Question de M. COLLOMB Gérard (Rhône - SOC) publiée le 11/01/2001
M. Gérard Collomb interroge Mme le ministre de la culture et de la communication sur les modalités d'aide aux compagnies culturelles indépendantes. Les compagnies dramatiques indépendantes sont des structures de création qui emploient les intermittents de leur région surtout, dont l'essentiel du budget est consacré aux salaires artistiques, la part à l'administration étant réduite au strict minimum, donnant de nombreuses représentations annuelles, inventant de nouvelles formes de rapports avec le public et ayant une forte activité de formation et de rencontre des scolaires et du public. Dans la région Rhône-Alpes, elles se sont réunies afin de mettre en lumière des dysfonctionnements concernant l'aide que leur accorde le ministère de la culture ; suite à une restructuration des modalités en 1999, l'aide annuelle au fonctionnement a été supprimée et celle au projet a été remplacée par une aide à la production, non renouvelable d'une année sur l'autre, et attribuée selon des critères faisant place à la " fiabilité économique ". De plus, les budgets ne semblent pas répartis de manière à soutenir les compagnies les plus fragiles. Le nombre de compagnies aidées, en Rhône-Alpes, est passé de 59 en 1998 à 47 en 1999 et 2000 ; sur les 85 millions de francs de l'enveloppe destinée à la création théâtrale en Rhône-Alpes, 67 étaient consacrés aux institutions théâtrales, 15 à 21 compagnies conventionnées et 3 aux 25 compagnies conventionnées sur 200 dossiers déposés, entraînant un phénomène d'augmentation des gros et de rétrécissement des petits. Or, l'aide d'Etat est essentielle : elle constitue un fort levier à des financements complémentaires. La situation décrite est d'autant plus dommageable que, depuis 20 ans notamment, de nombreuses compagnies ont vu le jour en région, rééquilibrant un paysage trop centralisé auparavant. Les conséquences risquent d'apparaître en matière d'emploi également, avec moins d'intermittents du spectacles à terme. Aussi lui demande-t-il si les budgets de soutien aux compagnies théâtrales vont faire l'objet d'une augmentation plus significative et d'une répartition plus équitable (quand l'aide aux institutions augmente de 32 %, elle n'augmente que de 4 % pour les compagnies, arts de la piste et de la rue, auteurs et compositeurs), et si une consultation associant les compagnies, les représentants des collectivités territoriales, les directeurs des structures de diffusion et l'ensemble des acteurs culturels et représentants du public ne pourrait pas être envisagée.
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Réponse du ministère : Culture publiée le 15/03/2001
Réponse. - Les aménagements apportés en 1999 par l'Etat au dispositif d'aide en faveur des compagnies dramatiques professionnelles onté été mis en uvre pour faire évoluer un système, devenu au fil des années formaliste et hiérarchisé, qui ne répondait plus aux réalités de la création théâtrale. Il convenait en effet de redéfinir les modalités de soutien aux compagnies, d'en renforcer le niveau, afin de mieux accompagner l'évolution du travail de chacune d'entre elles, de telle sorte que puissent être concouragées les compagnies qui prennent de vrais risques de création. Ces objectifs, destinés à permettre le renforcement des compagnies jugées les plus actives et les plus intéressantes, ont déjà, en grande partie été atteints, dès la première des trois années de mise en uvre : ils se confirment en 2000. On constate en effet que les moyens nouveaux consacrés à cette procédure pour la seconde année consécutive (plus de 11 millions de francs par rapport à 1999) ont permis d'augmenter de 50 % le nombre des compagnies conventionnées (251 en 2000 contre 166 en 1998), de continuer à diminuer le nombre des compagnies soutenues au titre de l'aide annuelle, qui ne sont plus que 27 alors qu'elle étaient de 220 en 1998, et d'augmenter le nombre de compagnies aidées à la production (319 contre 232), ces dernières connaissant par ailleurs une accentuation du montant financier moyen reçu (98 300 francs en 2000 contre 62 600 francs en 1998). Cette tendance est d'ores et déjà repérable en région Rhône-Alpes où le concours financier direct de l'Etat aux compagnies dramatiques professionnelles a connu une hausse globale de 6,5 % en trois ans (1998, 1999, 2000). Près de vingt millions de francs ont été consacrés en 2000 à soutenir les activités de création et de diffusion de cinquante compagnies, ce qui correspond à une augmentation de plus d'un million et demi de francs par rapport à 1998. La direction régionale des affaires culturelles, qui s'attache avec un grand souci de transparence à entretenir une concertation régulière avec les compagnies dramatiques, a choisi de porter son effort, en application des orientations de la réforme, sur trois axes prioritaires : l'accroissement du nombre de compagnies conventionnées (25 compagnies dont 6 nouvelles pour les plus prometteuses, comme le " Théâtre de l'Incendie " de Laurent Fréchuret ou " Les Voisins du dessous " de Pascale Henry, ont bénéficié de cette mesure) ; le renouvellement des équipes bénéficiaires de l'aide à la production (sur les 23 compagnies retenues, 15 ne recevaient aucune aide en 1999) ; l'augmentation significative du montant moyen de l'aide à la production dramatique, qui est passée de 60 000 francs en 1998 à près de 150 000 francs en 2000 (très au-dessus de la moyenne située à 98 000 francs). En ce qui concerne le nouveau système de l'aide à la production dramatique, il entend donner aux compagnies les conditions les plus favorables pour la préparation de leurs créations en respectant leur rythme propre. Le soutien accordé selon un rythme biennal, préconisé par la réforme, permet d'accompagner le risque artistique en corrigeant un effet pervers parfois majeur observé depuis plusieurs années : ne déterminer le montant du subventionnement qu'en fonction de la création de l'année antérieure, ce qui avait fini par pousser les équipes à proposer une succession de créations insuffisamment abouties. Dorénavant, une production peut s'inscrire dans la durée. Il demeure toutefois possible, compte tenu de l'avancement d'un projet, de répartir sur deux ans l'aide de l'Etat à une même compagnie pour l'entière réalisation d'un seul projet. Enfin, il convient de rappeler qu'il est envisageable d'aider, à titre exceptionnel (la réforme l'autorise), la même compagnie sur deux projets différents et successifs deux années de suite.
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