Question de M. PLASAIT Bernard (Paris - RI) publiée le 23/03/2000

M. Bernard Plasait attire l'attention de M. le Premier ministre sur le besoin qu'éprouve la France de se confronter sérieusement au problème posé par le retournement démographique. En effet, partout en Europe, le veillissement de la population va s'accélérer au fil des ans, avec le renouvellement insuffisant des générations et l'augmentation de l'espérance de vie. Cette tendance pourrait contrarier la croissance à terme, tant du point de vue de la demande que de l'offre si une politique active d'insertion des personnes âgées dans le système économique et social n'était pas rapidement mise en oeuvre. L'" hiver démographique " se traduirait alors par une baisse de la population en âge de travailler. En 2040, 100 actifs auraient la charge de 116 inactifs (jeunes, retraités), rapport le plus défavorable de l'Europe. Ces perspectives illustrent l'ampleur des réformes que ce recul démographique impose à la France, si elle veut assurer les nécessaires solidarités et l'équilibre à terme de ses finances collectives. C'est pourquoi, il souhaiterait connaître les mesures qu'il entend prendre afin de se confronter aux conséquences de cette baisse progressive de la population active.

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Transmise au ministère : Emploi


Réponse du ministère : Emploi publiée le 25/01/2001

Réponse. - La cause principale du vieillissement de la population n'est pas le renouvellement incomplet des générations mais la croissance continue et rapide de l'espérance de vie, qui est à mettre au crédit du progrès de la médecine et des conditions de vie. Le concept de retournement démographique fait référence à la baisse de la fécondité amorcée au début des années soixante, qui a mis fin au baby boom de l'après-guerre. Cette baisse a été beaucoup moins marquée en France que dans plusieurs pays voisins dans l'Allemagne, l'Italie et l'Espagne. En conséquence, la question du vieillissement se pose avec un peu moins d'acuité en France que dans ces pays. Pour autant, cette question est bien d'actualité, beaucoup plus que dans la seconde moitié du xxe siècle où les creux démographiques dus aux déficits de naissances des deux guerres mondiales l'ont occultée. De ce fait, les personnes qui arrivent aujourd'hui à l'âge de la retraite sont en très grande proportion nées pendant ces deux conflits et sont relativement peu nombreuses. Des classes beaucoup plus nombreuses vont leur succéder à brève échéance. Face à ce défi, le mouvement de la société a permis d'apporter des réponses très concrètes. Les revenus des personnes âgées sont très supérieurs à ce qu'ils étaient autrefois, grâce à nos systèmes de retraite et au développement de l'activité professionnelle féminine. Sur ce point, le Gouvernement a mis en uvre une procédure d'examen méthodique des mesures à prendre pour sauvegarder un système de retraite par répartition qui a fait preuve de son efficacité. Deux rapports, l'un du commissariat général du Plan, l'autre du Conseil économique et social, témoignent de cet effort d'inventaire et de réflexion. Le mouvement de la société fait également que les retraités, certes plus nombreux, ayant acquis une place reconnue dans la vie de la cité, mieux instruits que leur devanciers, prennent une part accrue dans les activités. Le bénévolat et la vie associative leur ouvrent des terrains de choix pour exprimer pleinement leur expérience et leurs talents. Le troisième âge ne peut plus être perçu comme une étape de la vie réduite au repli sur soi et sur la sphère domestique et familiale. Bien au contraire, les personnes âgées apportent une contribution croissante à la richesse nationale. La question de l'adaptation de la population active aux besoins de l'économie est examinée depuis longtemps, non seulement par les pouvoirs publics mais aussi par les entreprises. Celles-ci sont confrontées au vieillissement de leur pyramide d'âge, dont elles redoutent les répercussions en termes de productitivé. Ce vieillissement est la conséquence de l'historique des recrutements, l'industrie ayant embauché massivement entre 1960 et 1980. Les entreprises ont mené des efforts d'adaptation considérables pour y faire face. Il est clair que cette dernière période, marquée par un recours très important aux préretraites, touche à sa fin. Le Gouvernement s'attache quant à lui à réduire toujours plus le chômage. Pour les adultes, la perspectives du plein emploi, c'est le spectre de l'exclusion qui s'éloigne. Pour les jeunes, c'est la promesse d'une insertion plus rapide dans la vie économique et sociale et de la fin du chômage récurrent qui a si durement affecté les générations précédentes.

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