Question de M. HAMEL Emmanuel (Rhône - RPR) publiée le 15/03/2001
M. Emmanuel Hamel attire l'attention de M. le ministre de la recherche sur l'article paru à la page 11 du quotidien Le Figaro du 27 octobre 2000 sous le titre " Pourquoi les filles boudent les sciences ? " et dans lequel il est indiqué que son ministère entend favoriser la création d'entreprises technologiques innovantes par des femmes. Il lui serait reconnaissant de bien vouloir lui faire part des dispositions prises par son ministère pour assurer la réalisation de cette intention.
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Réponse du ministère : Recherche publiée le 21/06/2001
Le titre de l'article du quotidien Le Figaro du 27 octobre 2000, " Pourquoi les filles boudent les sciences " reprend de manière très vivante l'intitulé du colloque sciences et technologies, que le ministère de la recherche organisait la veuille sur ce thème. Mais l'article du Figaro illustre une véritable réalité sociologique. Visant à promouvoir la parité et à orienter davantage de jeunes filles vers la science et la technologie, le colloque reposait en effet sur le constat d'une insuffisante représentation des femmes dans la recherche et dans la création d'entreprises innovantes. Afin de pallier cette insuffisance, le ministère de la recherche s'est attaché avec constance à favoriser la promotion des femmes dans la vie économique et notamment dans la recherche et dans la création d'entreprises innovantes. Il convient avant tout de noter que la promotion des femmes dans la recherche et les entreprises innovantes s'inscrit dans un contexte culturel général. En premier lieu, les modèles culturels traditionnels demeurent très déterminants dans les choix de carrière des jeunes, qu'il s'agisse des carrières de la recherche ou des carrières d'ingénieurs. En second lieu, peu de femmes ont accès aux carrières académiques. Ainsi, une étude de l'Observatoire des sciences et des techniques (OST) sur le positionnement des femmes dans le domaine de la science et de la technologie confirme que, si les femmes sont aussi nombreuses que les hommes au début des études universitaires, leur proportion ne cesse de décroître au fil des étapes consacrant une carrière académique. Les femmes n'accèdent qu'à 7 % des postes universitaires (ou de leurs équivalents) dans six Etats membres européens. Deux causes majeures de la sous-représentation féminine ont été identifiées. D'une part le taux de féminité de la profession de chercheurs représente environ un tiers de la population de chercheurs et d'enseignants-chercheurs (l'étude porte sur 47 000 enseignants-chercheurs et 16 000 chercheurs titulaires des établissements publics à caractère scientifique et technologique). Par ailleurs, un biais est généralement constaté en faveur des hommes dans les procédures d'évaluation scientifique, comme en atteste une étude de référence menée par la Suède en 1997. Selon l'étude de l'OST en France, la proportion de femmes dans les commissions scientifiques et techniques des organismes de recherche est généralement bien inférieure à la proportion de femmes chercheurs. Les solutions au problème de la sous-représentation résident dans l'amélioration d'une part de la connaisance des situations des femmes, d'autre part de la participation des femmes dans la définition des enjeux scientifiques et des priorités de la recherche. A ce titre, la Commission européenne a fixé l'objectif d'un taux de féminité d'au moins 40 % dans les comités d'experts chargés de l'évaluation des projets dans le cadre du programme-cadre de recherche et de développement technique. La France est d'ailleurs partie au Groupe européen dit d'Helsinki chargé du dossier " Femmes et sciences ". S'inscrivant dans cette démarche, et à l'occasion du colloque " Femmes et science ", le ministre de la recherche avait annoncé cinq mesures pour améliorer la participation des femmes dans la science et la technologie, qu'il convient de rappeler et dont l'une concerne la création d'entreprises innovantes : amélioration de l'information et orientation vers des études supérieures scientifiques à l'école, au collège, au lycée ; attribution de davantage d'allocations de recherche aux jeunes filles ; recherche d'un meilleur équilibre des sexes dans les jurys de recrutement et de promotion de chercheurs ; encouragement de la création d'entreprises innovantes par des femmes ; relance de l'opération 1 000 classes - 1 000 chercheurs qui conduit les chercheurs à informer les classes d'enseignement secondaire sur la recherche. Cette orientation a été nettement marquée avec la nomination de femmes à la direction de grands organismes de recherche comme le CNRS et l'INRA. Le ministre a également confié à une femme qui dirige un grand groupe industriel la présidence d'un jury national du concours national de création d'entreprises innovantes pour sa session de 2001. Au-delà de cette mesure hautement symbolique, le ministre s'efforce en effet de favoriser la participation des femmes dans la création d'entreprises innovantes, notamment par le concours national de création d'entreprises innovantes, qui connaît sa troisième édition en 2001. Les résultats des deux premiers concours illustrent, malgré une évidente difficulté dans l'atteinte de la parité, les progrès récents qui sont issus de la politique nationale de l'innovation. C'est ainsi que 27 femmes ont été lauréates du concours 2000, alors qu'on n'en comptait que 23 lors du concours 1999. Parmi les prix spéciaux accordés aux lauréats en 2000, le premier prix spécial a été accordé à une femme, ingénieur géotechnique pour un projet de reconnaissances géotechniques en mer profonde. Les résultats du concours 2001 ne sont pas encore connus. Sur les deux premières éditions du concours, le pourcentage de projets lauréats portés par des femmes demeure inférieur à 10 %. Toutefois, si les femmes apparaissent encore peu à la tête des entreprises en création, elles sont en revanche nombreuses dans les équipes constituées par les porteurs de projets. En définitive, comme dans d'autres domaines, le progrès de la participation des femmes dans la création d'entreprises innovantes relève avant tout d'un changement culturel. Un plus grand nombre de jeunes filles doivent choisir les carrières de la recherche, de la science, de la technologie et se familiariser avec les réalités de l'entrepreneuriat. A plus court terme et pour intensifier cette évolution en profondeur, le ministre de la recherche entend favoriser la participation croissante des femmes dans les orientations de la politique nationale de recherche et d'innovation.
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