Question de M. HAMEL Emmanuel (Rhône - RPR) publiée le 03/05/2001

M. Emmanuel Hamel attire l'attention de M. le ministre des affaires étrangères sur sa réponse à la question nº 27467 parue à la page 3561 du Bulletin quotidien, questions remises à la présidence du Sénat, réponses des ministres aux questions écrites, du 19 octobre 2000 au cours de laquelle il est indiqué qu'" il n'y a pas d'ambassade de France à Douchanbé (Tadjikistan)..., la présence économique française est à ce stade peu développée..., les banques françaises sont peu présentes..., les investissements français sont pratiquement nuls ". Il aimerait savoir si, au cours des prochaines années, le gouvernement français entend développer ses relations avec le Tadjikistan. Dans quelle mesure et sous quelle forme ?

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Réponse du ministère : Affaires étrangères publiée le 19/07/2001

L'état des relations entre la France et le Tadjikistan s'explique par l'histoire douloureuse et tourmentée qu'a connue ce pays depuis son accession à l'indépendance en 1992, au lendemain de l'implosion de l'URSS. Alors que la France avait reconnu le Tadjikistan dès le 16 janvier 1992 et noué des relations diplomatiques avec le nouvel Etat au mois de mars suivant, le déclenchement d'une guerre civile meurtrière, qui fera plus de 50 000 victimes, allait, en effet, durablement faire obstacle au développement des relations bilatérales. L'accord de paix et de réconciliation nationale signé à Moscou le 27 juin 1997, sous le coparrainage de la Russie et de l'Iran, a permis de mettre fin à la guerre civile et de mettre en place une formule originale de partage du pouvoir entre les deux camps en présence : la coalition dite néo-communiste, victorieuse sur le terrain, et l'opposition islamiste modérée, désormais associée au gouvernement. Cette période de transition a pris fin en juin 2000, après la tenue d'élections présidentielles et parlementaires qui ont marqué le retour à la normalité politique, même si la situation n'est pas encore totalement clarifiée, du fait de la persistance d'une insécurité chronique dans certaines régions. La France a été directement éprouvée par les suites du conflit tadjik. En effet, deux citoyens français, qui travaillaient avec une abnégation remarquable pour le compte d'une ONG dans le cadre d'un programme d'assistance aux enfants des rues, ont été victimes en octobre 1997 à Douchanbé d'une prise d'otages qui devait se terminer tragiquement pour Mlle Kareen Mane. A la suite de ce dramatique incident, l'Union européenne a suspendu l'application des programmes TACIS au Tadjikistan. Soucieux de rendre hommage à l'action de Mlle Mane et d'apporter son soutien à l'oeuvre remarquable dans laquelle elle s'était engagée, le ministère des affaires étrangères a octroyé en 1999 une subvention exceptionnelle de trois cents mille francs à l'Association AED-Kareen Mane. Les autorités tadjikes ont décidé d'apporter également leur contribution en mettant des locaux à disposition dans le cadre du programme d'assistance aux enfants des rues de Douchanbé mené par AED-Kareen Mane en coopération avec un partenaire local. Un arrangement administratif a été signé à cet effet entre les ministères des affaires étrangères le 21 octobre 1999. Par ailleurs, sur le plan multilatéral, la France a apporté une contribution active aux efforts engagés par les agences spécialisées des Nations-unies, ainsi que dans le cadre de l'Union européenne, principal bailleur de fonds du Tadjikistan avec 112 MEUR au cours des dernières années. L'assistance macro-financière européenne représente 28 MEUR. Le programme européen d'assistance humanitaire ECHO continue de jouer un rôle essentiel, notamment en ce qui concerne les domaines particulièrement sensibles que sont la démobilisation des militaires, l'assistance aux réfugiés et la lutte contre le trafic de drogue. Enfin, en octobre 2000, l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) a retenu la candidature de M. Marc Gilbert pour diriger la mission de cette organisation au Tadjikistan. Conscient de l'enjeu que représente le Tadjikistan pour la stabilité régionale en Asie centrale, en particulier dans le cadre du conflit afghan, le Gouvernement français s'est constamment attaché à renforcer ses relations bilatérales avec ce pays. C'est le message qu'a été chargé de transmettre l'ambassadeur de France à Moscou, qui est également accrédité au Tadjikistan, aux plus hautes autorités de Douchanbé. L'année en cours a donné lieu à une relance du dialogue bilatéral. En février 2001, M. Talbak Nazarov, ministre des affaires étrangères du Tadjikistan, a effectué une visite en France, marquant le souhait de son pays d'élever le niveau des relations bilatérales avec la France et de renforcer sa coopération avec l'Union européenne M. Babaev, conseiller économique du Président Rakhmonov, a effectué un déplacement en France en mars 2001, dans le cadre d'une tournée européenne. Ces deux personnalités ont été reçues au niveau approprié au ministère des affaires étrangères. A la suite de ces contacts, la France a invité ses partenaires de l'Union européenne à examiner s'il était possible d'envisager une reprise des programmes d'assistance technique de l'Union européenne et suggéré qu'un rapport soit demandé à l'ambassadeur d'Allemagne, seul pays de l'Union européenne à disposer d'une ambassade au Tadjikistan. Les conclusions de ce rapport ayant été positives, la Commission européenne a décidé de dépêcher une mission (en principe au mois de juin), pour étudier sur le terrain la possibilité de reprendre les programmes TACIS suspendus en 1997. Pour sa part, le ministère des affaires étrangères a donné instruction à son ambassadeur à Moscou d'identifier avec les autorités tadjikes les priorités de la coopération bilatérale, afin de définir dans les plus brefs délais les actions prioritaires qui pourraient être rapidement mises en oeuvre. Ainsi, une décision de principe, conforme aux intérêts de la France, a été prise en vue de renforcer les relations bilatérales avec le Tadjikistan. Il convient d'en préciser le contenu et d'en définir le niveau, en liaison avec les autorités tadjikes. Le ministère des affaires étrangères s'y emploie pour sa part avec détermination, convaincu qu'il est de l'intérêt de la France de hausser le niveau de ses relations avec le Tadjikistan et de nouer avec ce pays un dialogue politique aussi régulier que celui qu'elle entretient avec les pays voisins. Dans le domaine économique, le plan de réformes présenté par le Tadjikistan en avril 2001 et approuvé par la Banque mondiale devrait offrir des opportunités aux entreprises françaises, compte tenu de l'ampleur et de la diversité des besoins, à condition que l'aide financière internationale soit à la hauteur de ces besoins. Enfin, la présence culturelle et linguistique de la France devra être renforcée. Il s'agit là d'un effort de longue haleine, compte tenu des difficultés que continue de connaître le Tadjikistan.

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