Question de M. MARC François (Finistère - SOC) publiée le 07/04/2000
Question posée en séance publique le 06/04/2000
M. le président. La parole est à M. Marc.
M. François Marc. Monsieur le président, mesdames, messieurs les ministres, mes chers collègues, ma question
s'adresse à Mme la secrétaire d'Etat chargée des petites et moyennes entreprises, et concerne les conditions de
financement de la création d'entreprise.
Madame la secrétaire d'Etat, vous allez présider, le 11 avril prochain, à Paris, les états généraux de la création
d'entreprise, et cela après avoir ouvert un très large débat, en particulier au travers de forums organisés dans plusieurs
régions de France.
Le fait est que la démarche de création d'entreprise continue de se heurter, en France, à de multiples obstacles, en
particulier au problème du financement des projets innovants.
Les informations statistiques disponibles démontrent que, depuis 1987, le nombre de créations a connu une
décroissance régulière, tant pour les créations ex nihilo que pour les réactivations d'entreprises.
Outre ce phénomène de diminution des créations, on ne peut manquer de faire état du taux encore élevé de
défaillances. Ainsi, sur dix entreprises créées en 1994, seules six ont été en mesure de fêter leur troisième
anniversaire. Ces défaillances s'expliquent de multiples façons. Mais la mise en cessation trouve fréquemment son
origine dans la mauvaise articulation des composantes financières de démarrage, au niveau tant des apports que des
garanties financières.
Il semble en particulier que ces problèmes soient plus importants dans un certain nombre de métiers traditionnels -
pourtant essentiels pour un développement équilibré de notre territoire - tels que le bâtiment, le commerce et les
services de proximité. On peut, à la limite, considérer qu'il est aujourd'hui plus facile de réunir 2 millions de francs pour
monter une start up que d'obtenir 150 000 francs pour reprendre une activité de première nécessité ou pour exercer un
métier traditionnel en zone rurale.
Des améliorations doivent incontestablement être recherchées sur le terrain des dispositifs financiers d'aide à la
création d'entreprise. Je vous serais par conséquent reconnaissant de nous donner toutes précisions sur les
préconisations qui sont les vôtres et sur les projets du Gouvernement en la matière.
Par ailleurs, les questions du soutien à la création et d'accompagnement des projets par les structures de proximité
sont également posées car, dans certaines parties du territoire, les réseaux sont peu nombreux ou parfois mal
organisés.
Pouvez-vous, dès lors, nous indiquer quelles propositions le Gouvernement entend faire en vue de soutenir encore plus
efficacement la démarche de création d'entreprise dans notre pays ? (Applaudissements sur les travées socialistes,
ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
- page 1982
Réponse du ministère : Petites et moyennes entreprises publiée le 07/04/2000
Réponse apportée en séance publique le 06/04/2000
M. le président. La parole est à Mme le secrétaire d'Etat.
Mme Marylise Lebranchu, secrétaire d'Etat aux petites et moyennes entreprises, au commerce, à l'artisanat et à la
consommation. Monsieur le sénateur, vous avez eu raison de le souligner, dans notre pays, il est plus simple
aujourd'hui - le rapport de votre collègue de l'Assemblée nationale M. Eric Besson le montre - de créer une start up, car
on trouve facilement un, deux ou trois millions de francs pour ce faire. Pourtant, la petite défaillance de la « bulle »
américaine devrait nous appeler à beaucoup de prudence en matière de création de ce type d'entreprise !
La création d'entreprise a commencé à chuter de façon quasi permanente en 1987. L'année 1994 a été acceptable.
Nous avons connu un léger retour à la création en 1999, le taux de croissance ayant engendré des besoins. Au 31
décembre, on est passé de 166 000 à 170 000 créations.
Ce qui manque le plus aujourd'hui dans notre pays - j'ai beaucoup apprécié l'analyse que vous avez faite - c'est le
soutien de l'Etat pour couvrir l'ensemble du territoire de correspondants de la création d'entreprise, qu'ils soient issus
des chambres de commerce et d'industrie, des chambres de métiers, des plates-formes d'initiative locale, les PFIL, de
France initiative réseau, du réseau Entreprendre en France, de l'Association pour le droit à l'initiative économique,
l'ADIE, etc.
On ne trouve aucun accompagnement pour les créateurs d'entreprise sur des pans entiers de notre territoire ! Ou
lorsque ces réseaux existent, ils s'adressent souvent aux secteurs de la haute technologie, des biotechnologies, des
technologies de l'information, mais assez peu aux métiers traditionnels. J'ai pourtant coutume de dire en souriant que le
P-DG d'une grande entreprise de haute technologie a besoin de prendre un petit déjeuner le matin, d'avoir du pain, de
s'habiller, de disposer d'un bureau, de mobilier... sinon il ne peut pas exercer son activité.
Nous avons cédé à un engouement qui se justifie et que nous avons eu raison de soutenir eu égard à l'innovation. En
revanche, nous avons oublié que les entreprises traditionnelles sont innovantes et qu'elles ont besoin de crédits.
Que faire par rapport au système bancaire ? Celui-ci est frileux sur la création de petits projets, car le coût de gestion
d'un dossier est aussi important que le projet soit petit ou gros. Nous avons donc abondé cette année le fonds
SOFARIS, que vous connaissez bien, pour les petits projets. De plus, après SIAGI et SOCAMA, nous venons de signer
des conventions avec le Crédit agricole, le Crédit mutuel et la Société générale.
Ce sera insuffisant si nous ne proposons pas, au cours des assises, un soutien à l'accompagnement. Je vous signale
que, dans les contrats de plan, il me manque des propositions des régions pour cofinancer le soutien à
l'accompagnement, qui est déterminant pour la réussite de nos entreprises. (Applaudissements sur les travées
socialistes, ainsi sur celles du groupe communiste républicain et citoyen.)
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