Question de M. RICHERT Philippe (Bas-Rhin - UC) publiée le 03/08/2000
M. Philippe Richert appelle l'attention de M. le ministre des affaires étrangères sur l'avenir des instituts français en Allemagne, et en particulier ceux de Fribourg et de Karlsruhe. L'annonce d'une éventuelle fermeture de ces sites a généré de vives réactions, notamment de la part des représentants des villes concernées et du Land du Bade-Wurtemberg, qui craignent une " dévitalisation " des infrastructures françaises à Fribourg et à Karlsruhe. Créé en 1946 et employant huit personnes, l'institut de Fribourg, en particulier, est le plus ancien d'Allemagne. Il dispense chaque année des cours de français à plus de 1 000 personnes et organise de nombreux échanges culturels tout en travaillant au rapprochement des théâtres et musées alsaciens et badois. Il soutient également l'ensemble de la politique francophone de la ville qui compte, outre un Kindergarten, une école primaire française, un lycée franco-allemand, ainsi qu'un centre d'études françaises à l'université. Il appelle son attention sur les conséquences fâcheuses de la fermeture de ces organismes sur l'ensemble des actions conjointes entreprises de chaque côté du Rhin, et souhaiterait connaître les intentions du Gouvernement en la matière.
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Réponse du ministère : Affaires étrangères publiée le 19/10/2000
Réponse. - Depuis plusieurs décennies, la France entretient en Allemagne le plus important réseau culturel qui soit au monde. On y dénombre en effet 21 établissements culturels (19 établissements dotés de l'autonomie financière et 2 antennes), ce qui représente 12,75 % du nombre total des établissements culturels placés sous la tutelle directe du ministère des affaires étrangères. En 1999, ce ministère a affecté 73 agents dans les centres culturels en Allemagne, soit plus de 12 % de ses effectifs pour le monde entier. Ce dispositif important avait été en grande partie mis en place au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, dans une logique de diffusion culturelle et linguistique, tant dans les Länder frontaliers qu'à Berlin ; ainsi, dans le Bade-Wurtemberg, on compte aujourd'hui encore quatre centres culturels français, à Heidelberg, Karlsruhe, Fribourg et Stuttgart, ainsi qu'une antenne, à Tubingen, des services de coopération et d'action culturelle. Compte tenu des avancées de la construction européenne ainsi que de l'évolution du contexte géopolitique allemand, la direction générale de la coopération internationale et du développement a engagé depuis plusieurs mois, en concertation avec l'ambassade de France à Berlin, une réflexion de fond sur les missions et le devenir du réseau culturel français en Allemagne ; cette réflexion est menée parallèlement pour l'ensemble du réseau existant en Europe. Le ministère des affaires étrangères considère en effet que ce réseau doit s'adapter aux nouvelles formes d'échanges qui prévalent désormais en Europe dans les domaines culturel et éducatif. Le développement des industries culturelles et des nouvelles technologies de l'information et de la communication, le rôle croissant de la coopération tranfrontalière (tout particulièrement dans le cas de Fribourg et de Karlsruhe) et l'implication renforcée des sociétés civiles dans les relations bilatérales, conformément aux recommandations formulées par les deux gouvernements dès le sommet de Potsdam, ont créé une situation dans laquelle les établissements culturels français n'ont plus le même rôle privilégié de centre de diffusion qui était le leur dans le passé. L'objectif prioritaire de cette restructuration est de renforcer la cohérence et l'efficacité du réseau. La nécessité d'une adaptation a d'ailleurs également été reconnue par les autorités allemandes, qui se sont engagées de leur côté dans un programme d'aménagement important de leur dispositif à l'étranger. La réforme envisagée ne conduira pas nécessairement à des fermetures pures et simples. Elle confirmera un renforcement de la coopération dans le domaine univesitaire, tout en garantissant le maintien de la présence française assurée par des attachés de coopération culturelle, des attachés de coopération pour le français, des attachés universitaires placés auprès des responsables locaux allemands (ministres-présidents, universités, municipalités...) et chargés de mettre en uvre des projets dans le cadre bilatéral et multilatéral. Cette réflexion sur la restructuration de notre réseau culturel en Allemagne n'a encore fait l'objet d'aucune décision. Lorsqu'un plan global sera approuvé, la réforme sera menée progressivement en concertation étroite avec les partenaires allemands. Cette concertation pourrait entre autres déboucher sur des solutions innovantes comme, par exemple, dans le cadre des échanges frontaliers, la mise en place de formules impliquant davantage les collectivités locales.
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