Question de M. CHABROUX Gilbert (Rhône - SOC) publiée le 26/04/2001

M. Gilbert Chabroux attire l'attention de M. le ministre délégué à la santé sur le nombre impressionnant de nos concitoyens connaissant des difficultés plus ou moins graves avec la consommation d'alcool. Ainsi, selon les résultats de l'enquête effectuée par la Société d'alcoologie, nous pouvons estimer à cinq millions le nombre de personnes qui, sur le territoire national, présentent des difficultés avec l'alcool, alors que dans le même temps, plus de deux millions de nos concitoyens peuvent être qualifiés d'alcoolo-dépendants. Alors que les rapports récents et successifs dits " Roques " et " Parquet Reynaud " ont établi que l'alcool était une drogue dure, déclenchant des dépendances psychiques et psychologiques, il semble que notre société fasse montre d'une indifférence remarquable, au regard de ce qui constitue un fléau quotidien. Aussi, il lui demande quelles mesures énergiques pourrait prendre le Gouvernement, afin de lutter contre cette consommation à l'origine de bien des violences.

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Réponse du ministère : Santé publiée le 01/11/2001

Malgré une baisse de la consommation moyenne d'alcool depuis vingt-cinq ans, la consommation excessive - et pas seulement la dépendance à l'alcool - est un problème majeur de santé publique et de société en France. Elle est une des premières causes de mortalité directe ou indirecte de la population active et de morbidité (associée à 20 ou 40 % des hospitalisations selon les sources) et son rôle dans la délinquance, les violences familiales et les crimes est également si bien connu qu'il est banalisé. Les conséquences sanitaires et sociales de la consommation excessive d'alcool nécessitent que l'Etat ait une politique coordonnée et volontaire tant dans le domiane de la prévention que dans celui de la prise en charge, malgré les difficultés liées au déni social et aux conflits d'intérêt. Ce rappel d'une réalité, sur laquelle depuis plus d'un siècle de grands scientifiques et de nombreuses associations attirent régulièrement l'attention, souligne la nécessité de poursuivre et d'amplifier les actions, d'une part, vers la population générale par l'éducation pour la santé et, d'autre part, vers les personnes en difficulté avec l'alcool. Il s'agit donc pour le Gouvernement, d'une part, de permettre au plus grand nombre de maintenir leur consommation dans des limites compatibles avec le respect de leur santé, physique, psychologique et sociale, et d'autre part d'améliorer la réponse sanitaire pour prendre en charge les personnes en difficulté avec l'alcool. C'est pourquoi la stratégie alcool pour les années à venir 2002-2004 met un accent particulier sur ces objectifs. Compte tenu de la position de notre pays sur l'éhcelle des niveaux de consommation d'alcool en Europe, on peut considérer que la notion de consommation modérée est mal comprise par la moyenne des Français, qui situent ce niveau de " consommation modérée " nettement au-dessus des seuils préconisés par l'OMS : il est donc proposé de développer une communication large permettant de faire évoluer les représentations sociales vers des normes de consommation faibles. Par ailleurs, le Gouvernement s'est engagé à soutenir et à développer la prévention sous toutes ses formes et particulièrement le travail des comités départementaux de prévention de l'alcoolisme. Le financement des centres de cure ambulatoire en alcoologie par l'assurance maladie depuis le 1er janvier 1999 va dans le sens de l'amélioration et de l'intégration de ces prises en charge dans le droit commun. De plus, dans le cadre des actions de lutte contre les exclusions, il a été prévu dès 1999 la mise en place d'équipes mobiles d'alcoologie et des consultations pour prendre en charge les personnes en difficulté avec l'alcool dans leurs lieux d'hébergement notamment. En ce qui concerne les soins hospitaliers, des équipes de liaison en alcoologie puis en addictolologie ont été mises en place ou renforcées par la circulaire du 8 septembre 2000. Ces équipes apportent leur soutien aux personnels en difficulté. Enfin, il est prévu de renforcer la prise en charge en ville en proposant d'une part aux médecins des outils de repérage précoce et d'intervention auprès des personnes en difficulté avec l'alcool et d'autre part en les incitant à s'intégrer dans des réseaux de soins.

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