Question de M. de VILLEPIN Xavier (Français établis hors de France - UC) publiée le 21/09/2000

M. Xavier de Villepin attire l'attention de M. le ministre des affaires étrangères sur l'accord de paix au Burundi. En dépit de cet accord, il semble que les combats se poursuivent dans ce pays et que de nombreux groupes s'opposent à une réconciliation nationale entre Hutus et Tutsis. Il souhaiterait savoir ce que le ministère pense de la solidité de l'accord de paix obtenu à la suite de l'intervention du président Mandela et du voyage du président Clinton.

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Réponse du ministère : Affaires étrangères publiée le 02/11/2000

Réponse. - Le Burundi a connu une vive accélération du processus de paix à la faveur de la reprise en main des négociations d'Aruscha par le président Mandela, désigné médiateur en décembre 1999 à la suite du président Nyerere qui conduisait les pourparlers depuis juin 1998. Fort du soutien de la communauté internationale, le président Mandela a obtenu du gouvernement tutsi le rééquilibrage ethnique des forces armées, et de l'opposition hutu l'instauration de mécanismes correcteurs dans le système électoral sauvegardant les droits de la minorité tutsi. Les négociateurs ont également réussi à s'entendre sur la création de commissions d'enquête chargées de faire la lumière sur les massacres qualifiés par chaque groupe d'actes de génocide (à l'encontre des Hutus en 1972 et des Tutsis en 1993). Néanmoins, malgré sa signature par l'ensemble des dix-neuf délégations burundaises, l'accord d'Arusha du 28 août 2000 n'est pas appliqué. En effet, les partis tutsis et hutus ont émis de multiples réserves sur des points essentiels du texte, tandis que les leaders burundais ne parviennent pas à s'accorder sur la composition de l'équipe chargée de diriger le pays durant la phase de transition. Les pourparlers engagés en Afrique du Sud et à Arusha ont jusqu'à présent été infructueux. Ces hypothèques ne pourront être levées que lorsque la violence cessera, le gouvernement ayant fait de la suspension des hostilités le préalable à la levée de ses réserves et à l'entrée en vigueur de l'accord. Or les rebelles hutus des FDD (Forces pour la défense de la démocratie) et FNL (Forces nationales de libération) refusent pour l'heure de rejoindre le processus de paix. Leur intransigeance a été manifeste lors du sommet régional organisé par M. Mandela le 20 septembre dernier à Nairobi : pour eux, le cessez-le-feu doit suivre, et non pas précéder, la finalisation d'un accord politique dont ils contestent de surcroît certaines dispositions. A l'issue d'un ultime délai destiné à leur permettre de rejoindre le processus (20 octobre au plus tard), des sanctions pourraient être décidées. De fait, la violence, loin de cesser après l'accord du 28 août, a redoublé d'intensité et menace directement la capitale. L'Union européenne a récemment effectué une démarche auprès des Etats susceptibles d'avoir une influence sur les mouvements rebelles. Parallèlement à ses initiatives pour obtenir un cessez-le-feu, M. Mandela a lancé un appel aux donateurs, afin que les Burundais puissent percevoir sans retard les dividendes de la paix. Le médiateur est convaincu qu'une reprise de l'aide internationale peut l'aider à rallier les Burundais, rebelles compris, au processus de paix, et consolider celui-ci. Il souhaite donc l'organisation à Paris d'une conférence des bailleurs de fonds, dont le principe a été accepté par le Président de la République. Premier jalon vers la conférence de Paris, une réunion informelle des bailleurs de fonds a eu lieu, le 15 septembre, à Bruxelles.

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