Question de Mme OLIN Nelly (Val-d'Oise - RPR) publiée le 28/04/2000

Mme Nelly Olin demande à M. le Premier ministre quelles mesures entend prendre la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie pour mettre en place un dispositif particulier d'information et de sensibilisation du public, plus spécialement des enfants et des adolescents, sur les dangers spécifiques du cannabis, dont les variétés les plus récentes se rapprochent des drogues dites dures entraînant très rapidement un degré de dépendance élevé.

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Réponse du ministère : Économie solidaire publiée le 31/05/2000

Réponse apportée en séance publique le 30/05/2000

M. le président. La parole est à Mme Olin, auteur de la question n° 801, adressée à M. le Premier ministre.
Mme Nelly Olin. En juin 1999, monsieur le secrétaire d'Etat, le Gouvernement a adopté un plan triennal de lutte contre
la drogue et de prévention des dépendances mettant l'accent sur la nécessité de proposer des programmes de
prévention et de prise en charge « qui s'adressent à toutes les conduites addictives, quelle que soit la nature juridique
du produit consommé ».
Ce plan a conduit à une modification importante du dispositif national de lutte contre la drogue et la toxicomanie, dont le
champ d'action recouvre désormais la consommation excessive de produits tels que l'alcool et le tabac.
Ce choix d'une approche globale faisait suite au rapport de M. Roques, qui n'a pas fait l'unanimité dans la communauté
scientifique et qui, présentant un classement des différentes substances psychoactives en fonction de leur nocivité,
concluait que l'usage de cannabis était moins dangereux que celui de l'alcool et du tabac.
Il reste que, le 15 mars dernier, la défenestration d'un jeune de dix-neuf ans, victime d'une crise hallucinogène après
avoir fumé un joint de cannabis pour la première fois, semble contredire totalement cette approche.
Des enquêtes récentes montrent que de 23 % à 30 % des jeunes âgés de quinze à dix-neuf ans déclarent avoir
consommé du cannabis au cours de l'année, ce taux pouvant passer à 34 % dans les lycées parisiens. Mais, surtout,
14 % des jeunes déclarent avoir consommé du cannabis plus de dix fois au cours de leur vie, ce qui montre que la
consommation est déjà assez régulière.
Ce qui est extrêmement inquiétant, c'est qu'il existe un petit nombre de jeunes qui consomment environ cinq à six fois
du cannabis par jour et qui sont très désocialisés.
Les effets d'un usage répété de cannabis sont loin d'être anodins : démotivation, diminution des capacités de
mémorisation, perte d'intérêt pour le travail scolaire et les études, sans parler des conséquences à long terme sur la
santé, puisqu'il existe bien des syndromes de dépendance forte du cannabis.
Se pose également la question des accidents de la route causés par l'usage du cannabis : des toxicologues ont estimé
que le cannabis pouvait être impliqué à titre principal dans 16 % des accidents ayant entraîné des dommages
corporels.
Nous avons bien pris acte d'une campagne récente de communication, sous forme de spots publicitaires,
accompagnée de la publication d'un petit opuscule à prix réduit sur la drogue et la dépendance. On peut cependant se
demander si le caractère très globalisant de l'approche de cette campagne permet d'envoyer un vrai signal d'alerte sur
les dangers du cannabis.
Face au risque pour la société, quelles instructions le Gouvernement entend-il donner à la mission interministérielle de
lutte contre la drogue et la toxicomanie pour mettre - enfin ! - en place un dispositif d'information et de sensibilisation du
public, plus particulièrement des enfants et des adolescents, sur les dangers du cannabis, dont les variétés les plus
récentes se rapprochent des drogues qui entraînent très rapidement une forte dépendance ?
M. le président. La parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. Guy Hascoët, secrétaire d'Etat à l'économie solidaire. Madame la sénatrice, vous avez attiré l'attention du
Gouvernement sur les mesures prises par la mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie, la
MILDT, pour informer et sensibiliser les jeunes sur les dangers de la consommation de cannabis.
Prenant acte de l'augmentation du nombre de jeunes consommateurs de cannabis, mais aussi de jeunes qui associent
plusieurs produits licites ou illicites, la MILDT s'attache à mener ou à coordonner des actions dans plusieurs domaines.
Comme vous l'avez rappelé, une campagne de communication destinée au grand public s'appuie notamment sur un livre
d'information, Drogues et dépendances, en vente dans les bureaux de presse et les kiosques à journaux au prix de 10
francs et donnant toutes les informations disponibles sur tous les produits licites et illicites, notamment sur le
cannabis.
Ce livre a pour objectif de donner à tous, afin de favoriser le dialogue entre les jeunes et les adultes, les informations qui
sont actuellement validées par les nombreux experts consultés.
Il existe également, à destination des jeunes et de manière fréquente, des séances d'information dispensées sur
l'initiative des chefs d'établissement et des comités d'éducation à la santé et à la citoyenneté, lesquels bénéficient par
ailleurs des conseils pédagogiques du document Repères, paru au Bulletin officiel et diffusé en octobre 1999 à
l'ensemble des enseignants et des personnels de l'éducation nationale.
Au même titre que ce document, un livret à destination des professionnels, Comprendre la prévention, sera diffusé à
partir de l'automne prochain.
Les informations données aux jeunes, qui concernent pour une large part le cannabis, produit principalement
consommé par les collégiens et les lycéens, s'attachent à faire comprendre à ce public l'action de l'ensemble des
substances psychoactives sur le cerveau et à développer leur responsabilité sur les comportements d'usage et d'usage
nocif.
Mme Nelly Olin. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à Mme Olin.
Mme Nelly Olin. Je vous remercie, monsieur le secrétaire d'Etat, de votre réponse.
Je crois qu'il est important et urgent d'accentuer l'information et la prévention dans les lycées et collèges,
particulièrement dans les zones sensibles.

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