Question de M. BRANGER Jean-Guy (Charente-Maritime - UC) publiée le 02/11/2000
M. Jean-Guy Branger attire l'attention de Mme le secrétaire d'Etat à la santé et aux handicapés sur la situation dramatique actuelle et à venir du secteur de la gynécologie libérale. En effet, le souhait du CNESER (conseil national de l'enseignement supérieur et de la recherche), comme celui de la profession, de voir se développer deux diplômes distincts et autonomes en gynécologie médicale et en obstétrique-chirurgie gynécologique n'a pas été retenu. Il n'y a toujours qu'un diplôme commun, avec option de gynécologie médicale. Or, on constate un cruel déficit de médecins gynécologues, qui ne pourra se combler sans véritable incitation à ce choix professionnel. D'autre part, la nécessaire maîtrise des dépenses de santé ne doit pas aller à l'encontre des besoins fondamentaux des femmes en matière de santé. Il faut souligner le lien de confiance et l'intimité qui sont le fondement indispensable d'une médecine gynécologique de qualité dans nos pays latins. La généralisation du système du médecin référent, destinée entre autres à mettre fin au " nomadisme médical ", aura inévitablement pour effet de mettre fin au libre choix du médecin par les patientes. Il faut encore noter que la prise en charge des examens qui seront dits " hors normes " ne sera progressivement plus effectuée. Il y a lieu de s'inquiéter en constatant que la norme, rendue opposable aux assurés est, par exemple, pour le dépistage des cancers : un frottis tous les 3 ans à partir de 25 ans et un mammotest (et non une mammographie) tous les 3 ans à partir de 50 ans. Toute prescription intervenant en dehors de cette norme devra être motivée et approuvée par le conseil médical des caisses pour être remboursée. Qu'adviendra-t-il de la détection des infections à chlamydiae par exemple, qui peuvent entraîner stérilité complète, de la détection des grossesses extra-utérines, des cancers du sein avant 50 ans, alors que seuls 10 % des médecins généralistes se déclarent prêts à suivre une formation complémentaire en gynécologie médicale ? Ces questions de santé publique, très graves, touchant à la vie même de nos concitoyens, demandent un examen en conscience et un traitement rapide. C'est pourquoi il demande au Gouvernement de bien vouloir lui indiquer quelles mesures il entend mettre en oeuvre pour répondre aux attentes des patientes et de leurs médecins, afin que la santé des femmes de notre pays ne soit pas sacrifiée sur l'autel de la maîtrise des dépenses de santé.
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Réponse du ministère : Santé publiée le 28/12/2000
Réponse. - Tout d'abord, la secrétaire d'Etat à la santé et aux handicapés tient à réaffirmer son attachement, ainsi que celui de l'ensemble du Gouvernement, non seulement au maintien de la gynécologie médicale, mais à son confortement compte tenu de l'importance de cette spécialité dans la prise en compte des besoins de santé des femmes. Un nouveau diplôme de gynécologie obstétrique et gynécologie médicale est accessible aux étudiants depuis cette rentrée 2000. Le contenu en est paru au Journal officiel le 17 août dernier. Ce DES comprend trois années de tronc commun suivies de deux années de formation optionnelle soit à la gynécologie médicale, soit à la gynécologie obstétrique. Les maquettes de formation pratique et théorique de ce diplôme ont été élaborées par un comité de suivi comprenant des représentants de tous les partenaires concernés (professionnels, comité de défense santé des femmes, ministère de la santé, ministère de l'éducation nationale). La formation théorique comprend dorénavant des enseignements communs, dont des modules de formation classique à la gynécologie (grossesse normale et pathologique, accouchement normal et pathologique, médecine de la reproduction, orthogénie, etc.) ainsi que des modules plus nouveaux comme éthique, droit et responsabilité médicale en gynécologie ou économie de la santé. Elle comprend aussi des enseignements spécifiques comme par exemple, pour l'option gynécologie obstétrique : accouchement pathologique et techniques obstétricales ou chirurgie gynécologie et mammaire ; ou pour l'option gynécologie médicale : biochimie et physiologie hormonale ou oncologie médicale. Pour ce qui est de la formation pratique, les internes choissant l'option gynécologie médicale n'ont plus que deux semestres obligatoires à effectuer en obstétrique ou chirurgie. Parmi les huit autres semestres de stages pratiques qu'ils ont à valider, trois sont à choix libre : l'étudiant peut choisir de les valider dans un service exerçant une toute autre spécialité. Pour les internes de l'option gynécologie obstétrique, deux semestres sont à choix entièrement libre et deux sont à valider dans des services agréés pour des disciplines chirurgicales proches : chirurgie générale, viscérale ou urologique. Cette réforme mise en uvre fait sans conteste de la gynécologie médicale une spécialité d'exercice à part entière, exactement au même titre que la gynécologie obstétrique. Simplement, compte tenu de la grande imbrication et complémentarité des aspects médicaux et chirurgicaux de cette discipline, il est apparu nécessaire que tous, gynécologues médicaux et gynécologues obstétriciens, puissent réellement en appréhender tous les aspects. C'est pourquoi, après plusieurs mois de consultation interne, il a été décidé de maintenir ces deux options de formation à l'intérieur d'un DES unique médico-chirurgical qui porte les deux options au même niveau de reconnaissance hospitalo-U. En cela, ce nouveau DES de gynécologie obstétrique médical est une réelle innovation qui servira de modèle dans les années qui viennent à l'élaboration d'autres cursus de formation dans les disciplines dont les aspects médicaux et chirurgicaux sont maintenant intimement mêlés. En ce qui concerne le nombre d'internes recherchés attendus en option médicale, il sera de quarante-cinq dès la rentrée 2000. Il atteindra cinquante-cinq en 2001 et soixante-dix en 2002. Il sera donc d'un tiers des effectifs globaux réservés pour la gynécologie obstétrique. Ultérieurement, si l'effectif global des spécialistes continue à augmenter, celui des gynécologues médicaux fera de même. Une circulaire précisera aux préfets, année après année, le nombre de postes d'internes à affecter par région à chacune des deux options. S'agissant de l'enseignement, il sera assuré par des spécialistes de chacune des spécialités abordées, et notamment par des gynécologues médicaux. Des postes de chefs de clinique et d'agrégés seront affectés pour ce faire à la gynécologie médicale, en proportion du nouveau quota d'internes. Enfin, pour ce qui est du libre accès au gynécologue, la secrétaire d'Etat à la santé et aux handicapés tient à revenir sur cette question afin de la clarifier. Le mécanisme du médécin référent est une option offerte pour garantir un meilleur suivi à l'usager. Il ne s'impose à aucune(e) assuré(e). Avant de s'y engager, une femme peut faire valoir auprès de son futur médecin référent sa volonté de continuer à consulter régulièrement et librement son gynécologue médical. D'autre part, si une assurée a choisi de s'engager dans le dispositif du médecin référent, elle peut a tout moment aller consulter directement un gynécologue médical comme tout autre spécialiste de son choix, sans en aviser préalablement son médecin référent. Dans ce cas, elle sera remboursée dans les condition de droit commun par la sécurité sociale, mais ne pourra pas exiger de bénéficier du tiers payant. Si le médecin référent était en désaccord avec la patiente sur cette initiative, il pourrait demander à ce que soit mis fin à l'option " médecin référent ". Mais, de son côté, l'assurée peut, elle aussi, demander à tout moment à sa caisse de changer de médecin référent. C'est sa liberté et en France cette liberté n'est pas menacée.
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