Question de Mme PRINTZ Gisèle (Moselle - SOC) publiée le 07/12/2001
Question posée en séance publique le 06/12/2001
Mme Gisèle Printz. Ma question s'adresse à M. le ministre délégué à la santé.
Samedi 1er décembre, la mobilisation a été forte, sur les cinq continents, à l'occasion de la quatorzième journée mondiale de lutte contre le sida. Pandémie la plus meurtrière de l'humanité, le sida, en vingt ans, a tué 20 millions de personnes.
En France, nous sommes actuellement confrontés à un climat de relâchement de la vigilance à l'égard du sida, relâchement qui ne touche pas que la seule communauté homosexuelle : c'est ce que montre l'enquête de l'observatoire régional de la santé en Ile-de-France consacrée aux « connaissances, attitudes, croyances et comportements face au VIH-sida en 2001 » et rendue publique le 28 novembre dernier. Ainsi, selon cette enquête, « la représentation sociale du sida se modifie et s'accompagne des premiers signes effectifs d'un relâchement des comportements de prévention ».
La population française a une connaissance très floue des modes de transmission. Par exemple, 24,4 % des personnes interrogées, contre 14 % en 1994, croient encore possible la contamination par piqûre de moustique. On assiste parallèlement à une détérioration de l'image du préservatif et à une moindre utilisation de celui-ci : en 2001, 29 % des hommes déclaraient s'en servir, contre 37 % en 1998. Tout aussi inquiétants sont le désintérêt des jeunes pour cette maladie et le fait qu'ils craignent beaucoup moins que leurs aînés une contamination par le VIH, parce que le sida n'est plus considéré comme une maladie mortelle.
Or on dénombre encore, malheureusement, entre 3 000 et 4 000 nouvelles contaminations par an en France. Il est donc nécessaire de renforcer la prévention. Mercredi 28 novembre, vous avez présenté en conseil des ministres un plan triennal de lutte contre le sida. Pouvez-vous, monsieur le ministre, nous préciser les mesures et les moyens mis en oeuvre, ainsi que la stratégie élaborée pour atteindre les groupes les plus exposés ?
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Réponse du ministère : Santé publiée le 07/12/2001
Réponse apportée en séance publique le 06/12/2001
M. Bernard Kouchner, ministre délégué à la santé. Madame le sénateur, les chiffres que vous avez fournis sont hélas ! les bons, à une exception près. En effet, on dénombre environ 1 700 cas nouveaux de contamination par le VIH chaque année dans notre pays, et non pas de 3 000 à 4 000 comme vous l'avez indiqué.
Malheureusement, le relâchement que vous avez signalé est la rançon d'un succès thérapeutique partiel et de l'efficacité des trithérapies. Ce relâchement affecte la prévention et la protection, en particulier chez les plus jeunes et, surtout, parmi les populations les plus marginalisées, qui sont les plus difficiles à toucher.
Nous devons réagir devant cette situation déplorable, qui témoigne en même temps de l'efficacité des traitements actuels, bien qu'à quelque chose malheur ne soit jamais bon ! En effet, la mortalité due au sida a reculé de 85 % en France, ce qui est quand même un résultat extraordinaire quelque six ans après l'introduction des trithérapies.
Le plan que nous avons mis en place prévoit des moyens financiers importants, à hauteur de près de 500 millions de francs. Il est axé sur la prévention, c'est-à-dire sur l'information de groupes bien précis, alors qu'il n'était guère possible jusqu'à présent de conduire une action ciblée. Ainsi, des films seront projetés dans des lieux très particuliers où se rencontrent les homosexuels.
Parallèlement, des informations seront adressées au grand public. Puisque les groupes les plus vulnérables comptent souvent des femmes d'origine étrangère, nous devrons par exemple traduire en vingt-cinq langues les brochures que nous éditons. Nous essaierons de faire en sorte, je le répète, que cette campagne atteigne les groupes les plus en danger.
Par ailleurs, si le traitement est efficace, ses effets secondaires très lourds ne sont pas suffisamment pris en compte dans notre pays. Nous allons tenter de remédier à cet état de chose.
Il nous faut également encourager la recherche, cette mission incombant, bien entendu, au département ministériel qu'anime M. Roger-Gérard Schwartzenberg. Nous devons d'ailleurs collaborer avec les ministères de l'éducation nationale, de la recherche, de la famille, etc., afin d'élaborer la meilleure stratégie.
J'ajouterai enfin que la France s'honore d'avoir été la première à proposer la prise en charge du traitement dans les pays du tiers monde. Une conférence sur ce thème se tiendra bientôt à Ouagadougou, et j'espère que cette action pourra débuter à compter de janvier ou de février. Dix pays se sont joints à nous, y compris les Etats-Unis.
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