Question de M. FISCHER Guy (Rhône - CRC) publiée le 25/05/2000
M. Guy Fischer appelle l'attention de M. le ministre des affaires étrangères sur l'attitude de la France face à la convention internationale adoptée par l'Organisation des Nations unies le 4 décembre 1989 interdisant le recrutement et l'utilisation de mercenaires. En effet, interrogé à plusieurs reprises par les parlementaires, le ministre, tout en affirmant " ... son soutien et sa coopération pleine et entière au rapporteur spécial de la commission des droits de l'homme sur les mercenaires ", complète ses réponses par une restriction selon laquelle " ... cette convention ne tient que partiellement compte des positions défendues... par la plupart des délégations occidentales, dont celle de la France ". Il lui demande donc de bien vouloir lui faire connaître de façon détaillée les divergences existant entre le texte adopté et l'éventuelle évolution de la position de la France entre 1989 et aujourd'hui. Il souhaite également savoir quelles sont les différentes administrations françaises concernées par le processus de préparation d'une éventuelle ratification.
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Réponse du ministère : Affaires étrangères publiée le 14/12/2000
Réponse. - La France est attachée à ce que puissent être poursuivis les actes liés au recrutement, à l'utilisation, au financement et à l'instruction de mercenaires français ou étrangers en France. Après avoir procédé à un examen attentif de la convention internationale de 1989 contre le recrutement, l'utilisation, le financement et l'instruction de mercenaires, le Gouvernement n'envisage pas actuellement que la France devienne partie à cet instrument international. Certaines de ses dispositions posent, en effet, problème, à commencer par la définition du mercenaire qu'il donne dans son article 1er. Cependant, notre code pénal comporte des dispositions permettant déjà de poursuivre et de réprimer ces pratiques. Un renforcement de ces dispositions est à l'étude. Préoccupé par le fait que l'utilisation de mercenaires dans des conflits armés ou des situations troublées contribue à aggraver la violence, à déstabiliser parfois des Etats, à engendrer des atteintes aux droits de l'homme, le Gouvernement entend, en effet, lutter plus efficacement, au plan interne, contre ce phénomène. A cette fin, il a mis en place un groupe de travail interministériel chargé de lui proposer des mesures de nature législative destinées à mieux prévenir et réprimer les infractions liées au mercenariat. Il soumettra prochainement au Parlement, dans le cadre du projet de loi portant adaptation de notre droit interne à la suite de l'adhésion de la France au protocole I de 1977 aux conventions de Genève de 1949, des dispositions visant à incriminer dans notre code pénal le mercenariat en tant que tel, et à le réprimer en prévoyant des sanctions pénales importantes et dissuasives. A ce système répressif renforcé, sera associé un mécanisme préventif de police administrative prévoyant une procédure d'agrément des activités privées de sécurités exercées sur le territoire français et de déclaration obligatoire des activités en cause exercées à l'étranger par un ressortissant français.
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