'exprimer. Nous l'avons clairement demandé à l'autorité palestinienne, mais la vraie urgence aujourd'hui, c'est d'aider l'autorité palestinienne à mener concrètement la lutte contre le terrorisme.
Dès lors, toute politique, toute action visant à affaiblir Yasser Arafat et l'autorité palestinienne ne peut qu'être source de dangers plus grands encore. On ne peut à la fois leur demander d'agir et leur ôter les moyens d'agir.
C'est ensemble qu'Israéliens et Palestiniens doivent sortir de l'impasse, c'est ensemble qu'il leur faut, en priorité, retrouver les ressorts d'une coopération en matière de sécurité pour le bien de chacun. Si les parties ne peuvent y parvenir seules, elles doivent accepter que leurs partenaires de la communauté internationale les aident à surmonter les obstacles et les oppositions internes qui existent dans chaque camp. Le réengagement américain, soutenu par l'Union européenne, peut les aider à y parvenir. C'est le sens de la coalition internationale pour la paix et la sécurité au Proche-Orient que nous souhaitons voir se constituer avec tous les partenaires intéressés à la recherche de la paix.
M. Roland Muzeau. Sharon la refuse !
M. Charles Josselin, ministre délégué. La communauté internationale doit se mobiliser davantage pour aider les parties à rompre la spirale de la violence : avec le temps qui passe, au Proche-Orient, ce sont des morts supplémentaires et des souffrances inutiles infligées aux populations.
Quant à l'éventualité d'une force de protection, la France soutient - elle l'a soutenu dès le sommet de Gênes - un tel mécanisme de surveillance. Encore faut-il que les parties en soient d'accord, ...
M. le président. Veuillez conclure, monsieur le ministre !
M. Charles Josselin, ministre délégué. ... qu'elles se soient entendues pour faire cesser la violence. Nous sommes en tout cas prêts à y contribuer. Tel est l'objectif auquel je peux vous assurer que la France continue à travailler avec toute sa détermination.
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