Question de M. SIGNÉ René-Pierre (Nièvre - SOC) publiée le 14/12/2000
M. René-Pierre Signé souhaite attirer l'attention de M. le secrétaire d'Etat aux petites et moyennes entreprises, au commerce, à l'artisanat et à la consommation sur les difficultés que rencontrent les artisans bouchers-charcutiers en raison de la psychose créée par les récentes informations diffusées à propos de l'épidémie d'encéphalopathie spongiforme bovine. Les professionnels de la boucherie-charcuterie exercent, de façon générale, leur métier de façon irréprochable. Ils sont, au contact de leurs clients, les derniers maillons d'une véritable chaîne de qualité. Après avoir subi une baisse de consommation particulièrement importante, les bouchers-charcutiers sont inquiets des nombreuses incertitudes qui subsistent quant à l'information véritable des consommateurs. Le plan présenté par le Premier ministre, le 14 novembre 2000, contenait certes une disposition visant à restaurer la confiance, au travers d'un numéro vert et d'un guide qui a été depuis diffusé par l'OFIVAL (Office national interprofessionnel des viandes, de l'élevage et de l'aviculture). Mais si la consommation doit reprendre peu à peu, ce que les analystes du marché appellent " l'indice de confiance " des Français envers la viande bovine demeure très faible, inférieur à 30 % pour être précis. Une information est nécessaire ; une information précise et complète, sous peine d'entretenir la psychose et de commettre des erreurs. Par ailleurs, des décisions prises par certains élus, et relatives au retrait de la viande des cantines scolaires, laissent à penser que le muscle de bovin peut être un produit à risque. C'est pourtant scientifiquement faux. Est-il normal de laisser à des non-spécialistes l'appréciation d'un tel risque, quand les pouvoirs publics eux-mêmes s'en remettent à des spécialistes ? Il lui demande donc si de nouvelles mesures de protection de la profession d'artisan boucher-charcutier sont envisagées. Ces mesures sont assurément nécessaires et indispensables.
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Réponse du ministère : Petites et moyennes entreprises publiée le 07/02/2001
Réponse apportée en séance publique le 06/02/2001
M. René-Pierre Signé. Monsieur le secrétaire d'Etat, j'aurais souhaité que ma question,
formulée voilà quelques semaines, devienne obsolète, mais elle est hélas ! toujours d'actualité.
Je souhaite donc attirer votre attention sur les difficultés que rencontrent les artisans bouchers
et charcutiers en raison de la psychose créée par les informations diffusées à propos de
l'épidémie d'encéphalite spongiforme bovine.
M. le président. Il faudrait aussi évoquer la lâcheté de certains élus locaux, qui ont cédé à la
pression médiatique !
M. René-Pierre Signé. Monsieur le président, vous devancez mon propos, car je comptais
aborder ultérieurement cette question. Bien que nous ne partagions pas toujours les mêmes
opinions, nous nous retrouvons sur ce point.
Les professionnels de la boucherie-charcuterie exercent, de façon générale, leur métier de
façon irréprochable. Ils sont, au contact de leurs clients, les derniers maillons d'une véritable
chaîne de qualité.
Après avoir subi une baisse de consommation particulièrement importante, les
bouchers-charcutiers sont inquiets des nombreuses incertitudes qui subsistent quant à
l'information véritable des consommateurs. Le plan présenté par le Premier ministre, le 14
novembre dernier, contenait certes une disposition visant à restaurer la confiance, au travers
d'un numéro vert et d'un guide qui a été depuis diffusé par l'OFIVAL, l'Office national
interprofessionnel des viandes, de l'élevage et de l'aviculture.
Mais si la consommation doit reprendre peu à peu - et elle ne reprendra vraiment que si la
confiance est totalement restaurée - ce que les analystes du marché appellent « l'indice de
confiance » des Français envers la viande bovine demeure quand même très faible, inférieur à
30 % pour être précis.
Une information complète est nécessaire, sous peine d'entrenir la psychose et de commettre
des erreurs.
Par ailleurs, les décisions prises par certains élus quant au retrait de la viande des cantines
scolaires laissent à penser que le muscle de bovin peut être un produit à risques, ce qui est
pourtant scientifiquement faux. Je vous demande, monsieur le secrétaire d'Etat, si de nouvelles
mesures de protection de la profession de boucher-charcutier sont envisagées. Ces mesures
sont assurément nécessaires et indispensables.
M. le président. La parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. François Patriat, secrétaire d'Etat aux petites et moyennes entreprises, au commerce, à
l'artisanat et à la consommation. Monsieur le sénateur, vous avez rappelé, à juste titre, que la
crise de l'ESB touche l'ensemble de la filière bovine. Au-delà de la sécurité sanitaire et des
drames humains qu'elle a engendrés, se pose un vrai problème économique que vous
connaissez parfaitement étant l'élu d'une région de production et d'élevage de viande de qualité.
Je le sais moi aussi, d'autant mieux que, samedi, j'étais dans un département proche du vôtre,
en Saône-et-Loire, où j'ai rencontré les acteurs de la filière, les producteurs et les éleveurs,
certes, mais aussi les transformateurs, les responsables de cantines scolaires et des
consommateurs.
Vous avez rappelé le plan lancé le 14 novembre dernier, dans lequel le Premier ministre a
souhaité agir sur tous les aspects du problème.
Le premier axe d'action visait à enrayer toute forme de contamination possible avec le plan «
farines » que vous connaissez bien.
Le deuxième axe consistait à mettre en place des tests généralisés à la suite de décisions
européennes.
Le troisième axe était de provoquer une réunion d'information. Pour sauver cette filière, il faut,
d'abord et avant tout, rétablir la confiance. A cette fin, il faut retirer du marché l'ensemble des
animaux contaminés et rassurer les consommateurs.
La France, vous le savez, a été le premier pays à appliquer les décisions européennes. Malgré
les critiques sur la mise en place des tests, nous sommes aujourd'hui le pays le plus
opérationnel dans ce domaine. Avec plus de trente laboratoires agréés, nous effectuons plus de
30 000 tests par semaine, presque 40 000 même.
Je tiens à préciser que les tests systématiques qui ont été pratiqués sur les races à viande
élevées de manière traditionnelle n'ont révélé à ce jour aucun cas d'ESB. C'est le cas des
Charolais du Morvan et des élevages du Limousin.
Par ailleurs, monsieur le sénateur, avec M. le ministre de l'éducation nationale et avec Mme le
secrétaire d'Etat à la santé, dès le début de la crise, nous avons rencontré les parents d'élèves,
les gestionnaires de cantines, les intendants et les chefs d'établissements. Il s'agissait de
répondre à la préoccupation qu'évoquait à l'instant M. le président : il ne faut pas céder à la
psychose et à l'irrationnel ; il ne faut décourager personne en prenant des mesures tout à fait
injustifiées.
Nous avons donc établi un vade-mecum à l'usage de l'ensemble de la population et des
responsables afin que la confiance soit retrouvée et que dans l'ensemble du secteur de la
restauration collective, qu'elle soit scolaire ou hospitalière, on puisse reconsommer du boeuf.
De plus, conjointement avec M. Jean Glavany, nous avons voulu restaurer la confiance du
consommateur pour la viande vendue en boucherie. Puisque les consommateurs estiment que
l'étiquetage européen n'est pas suffisant, nous avons fait en sorte que, désormais, les
étiquettes mentionnent également le pays de naissance de l'animal et sa race.
Les problèmes se posent avec la même acuité dans les grandes surfaces que chez les
bouchers, qui ont toutefois mieux résisté dans un premier temps grâce à leur proximité et à leur
effort de communication.
Enfin, monsieur le sénateur, je vous indique, que au-delà de la prise en compte du coût du test,
nous avons pris récemment un arrêté permettant aux tripiers et aux transformateurs de
bénéficier de prêts bonifiés à 1,5 %.
J'espère que, grâce à ces mesures, la confiance sera restaurée rapidement et que nous
pourrons retrouver des prix plus conformes à la réalité.
M. René-Pierre Signé. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. Signé.
M. René-Pierre Signé. Monsieur le secrétaire d'Etat, je partage d'autant mieux votre analyse
que nous sommes de la même région. Il n'en demeure pas moins que le problème reste tout de
même d'importance et que les artisans bouchers voient toujours leurs produits plus ou moins
boudés par les consommateurs.
Même si le travail gouvernemental, auquel vous contribuez fortement, monsieur le secrétaire
d'Etat, retire un peu d'actualité à ma question, celle-ci garde malgré tout de sa pertinence : les
artisans bouchers souffrent d'abord financièrement, c'est évident, mais aussi
psychologiquement, du fait de leur attachement à leur métier.
Il faut renforcer la traçabilité, afin qu'elle soit faite de la naissance de l'animal jusque dans
l'assiette du consommateur. Certes, et je me réjouis de voir l'état d'esprit dans lequel le
Gouvernement aborde cette crise grave.
Mais on sous-entend honteusement que le soutien aux professionnels de la viande, aux
bouchers et aux charcutiers en particulier, serait le signe d'un manque de précaution. Cette
idée fait son chemin, comme si faire jouer la solidarité nationale en faveur des secteurs les plus
touchés risquait de développer encore plus l'épidémie.
Il faut que les Français comprennent que des mesures de soutien aux artisans
bouchers-charcutiers sont complémentaires des mesures de sécurité sanitaire : soutenir des
professionnels conscients des risques et consciencieux dans leur métier est, en fait, un
excellent moyen de sécuriser la chaîne alimentaire.
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