Question de M. VIDAL Marcel (Hérault - SOC) publiée le 21/09/2000

M. Marcel Vidal demande à M. le ministre des affaires étrangères quelle suite il a souhaité donner à l'appel lancé par l'Egypte aux archéologues pour qu'ils déplacent les fouilles menées dans le désert, vers le delta du Nil. Les trésors cachés sont menacés notamment par la montée des eaux et l'expansion urbaine. " Les fouilles dans le delta sont urgentes " expliquait à la presse Zahi Hawass, conservateur des pyramides de Guizèh. En général, les équipes françaises ont concentré leurs travaux sur les pyramides de Toutankhamon, dans la Vallée des Rois à Louxor. Il y a une continuité dans les excellentes relations franco-égyptiennes. Les intellectuels égyptiens viennent faire leurs études en France, des Français dirigent les universités égyptiennes, le nombre de journaux publiés en français est supérieur à celui des journaux publiés en anglais. Aussi, lui demande-t-il si la France n'est pas naturellement en mesure de répondre favorablement à la demande de l'Egypte, en vue d'assurer la protection d'un patrimoine qui fait honneur à l'ensemble de l'humanité.

- page 3215


Réponse du ministère : Affaires étrangères publiée le 02/11/2000

Réponse. - La coopération franco-égyptienne dans le domaine de l'archéologie est régie par la Commission consultative des recherches archéologiques françaises à l'étranger (Commission des fouilles), qui se prononce chaque année sur la qualité scientifique et les implications budgétaires des projets de fouilles qui lui sont soumis pour l'ensemble du monde. Le montant des crédits réservé à ce type d'action est demeuré constant au cours des cinq dernières années malgré l'érosion budgétaire dont a souffert l'ensemble des dotations de la direction générale de la coopération internationale et du développement. La part de l'Egypte y est prépondérante puisqu'elle représente plus de 10 % de ces crédits (pour dix missions). Parmi les projets retenus par la Commission des fouilles, plusieurs se situent en Haute-Egypte, mais sans exclure le delta. C'est ainsi que sur le site de Tanis, sous la direction de M. Philippe Brissaud, la France entretient depuis plus de vingt ans une de ses plus prestigieuses missions. A la demande de la direction régionale des antiquités égyptiennes, ce projet devrait d'ailleurs être prochainement renforcé au moyen de financements privés. De même à Alexandrie, grâce à un important soutien apporté à M. Jean-Yves Empereur, directeur du centre d'études alexandrines, des actions de sauvetage d'envergure ont pu être engagées depuis près de dix ans. Il convient enfin de noter que, parallèlement à ces activités menées sous les auspices du ministère des affaires étrangères, le ministère de la recherche, par le biais de l'Institut français d'archéologie orientale, basé au Caire, mène également des actions significatives dans la zone menacée du delta du Nil. S'agissant de l'urgence qu'il y aurait à augmenter les fouilles dans la région du delta, quelques remarques s'imposent. Le ministère des affaires étrangères se doit, en matière de coopération archéologique, de tenir compte des autorités locales, en l'occurrence le Conseil supérieur des antiquités. Or, il semble que l'appel du conservateur des pyramides de Gizeh n'ait pas été relayé par cet organisme. Par ailleurs, l'extension du nombre de projets susceptibles d'être retenus au titre de la Commission des fouilles reste soumise aux possibilités budgétaires françaises, d'une part, et à la disponibilité des équipes françaises d'archéologues, d'autre part. Pour ce qui est de ces dernières, elles sont déjà pour la plupart mobilisées par les projets en cours. En définitive, il paraît donc difficile pour les années à venir de se désengager vis-à-vis de projets de longue haleine et qui ont fourni des résultats répondant à la fois aux exigences de la communauté scientifique et à une visibilité souhaitée par le grand public. L'ambassade de France au Caire sera toutefois invitée à fournir des précisions sur les sites menacés du delta pour lesquels des missions exploratoires pourront éventuellement être envisagées et des opérations de sauvetage mises à l'étude.

- page 3765

Page mise à jour le