Question de M. MATHIEU Serge (Rhône - RI) publiée le 08/06/2000
M. Serge Mathieu appelle l'attention de Mme le ministre de la culture et de la communication sur la déclaration solennelle de l'Académie française, proclamée à l'unanimité, le 6 avril 2000. L'Académie française " s'alarme de ce que la politique d'amenuisement des filières littéraires, depuis plus de deux décennies, soit sur le point de parvenir à éliminer presque complètement de notre enseignement la connaissance et le goût de la littérature ". Après qu'elles ont " asphyxié les langues anciennes ", l'Académie française désapprouve clairement les orientations actuelles vers " les solutions paresseuses sous prétexte d'égalisation des chances ". Elle constate que " l'égalitarisme idéologique renforce ainsi les inégalités, puisque les élèves qui veulent vraiment apprendre empruntent alors des itinéraires privilégiés et sélectifs dont seules les familles aisées connaissent les accès et peuvent assurer les coûts. " L'Académie française, après avoir dénoncé " ce nouvel élitisme social ", rappelle " à nouveau que l'école républicaine a été conçue en vue de corriger les effets de l'inégalité d'origine sociale et non en vue de les accentuer ". Au terme de ce plaidoyer accablant, l'Académie française constate : " Etrange conception de la citoyenneté que de la vouloir ignorante de cette méditation sur l'homme qu'a été notre littérature pendant 1 000 ans et qu'elle continue d'être aujourd'hui. " Il lui demande de lui préciser la nature, les perspectives et les échéances de son action ministérielle, s'inspirant du cri d'alarme de l'Académie française, pour que la France continue à être un pays de culture littéraire s'inspirant et prolongeant les civilisations grecque et latine.
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Transmise au ministère : Éducation
Réponse du ministère : Éducation publiée le 01/03/2001
Réponse. - La maîtrise de la langue et la constitution d'une culture commune, assises sur la connaissance de la littérature, sont au centre des préoccupations du ministre de l'éducation nationale, comme en témoignent les diverses mesures prises pour l'école, le collège et le lycée. A tous les niveaux, l'enseignement du français est renforcé ; une cohérence est recherchée entre les programmes du primaire, du collège et du lycée ; l'accent est mis sur l'individualisation des apprentissages avec le concours des nouvelles technologies et la pédagogie de projet ; le renforcement des acquisitions de base est assuré pour ceux qui en ont besoin. A l'école primaire, le ministre a réaffirmé sa volonté de tout faire pour " gagner la bataille de la lecture et de l'écriture ". Son programme d'action engage tous les cycles : l'école maternelle où la priorité est donnée à l'expression orale, préalable à l'apprentissage de la lecture et de l'écriture ; l'école élémentaire où cet apprentissage, central au cycle 2, devra être poursuivi tout au long du cycle 3 par une pratique quotidienne d'exercices courts de lecture (silencieuse et à voix haute) et d'écriture dans tous les champs disciplinaires. De nouveaux programmes pour l'école sont en cours d'élaboration par un groupe d'experts sous la conduite du recteur Joutard. Il faut aussi que l'école fasse naître le désir d'apprendre à lire chez tous les enfants en leur faisant rencontrer très tôt le monde des livres comme source de connaissances et de plaisir. Une dotation de 500 000 ouvrages au cours des années 2000 et 2001 permettra d'enrichir les bibliothèques-centres de documentation de livres de littérature de jeunesse, de littérature " classique ", d'albums, d'ouvrages documentaires adaptés aux compétences et aux goûts des jeunes lecteurs. Au collège, l'horaire de français a été augmenté en classes de sixième et de cinquième (six heures par division), pour permettre des travaux en petits groupes et apporter un soutien individualisé aux élèves en difficulté. Les nouveaux programmes du collège mettent l'accent sur la maîtrise de la langue, la lecture des grandes uvres littéraires de l'Antiquité à nos jours en relation avec les programmes d'histoire, et l'étude des grands genres littéraires (romans, nouvelles, poésie, théâtre, autobiographie). Ils développent des compétences méthodologiques pour l'étude des textes et s'appuient sur la maîtrise écrite et orale des différentes formes de discours (narratif, descriptif, argumentif), de l'orthographe, de la grammaire et du vocabulaire. De plus, depuis la rentrée 1997, l'enseignement du latin est offert en option à tous les élèves de cinquième et celui du grec à ceux de troisième, avec des programmes rénovés. Au lycée, l'horaire de français de seconde propose quatre heures de cours plus une demi-heure de module destiné à renforcer l'acquisition de méthodes et une heure d'aide individualisée par division. La série littéraire voit son horaire obligatoire renforcé avec six heures en première et quatre heures en terminale. Les nouveaux programmes de seconde et première cherchent à développer chez les élèves des connaissances et des compétences linguitiques, littéraires et culturelles. L'étude d' uvres intégrales et de textes littéraires du xvie au xxe siècle, étayée sur l'histoire littéraire et l'analyse des différents genres et registres, structure l'enseignement du français au lycée. A côté de l'exercice de la dissertation, les programmes insistent sur la nécessité de développer la production de différents types d'écrits (d'argumentation, d'invention), de développer les pratiques orales des élèves (récitations, exposés, etc.) et de poursuivre l'enseignement de la langue. Une consultation sur ces programmes est encouragée auprès des enseignants. L'enseignement des langues anciennes est offert aux lycéens de toutes les séries générales, à raison de trois heures par semaine, en seconde, première et terminale, avec de nouveaux programmes applicables à la rentrée 2001 pour la seconde, 2002 pour la première et 2003 pour la terminale.
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