Question de M. TRÉGOUËT René (Rhône - RPR) publiée le 02/08/2001
M. René Trégouët rappelle à l'attention de M. le ministre des affaires étrangères l'ultimatum lancé, fin juillet dernier par le gouvernement macédonien aux Occidentaux, affirmant " qu'ils seraient considérés comme des alliés rebelles albanophones s'ils ne déclaraient pas publiquement que ces derniers étaient à l'origine des récents affrontements ". Ce gouvernement s'en est pris notamment aux émissaires européens et américains, estimant qu'ils soutenaient les rebelles. Quelle réponse a-t-il donné au gouvernement macédonien ?
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Réponse du ministère : Affaires étrangères publiée le 04/10/2001
La crise en Macédoine qui s'est ouverte à la fin de l'an passé et qui s'est rapidement aggravée a entraîné des affrontements violents, une montée extrêmement forte des tensions inter-ethniques, au point de faire craindre la désintégration de ce pats indépendant depuis dix ans. Parallèlement, une inquiétude générale s'est répandue sur le risque d'une nouvelle conflagration dans les Balkans, aux effets désastreux à la fois pour les pays voisins de la Macédoine et pour l'Europe dans son ensemble. C'est ce qui a conduit la France à prendre, avec ses partenaires de l'Union européenne, des initiatives fortes et à plaider pour que l'UE joue un rôle de premier plan pour enrayer cette crise et rejeter les bases d'une stabilisation durable. C'est dans ce contexte que les plus hauts responsables macédoniens ont signé, le 13 août, un " accord-cadre " qui établit, de façon consensuelle, le cadre d'une profonde réforme de la Macédoine, non pas sous la forme d'un partage territorial selon des critères ethniques, mais sur la base des trois principes de décentralisation, de subsidiarité et de protection des minorités. Parallèlement, la France et l'UE ont condamné de la façon la plus ferme l'usage de la violence et la tentation de bâtir des solutions sur la force, et répété qu'il n'y avait aucune solution militaire à la crise que traversait la Macédoine, exigeant des uns et des autres qu'ils consentent à un cessez-le-feu général et sans limite. Le désarmement de la guérilla albanaise s'imposait, par conséquent, et celle-ci y a consenti à la condition de pouvoir remettre volontairement ses armes à l'OTAN. Tel est le sens de la mission Moisson essentielle que l'OTAN conduit en Macédoine, à la demande expresse du Président et du gouvernement macédoniens. Cette force de 3 500 hommes a pour misison la collecte passive des armes déposées volontairement par UCK-M, mission d'une durée de trente jours. Les deux processus - le règlement politique d'une part, le désarmement de l'UCK de l'autre - doivent se poursuivre en parallèle d'ici à la fin septembre. Le Parlement macédonien a voté le 6 septembre, à une large majorité, en faveur de la réforme constitutionnelle prévue par les accords d'Ohrid. La France et l'Europe, en concertation étroite avec les Etats-Unis, se sont engagées en faveur de l'intégrité de la Macédoine. L'enjeu est considérable pour la crédibilité tant de l'Union européenne que de l'Alliance atlantique comme acteurs de la paix sur le continent européen.
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