Question de M. MOREIGNE Michel (Creuse - SOC) publiée le 21/09/2000
M. Michel Moreigne attire l'attention de Mme le secrétaire d'Etat à la santé et aux handicapés sur la recrudescence des infections rubéoleuses chez les femmes enceintes. La rubéole a des conséquences particulièrement graves lorsqu'elle survient au cours de l'embryogenèse. Elle provoque chez l'enfant des malformations cardiaques, neurologiques, auditives et oculaires isolées ou souvent diversement associées. A l'aube du XXIe siècle, l'augmentation des risques de contamination des femmes enceintes par la rubéole, et donc d'infection f tale, est d'autant plus inacceptable que notre pays dispose de tous les moyens de prévention et de lutte contre les fléaux infectieux " classiques ". Il lui demande les mesures que la puissance publique compte mettre en oeuvre face à cette situation.
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Réponse du ministère : Santé publiée le 28/12/2000
Réponse. - La rubéole est une infection virale commune de l'enfance, inapparente dans un cas sur deux, et dont les complications sont rares et la mortalité quasi nulle ; toute la gravité de la rubéole tient à la possibilité d'une contamination du f tus par une femme infectée durant sa grossesse : la rubéole congénitale est à l'origine de graves malformations de l'enfant. En cas d'infection rubéoleuse de la mère, le risque d'infection de l'embryon est maximal (90 %) durant les dix premières semaines de grossesse et décroît jusque la 16e semaine, terme à partir duquel l'atteinte f tale est exceptionnelle. La politique vaccinale mise en uvre pour diminuer l'incidence de cette pathologie chez la femme enceinte a évolué et est passée de la seule recommandation faite aux pré-adolescentes et femmes en âge de procréer en 1976 à la vaccination généralisée des nourrissons en 1985, puis à l'introduction, en 1996, d'une deuxième dose chez l'enfant entre trois et six ans. L'évaluation de l'impact de cette politique vaccinale est effectuées par le réseau RENARUB, coordonné par l'Institut de veille sanitaire, qui recense depuis 1976 les infections rubéoleuses contractées pendant la grossesse et les rubéoles par an (incidence) chez la femme enceinte est passé de 28,2 cas pour 100 000 naissances en moyenne entre 1976 et 1984, à environ 4 pour 100 000 naissances à partir de 1992. Cette division par 7, en seize ans, du taux d'incidence de la rubéole chez les femmes enceintes s'est accompagnée d'une chute du nombre de RCM : en 1998, sur les 27 femmes ayant présenté une infection rubéoleuse, 4 cas de RCM ont été notifiés (dont 1 interruption de grossesse). Cependant, à trois reprises (en 1993, en 1994 et en 1997), le réseau RENAURUB a mis en évidence une recrudescence de l'incidence des infections rubéoleuses chez la femmes enceinte (10 pour 100 000 naissances environ) avec en 1997, 8 RCM recensées. L'analyse des données fournies par ce réseau et par les études de couverture vaccinale indique que l'instabilité de la situation épidémiologique de ces dernières années n'est pas due à la teneur des recommandations vaccinales, mais à l'insuffisance de leur mise en uvre : moins de 85 % des enfants de deux ans et moins de 90 % des enfants de six ans étaient vaccinés en 1998 ; cette insuffisance de la couverture vaccinale permet la survenue d'épidémie périodique, et les jeunes femmes actuellement en âge de procréer ont pu ne pas bénéficier de la vaccination telle qu'elle a été recommandée entre 1976 et 1985. La France a souscrit à l'objectif de l'OMS d'élimination de la rubéole congénitale et les efforts de promotion de cette vaccination associée aux vaccinations contre la rougeole et les oreillons (vaccin ROR) sont réguliers depuis 1989 à travers la réalisation de compagnes nationales. Plus récemment, en 1997, un dispositif national de communication à trois ans sur les vaccinations en général et notamment sur le ROR, a été mis en place par le Comité français d'éducation pour la santé (CFES) ; il comprend un volet d'information grand public, un volet de promotion locale sur des sites pilotes, un volet d'information en direction des médecins. Par ailleurs, le vaccin ROR est remboursé à 100 % depuis septembre 1999. Enfin, la dernière campagne nationale de vaccination rougeole, oreillons, rubéole a été lancée le 14 septembre 2000 ; cette campagne comprend plusieurs actions : réalisation d'une campagne télévisée à partir d'octobre 2000, d'une campagne presse dans les magazines féminins, familiaux et de santé, réalisation d'une affichette, d'une brochure grand public et d'une lettre destinée aux professionnels de santé ; des documents supports d'éducation pour la santé, sur l'ensemble des vaccins et la politique vaccinale, sont aussi mis à disposition des professionnels.
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