Question de M. de VILLEPIN Xavier (Français établis hors de France - UC) publiée le 24/08/2000

M. Xavier de Villepin attire l'attention de M. le ministre des affaires étrangères sur la situation en Indonésie. Il souhaiterait connaître les mesures prises pour le retour des réfugiés. Beaucoup craignent pour leur sécurité à Timor Est. Est-il prévu de faire revenir ces réfugiés vers d'autres îles ? Par ailleurs, il serait souhaitable de faire le point sur les troubles aux îles Moluques où des tensions récentes se sont manifestées d'une façon plus générale. Il souhaiterait savoir si l'on constate en Indonésie une augmentation du fondamentalisme islamique.

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Réponse du ministère : Affaires étrangères publiée le 23/11/2000

Réponse. - Selon différentes estimations, environ 130 000 réfugiés originaires de Timor-Est se trouveraient toujours à Timor-Ouest. Leur situation est particulièrement précaire, en particulier depuis la suspension de l'aide humanitaire liée au retrait des Nation Unies après le meurtre de trois membres du HCR par des miliciens le 6 septembre. Le rétablissement de la sécurité dans les camps, qui passe par le désarmement et la neutralisation des milices, est une condition indispensable au règlement de la question des réfugiés. C'est ce qu'a fait valoir le Conseil de sécurité dans sa résolution 1319 du 8 septembre qui demande aux autorités indonésiennes de désarmer et dissoudre les milices et de trouver un règlement rapide à la question des réfugiés. Un tel appel a été aussi lancé par l'Union européenne lors de l'ouverture de la réunion du groupe consultatif de la banque mondiale sur l'Indonésie, qui s'est tenue à Tokyo les 17 et 18 octobre. La France encourage les autorités indonésiennes à poursuivre les premiers efforts entrepris pour désarmer les milices et résoudre la question des réfugiés. Ces efforts doivent être menés à bien de toute urgence non seulement pour des raisons humanitaires, mais aussi afin d'éviter les effets déstabilisateurs de cette situation, tant à Timor-Ouest qu'à Timor-Est où l'administration transitoire des Nations Unies (ATNUTO) effectue un travail remarquable, notamment en faveur de la réconciliation nationale. La question de la réinstallation des Timorais de l'Est qui souhaitent rester en Indonésie devra être réglée rapidement. Les autorités indonésiennes prévoient de prendre en charge financièrement la réinstallation d'une partie de ces réfugiés. La commaunauté internationale a déjà fourni une aide importante pour résorber la crise des réfugiés (environ 51,5 millions de dollars). L'Union européenne a marqué sa disponibilité à apporter son soutien au gouvernement indonésien, en liaison avec les organisations internationales concernées, pour résoudre le problème des réfugiés du Timor-Ouest. Une mission du Conseil de sécurité des Nations Unies doit se rendre à Timor-Ouest et à Jakarta, après qu'elle se sera rendue à Timor-Est à l'invitation du représentant spécial du secrétaire général, M. Vieira de Mello, à compter du 8 novembre. L'envoi de cette mission doit permettre d'apprécier ce qui a été fait par le gouverment indonésien pour donner suite à la résolution 1319 du Conseil de sécurité ainsi que ce qui a été accompli par l'ATNUTO, dont le mandat a été défini par la résolution 1272. Aux Moluques, les violences qui ont débuté en janvier 1999 ont connu une recrudescence depuis le printemps dernier. Elles auraient provoqué la mort de plusieurs milliers de personnes et le déplacement de plusieurs centaines de milliers de réfugiés. L'Union européenne a déjà apporté aux Moluques, par le biais d'ECHO, une aide humanitaire importante, qui a bénéficié à toutes les communautés, sans distinction d'appartenance réligieuse. L'Union européenne a envoyé une mission sur place du 12 au 14 octobre. Il apparaît que c'est au sud des Moluques que la tension est actuellement la plus forte, notamment à Ambon. Dans l'ensemble des Moluques, des camps et des sites d'accueil continuent d'abriter une grande partie des populations déplacées. La crise des Moluques est complexe. Elle ne se réduit pas à des facteurs strictement réligieux. Les tensions ont aussi des racines ethniques, historiques, sociologiques et économiques. L'islam indonésien a fait én général montre de tolérance et de modération. Même si on constate un certain retour du facteur religieux dans la vie politique du pays depuis le début des années quatre-vingt-dix, en raison notamment des manipulations du pouvoir de l'époque, et si la chute du régime Suharto a été suivie par la création de plusieurs partis islamistes, ceux-ci n'ont obtenu, lors des élections législatives de juin 1999, que des résultats relativement modestes, contrairement aux formations laïques comme le PDI-P et la Golkar. Aucun parti politique au gouvernement ne revendique aujourd'hui la mise en place d'un Etat islamique.

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