Question de M. DEMERLIAT Jean-Pierre (Haute-Vienne - SOC) publiée le 24/11/2000
M. Jean-Pierre Demerliat attire l'attention de M. le ministre de l'équipement, des transports et du logement sur la ligne de chemin de fer reliant Bordeaux à Lyon et passant par Limoges. En effet, cette ligne est caractérisée par une grande vétusté : le trajet est fort long, du fait notamment des nombreux rebroussements qui font perdre chacun 20 minutes, le matériel roulant est obsolète, bruyant et peu confortable. Au total, les usagers ont un sentiment d'abandon de cette ligne. Il souhaite savoir quels aménagements le Gouvernement envisage d'entreprendre sur cette ligne afin de la moderniser et quelles sont les différentes pistes de réhabilitation de la ligne qui sont envisagées. De plus, il aimerait connaître la position du Gouvernement sur un éventuel tracé qui éviterait Limoges, ce qui nuirait à sa position de capitale régionale.
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Réponse du ministère : Équipement publiée le 17/01/2001
Réponse apportée en séance publique le 16/01/2001
M. Jean-Pierre Demerliat. Je voudrais, monsieur le ministre, attirer votre attention sur la
desserte ferroviaire Bordeaux-Lyon. La fréquentation de cette ligne est en diminution
constante, et cela est bien compréhensible : le trajet dure trop longtemps et les arrêts sont
trop nombreux : un tous les 30 kilomètres environ. Il faut entre sept heures et demie et neuf
heures pour parcourir, dans de très mauvaises conditions de confort, les 639 kilomètres qui
séparent Bordeaux de Lyon. Il serait plus avantageux pour les voyageurs pressés de passer
par Paris.
Depuis Limoges, il faut souvent trois heures pour rallier Bordeaux et près de quatre heures
pour rejoindre Clermont-Ferrand. Le parcours ne comporte pas moins de quatre
rebroussements - Périgueux en Dordogne, Saint-Sulpice-Laurière en Haute-Vienne, Gannat et
Saint-Germain-des-Fossés dans l'Allier - qui font perdre chacun vingt minutes. La vitesse
commerciale est ainsi ramenée à 86 kilomètres à l'heure. La vitesse de pointe, quant à elle,
plafonne à 100 kilomètres à l'heure et sur seulement 20 % du trajet. Le matériel est obsolète ;
d'ailleurs, une des motrices utilisées aujourd'hui est déjà exposée au musée du chemin de fer
de Mulhouse ! (Sourires.)
Cette situation est d'autant plus préoccupante que l'autoroute Bordeaux - Clermont-Ferrand
ne sera pas mise en service avant 2015 et que les liaisons aériennes sont insuffisantes et
surtout très onéreuses. La majorité des voyageurs ne peut donc emprunter d'autres moyens
de transport que le train.
La situation est grave, car cette ligne est un facteur de cohésion territoriale fondamental pour
l'avenir des régions concernées et surtout du Limousin. Cette liaison ferroviaire est vitale pour
Guéret et très importante pour Limoges, qui est le socle d'une offre de transport connectée
aux radiales.
Limoges est une étoile ferroviaire importante où les correspondances sont nombreuses, et le
site de sa gare est aujourd'hui un modèle d'intermodalité avec la mise en service du centre
intermodal d'échanges de Limoges.
Monsieur le ministre, voilà où nous en sommes aujourd'hui. Que faudrait-il faire pour rendre
cette ligne attractive, compétitive, en un mot utile ?
Tout d'abord, il faudrait supprimer les rebroussements ; ensuite, il serait nécessaire de
favoriser les liaisons ville à ville qui correspondent aux données socio-économiques et aux
souhaits de la clientèle. En outre, bien évidemment, il est important que les usagers
bénéficient de bien meilleures conditions de confort : beaucoup d'entre eux souhaiteraient
pouvoir mettre à profit la durée de leur trajet pour travailler ; or, il leur est impossible d'écrire et
même de lire dans les conditions actuelles.
Enfin, monsieur le ministre, je souhaiterais que vous me rassuriez quant au projet de
modification du tracé que l'on prête à vos services. La ligne Bordeaux-Lyon doit continuer à
passer par Limoges, y compris et surtout pour le fret, car la gare de triage du Puy Imbert, à
Limoges, est la mieux outillée pour gérer ce genre de trafic.
Monsieur le ministre, les usagers mais aussi les responsables socio-économiques, les élus
du Limousin sont inquiets, et j'attends bien évidemment de vous que vous apaisiez leurs
craintes.
M. René-Pierre Signé. Très bien !
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Jean-Claude Gayssot, ministre de l'équipement, des transports et du logement.
Monsieur le sénateur, le Gouvernement impulse depuis le mois de juin 1997 - et nous allons
encore renforcer cette volonté en favorisant le ferroutage - une politique des transports qui
consiste, en quelque sorte, à rééquilibrer la place des différents modes de transport en
privilégiant à la fois le transport collectif, pour les voyageurs, mais aussi le transport par rail et
par voie d'eau, pour les marchandises, et ce afin de faire jouer la complémentarité, d'utiliser
au mieux les atouts de chaque mode de transport, notamment du point de vue économique,
de l'environnement et aussi, pour une part, de l'aménagement du territoire.
En matière ferroviaire, l'extension du réseau à grande vitesse ne se fait plus au détriment de
l'entretien, de la régénération des lignes classiques ou de l'emploi à la SNCF. C'est là une
nouveauté qui marque les choix du gouvernement actuel. Les résultats obtenus désormais
sont très encourageants, puisque la SNCF regagne progressivement le terrain perdu en
matière de transport de voyageurs et de fret, et même de résultats financiers et d'emplois.
Par ces caractéristiques et les bassins d'activité qu'elle relie et irrigue, la ligne reliant
Bordeaux à Lyon par Limoges, Montluçon et Roanne présente effectivement un potentiel tout
à fait intéressant, qu'il convient à mon avis de valoriser.
Je vous rappelle d'ailleurs à cet égard qu'en 1998, à Limoges, j'avais annoncé la participation
de l'Etat au financement d'une étude sur l'amélioration de la desserte de cet axe et de l'axe
Sud passant par Brives et Clermont-Ferrand.
Confiée à un cabinet privé, cette étude, sous maîtrise d'ouvrage du conseil régional du
Limousin, est en cours de réalisation. Elle s'appuie sur une approche segmentée, avec le
triple objectif d'améliorer la qualité de service de la liaison de bout en bout - vous avez
souligné que le besoin est réel, et je suis de votre avis -, de mieux satisfaire la demande «
moyenne distance » et de mieux coordonner la desserte par rapport aux services régionaux
de voyageurs.
D'ores et déjà, les contrats de plan signés par l'Etat et les régions Auvergne et Rhônes-Alpes,
région également impliquée dans cette opération, prévoient la résorption du rebroussement de
Saint-Germain-des-Fossés, qui devrait coûter environ 70 millions de francs pour un gain de
temps de vingt minutes. Si mes informations sont exactes, la résorption du rebroussement de
Saint-Sulpice-Laurière, qui, elle, n'a pas été inscrite au contrat de plan Etat-région Limousin,
coûterait 20 millions de francs pour le même gain de temps. Et si, comme vous avez eu
raison de le souligner, on supprimait les quatre rebroussements, c'est près d'une heure et
demie qui serait ainsi gagnée. C'est substantiel !
De son côté, la SNCF étudie différentes solutions techniques pour le matériel. Elle fera des
propositions en fonction des conclusions de l'étude que j'ai évoquée.
Actuellement, dans sa phase finale, cette étude vise à élaborer des scénarios, une fois toutes
les potentialités de trafic analysées, le recensement des besoins de déplacement et les
coûts d'exploitation des services établis, l'état de l'infrastructure et du matériel identifié.
L'Etat, la SNCF, RFF et les régions concernées devront ensuite examiner ensemble ces
scénarios et décider des mesures à prendre pour rétablir un niveau de service adapté aux
besoins et aux différents impératifs de chacun des partenaires, mais aussi propice au
développement de l'activité ferroviaire, dans l'intérêt même et du trafic de voyageurs et du
transport de marchandises.
M. Jean-Pierre Demerliat. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. Demerliat.
M. Jean-Pierre Demerliat. Monsieur le ministre, je vous remercie des précisions que vous
avez bien voulu m'apporter.
Le Gouvernement a raison de privilégier le transport collectif par rapport au transport
individuel, et notamment le rail, moyen de transport confortable, rapide et en tout état de
cause adapté au mode de vie actuel des Français.
Si, dans un temps rapproché, on pouvait proposer aux voyageurs une offre correspondant à
leur demande, à leurs besoins, à ce qu'ils sont en droit d'attendre à l'aube de ce xxie siècle,
nul doute - toutes les études le démontrent - que la fréquentation pourrait très vite doubler.
De même, s'agissant du fret, une adéquation de l'offre à la demande inciterait ceux qui ont
des marchandises à faire transiter à travers le Massif central à utiliser beaucoup plus la voie
ferrée, en particulier le ferroutage, au détriment du transport par route, générateur d'accidents
et qui coûte fort cher à la collectivité.
Monsieur le ministre, les habitants de l'ouest du Massif central, en particulier du Limousin,
puisque je crois savoir que c'est surtout à l'est du Massif central que l'on va apporter les
premières améliorations, comptent sur vous et comptent sur le Gouvernement.
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