Question de M. PICHERAL Jean-François (Bouches-du-Rhône - SOC) publiée le 12/10/2001
M. Jean-François Picheral appelle l'attention de M. le ministre délégué à la santé sur les conséquences du cancer colorectal et la situation en France de sa prise en charge. Les cliniciens, comme les chercheurs, portent un intérêt croissant au cancer colorectal. Ceci tient non seulement à la fréquence et à la gravité de ce cancer, mais aussi aux progrès obtenus récemment dans les domaines de la recherche fondamentale et épidémiologique, permettant ainsi d'envisager une évolution à court terme, favorable du traitement d'une telle pathologie. A l'heure actuelle, deuxième cause de mortalité par cancer tous sexes confondus, le cancer colorectal, par sa fréquence élevée, doit faire l'objet d'un dépistage efficace. Son pronostic s'est certes amélioré au cours des vingt dernières années, les deux facteurs déterminants étant la baisse de la mortalité opératoire et, pour une part plus faible, un diagnostic plus précoce. Il semble donc que ce soit sur ce dernier point que les efforts doivent désormais se porter. A la différence d'autres cancers, celui touchant le colon et le rectum est habituellement précédé, pendant de nombreuses années, d'une tumeur bénigne, l'adénome. Ces lésions bénignes précancéreuses, aisément identifiables, permettent donc d'envisager une stratégie de prévention primaire et secondaire rapide. Par ailleurs, ces traitements efficaces au stade initial offrent des conditions parfaites à son dépistage sur la population à risque. Recommandé par l'Organisation Mondiale de la santé, l'hémocult, seul test à avoir été pour l'heure largement évalué sur des échantillons de population, est un test de dépistage s'adressant aux personnes de cinquante à soixante quatorze ans. Test caractérisé non seulement par la facilité de sa réalisation, son coût peu élevé mais aussi l'absence de risque pour les personnes dépistées, son efficacité semble ne plus faire de doute dans les milieux médicaux. De nombreux tests de recherche d'un saignement occulte dans les selles sont par ailleurs à l'étude. Bien évidemment, les cancers colorectaux, comme les autres cancers, nécessitent en outre une prise en charge pluridisciplinaire, seul moyen de garantir ainsi un traitement adapté. Aussi, la mise en place progressive de réseaux de soins, qui seule pourra permettre d'atteindre cet objectif, se devra-t-elle d'inclure des unités de concertation pluridisciplinaire. L'implication active, et donc une formulation adaptée, des médecins traitants mais aussi des médecins du travail, apparaît donc désormais comme une nécessité. Devant ce constat encourageant, seule une politique de dépistage de masse paraît pouvoir faire évoluer ce grave problème que représente le cancer colorectal. Devant la pertinence des données médicales actuelles, il lui demande donc de lui indiquer quelles dispositions seront envisagées dans un bref délai, afin de donner une pleine efficacité à un programme de dépistage dont la validité scientifique a été, depuis longtemps, largement observée.
- page 4026
Réponse du ministère : Famille publiée le 24/10/2001
Réponse apportée en séance publique le 23/10/2001
M. Jean-François Picheral. Madame la ministre, ce n'est pas seulement le sénateur, mais aussi le médecin qui vous interroge.
Les cliniciens, comme les chercheurs, portent un intérêt croissant au cancer colorectal, en raison non seulement de la fréquence et de la gravité de ce cancer mais aussi des progrès obtenus récemment dans les domaines de la recherche fondamentale et épidémiologique, permettant ainsi d'envisager une évolution à court terme favorable du traitement d'une telle pathologie.
A l'heure actuelle, deuxième cause de mortalité par cancer tous sexes confondus, le cancer colorectal, par sa fréquence élevée, doit faire l'objet d'un dépistage efficace. Son pronostic s'est amélioré au cours des vingt dernières années, les deux facteurs déterminants étant la baisse de la mortalité opératoire et, pour une part plus faible, un diagnostic plus précoce. Il semble donc que ce soit sur ce dernier point que les efforts doivent désormais se porter.
A la différence d'autres cancers, celui qui touche le colon et le rectum est habituellement précédé, pendant de nombreuses années, d'une tumeur qui n'est que bénigne, l'adénome. Ces lésions bénignes précancéreuses aisément identifiables permettent donc d'envisager une stratégie de prévention primaire et secondaire rapides. Par ailleurs, ces traitements efficaces au stade initial offrent des conditions parfaites à son dépistage sur la population à risque.
Recommandé par l'Organisation mondiale de la santé, l'hémoccult, seul test de dépistage à avoir été pour l'heure largement évalué sur des échantillons de population, s'adresse aux personnes âgées de cinquante à soixante-quatorze ans. Caractérisé non seulement par la facilité de sa réalisation et par son coût peu élevé, mais aussi par l'absence de risque pour les personnes dépistées, son efficacité semble ne plus faire de doute dans les milieux médicaux. De nombreux tests de recherche d'un saignement occulte dans les selles sont par ailleurs à l'étude.
Bien évidemment, comme les autres cancers, les cancers colorectaux nécessitent une prise en charge pluridisciplinaire, seul moyen de garantir ainsi un traitement adapté. Aussi la mise en place progressive de réseaux de soins, qui seule pourra permettre d'atteindre cet objectif, se devra-t-elle d'inclure des unités de concertation pluridisciplinaire.
L'implication active - et donc une formation adaptée des médecins traitants mais aussi des médecins du travail - apparaît donc désormais comme une nécessité.
Face à ce constat encourageant, seule une politique de dépistage de masse paraît pouvoir faire évoluer ce grave problème que représente le cancer colorectal.
Devant la pertinence des données médicales actuelles, je demande donc à M. le ministre délégué à la santé de m'indiquer quelles dispositions seront envisagées dans un bref délai afin de donner une pleine efficacité à un programme de dépistage dont la validité scientifique a été, depuis longtemps, largement observée.
M. le président. La parole est à Mme le ministre.
Mme Ségolène Royal, ministre déléguée à la famille, à l'enfance et aux personnes handicapées. Comme vous, monsieur le sénateur, M. Bernard Kouchner, ministre délégué à la santé, estime que le cancer colorectal constitue un véritable enjeu de santé publique et que le dépistage - et donc le diagnostic précoce - doit permettre de diminuer la mortalité due à ces cancers.
Ce dépistage est l'une des priorités du plan gouvernemental de lutte contre les cancers annoncé le 1er février 2000. Il concernera toutes les personnes âgées de cinquante à soixante-quatorze ans, qui seront invitées à effectuer tous les deux ans un test de détection. Ces tests seront remis par les médecins traitants - dont la participation est un élément essentiel - et la lecture des tests sera réalisée par un personnel formé selon des critères précis de qualité.
M. Bernard Kouchner insiste sur la responsabilité des pouvoirs publics quant à la qualité des services offerts à la population concernée par ces programmes.
En effet, pour être efficace, ce dépistage doit être réalisé dans le cadre d'un programme où la qualité technique des examens est associée à une organisation rigoureuse ; la participation de la population concernée doit donc être élevée et maintenue pendant toute la durée du programme, ainsi que l'implication des médecins traitants.
Si le dépistage peut apporter des bénéfices évidents pour certaines personnes, l'expérience a montré qu'il peut être également une source d'anxiété importante pour les personnes considérées à tort comme positives.
Il est donc nécessaire d'informer les professionnels et le public à la fois sur les bénéfices potentiels qui peuvent être tirés des tests de dépistage, mais aussi sur les risques éventuels de certains actes invasifs en cas de test positif.
C'est pourquoi il est indispensable de mettre en place un dispositif permettant l'implication des professionnels et la mobilisation de la population concernée.
Dès cette année, dix départements vont s'engager dans cette démarche et ce programme doit être généralisé d'ici à 2003. M. Bernard Kouchner tient à remercier l'ensemble des professionnels, médecins généralistes, pharmaciens, médecins spécialistes, qui se sont engagés à ses côtés dans cette action prioritaire de santé publique.
M. Jean-François Picheral. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. Picheral.
M. Jean-François Picheral. Je me félicite de la réponse de Mme le ministre et du calendrier qu'elle nous a annoncé. Alors que les mesures qui avaient été prises en l'an 2000 tardaient à se mettre en place, il semble qu'aujourd'hui tout cela se concrétise.
- page 4260
Page mise à jour le