Question de Mme BEAUDEAU Marie-Claude (Val-d'Oise - CRC) publiée le 28/06/2001
Mme Marie-Claude Beaudeau attire l'attention de M. le ministre de l'éducation nationale sur le problème du renouvellement des cadres scientifiques fortement préoccupant dans notre pays et qui commence à connaître les carences dans certains secteurs scientifiques. Elle lui fait remarquer l'existence d'une forte diminution des flux d'entrée dans les premiers cycles universitaires scientifiques. Elle lui demande de lui confirmer que la baisse serait de 23 %. Elle lui demande également de lui confirmer que ce sont les sciences de la nature et de la vie et les sciences de structures de la matière qui connaissent les baisses plus notables. Cela représente plus de 46 000 étudiants, soit près de 20 % des effectifs entre 1995 et 1999. Elle lui demande de lui faire connaître son analyse sur les causes d'une telle situation, parmi lesquelles la non-intégration de la science dans la culture commune, l'absence de lisibilité du système universitaire et les conditions de vie et de travail des étudiants, la responsabilité de l'enseignement primaire et secondaire. Elle lui demande de lui faire connaître les mesures qu'il envisage en faveur de formations scientifiques innovantes et de qualité pour redonner l'envied'apprendre les sciences, de favoriser l'esprit scientifique, le constituer un réseau de structures d'aide aux projets des étudiants en sciences.
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Réponse du ministère : Éducation publiée le 20/09/2001
Sur les cinq dernières années, le recul du nombre d'inscrits dans les premiers cycles d'études des filières scientifiques universitaires s'élève à 4 % en moyenne annuelle. Au-delà de ce recul général, les évolutions sont assez contrastées entre les différentes mentions, au sein même de l'appareil de formation universitaire. La diminution progressive des effectifs concerne : les sciences de la matière et les mathématiques et informatique, qui regroupaient près de la moitié des effectifs en 1995. Leur représentativité diminue de 6 points parmi les filières scientifiques hors écoles d'ingénieurs. La chute des effectifs, très importante en physique (- 12,3 % en moyenne annuelle), touche également la chimie (- 5,8 %) et les mathématiques (- 2,5 %). Sur la période, ces formations comptent 35 000 étudiants en moins. L'évolution du nombre d'étudiants en " mathématiques appliquées et sciences sociales " (MASS), beaucoup plus modeste, affiche un profil irrégulier au cours des cinq dernières années. Les sciences de la vie et sciences de la Terre et de l'univers connaissent une baisse nette des effectifs depuis deux ans : - 3,2 % en 1998 et - 6,4 % en 1999. En revanche, les formations relevant de la discipline " sciences et technologie pour l'ingénieur " attirent de plus en plus d'étudiants et leur représentativité augmente sensiblement : de 17 % en 1995 à 22 % en 1999. Les augmentations les plus nettes concernent les sciences et technologie industrielle et l'informatique. Pour l'année 2000-2001, la baisse en sciences de la matière, mathématiques, informatique appliqués aux sciences (MIAS), sciences de la vie et sciences de la Terre et de l'univers observée ces dernières années se poursuit mais de façon ralentie. Le nombre d'étudiants inscrits en sciences de la matière et MIAS diminue de 1,7 % en premier cycle (3,1 % en 1999-2000 et 8,3 % en 1998-1999), tandis que les mentions sciences de la vie et sciences de la Terre perdent 3,1 % de leurs effectifs contre 10 % en 1999-2000. Ces filières ont cependant recruté un peu plus de nouveaux bacheliers que l'an dernier, ce qui s'explique en partie par l'excellent taux de réussite au baccalauréat scientifique session 2000. La baisse d'effectifs dans certaines filières scientifiques est un phénomène complexe qui peut être mieux approché en examinant à la fois les évolutions du vivier des candidats concernés et celles des formations concurrentes. La diminution des flux d'entrée en sciences provient, d'une part, de la baisse du nombre de bacheliers scientifiques et, ensuite, de leur moindre propension à s'orienter vers l'université. En effet, l'orientation des bacheliers scientifiques ne se fait plus en priorité vers les diplômes d'études universitaires générales (DEUG) scientifiques. Les classes préparatoires (CPGE), les filières courtes (sections de techniciens supérieurs, institut universitaire de technologie), les écoles d'ingénieurs et même quelques filières longues, telles que la médecine ou le droit, sont privilégiées par ces bacheliers dans leur choix d'orientation. Face à la baisse du flux des entrants et aux taux d'échec élevés dans les filières scientifiques, le ministère de l'éducation nationale a initié à titre expérimental dans six universités, Bordeaux-I, Grenoble-I, Lille-I, Littoral, Montpellier-II et Paris-XI, la rénovation de leurs DEUG scientifiques. Les campagnes d'habilitation 1999, 2000 et 2001 ont permis d'examiner les maquettes des DEUG scientifiques élaborées par les universités en phase contractuelle. L'expertise de ces maquettes a permis de constater que l'organisation des formations présentées a été le plus souvent rénovée dans une optique d'amélioration des méthodes d'enseignement et des pratiques pédagogiques et de diversification des moyens d'enseignement, prenant en compte l'hétérogénéité des étudiants. L'accent est porté sur le travail en " petit groupe " et sur le recours aux technologies multimédias. Le mouvement de rénovation des DEUG scientifiques engagé depuis deux ans a été amplifié, notamment dans le cadre de la politique contractuelle. De même, la mise en place dans chaque académie d'un schéma des formations post-baccalauréat doit contribuer à améliorer nettement l'orientation des étudiants dans les différentes formations qui leur sont offertes. Dans le cadre de la mise en oeuvre des schémas, le ministère de l'éducation nationale a fait du développement des DEUG scientifiques une priorité nationale que les académies doivent impérativement intégrer dans les axes de leurs schémas respectifs. En 2001, le ministère de l'éducation nationale a constitué plusieurs groupes de travail sur le sujet. Jack Lang a confié à M. Ourisson la mission de mener une réflexion et de faire des propositions sur les sciences et leur image dans le grand public et chez les jeunes. Par ailleurs, un groupe technique au sein de la direction de l'enseignement supérieur travaille sur les mesures à envisager pour rendre les DEUG du secteur sciences et technologies plus attractifs et plus performants. Plusieurs pistes de réflexion sont explorées : l'information et l'orientation comme éléments positifs dans l'image de l'université face aux futurs bacheliers ; l'amélioration de la liaison enseignement secondaire-enseignement supérieur ; la rénovation pédagogique des DEUG scientifiques et des aides concrètes à apporter aux universités dans leur démarche d'innovation. A travers ces différentes actions, il apparaît qu'une véritable prise de conscience s'opère sur la nécessité d'améliorer l'image et les résultats de la filière sciences à l'université.
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