Question de M. COLLOMB Gérard (Rhône - SOC) publiée le 09/12/1999
M. Gérard Collomb interroge Mme le ministre de la jeunesse et des sports sur la politique qu'elle entend poursuivre en matière de lutte contre le dopage dans le monde sportif. Entre autres initiatives, le ministère de la jeunesse et des sports a mis en place, il y a un an, un numéro vert d'écoute dopage, qui a réceptionné près de 7 000 appels à ce jour. Le responsable en adresse un état mensuel, agrémenté de commentaires, au ministre. En conséquence, il l'interroge sur les grands enseignements qui peuvent en être tirés. L'ampleur du dopage, à tous les niveaux sportifs, dans toutes les disciplines, les multiples pressions exercées sur les sportifs, le large éventail des produits utilisés, conduisent, semble-t-il, à la constatation d'un phénomène d'une ampleur plus grande que le désarroi des personnes confrontées, qu'il s'agisse des sportifs eux-mêmes, de leur famille, des médecins ou professionnels paramédicaux, etc., paraît également très important. Aussi souhaite-t-il savoir quelle politique va désormais être mise en oeuvre pour répondre et faire face à ce désarroi, lutter et résorber ce phénomène de dopage, de manière à préserver la santé des sportifs, tout en prenant en compte leur souci de compétitivité.
- page 4031
Réponse du ministère : Jeunesse publiée le 24/02/2000
Réponse. - La lutte contre le fléau du dopage, et plus largement la protection de la santé des sportives et des sportifs, constitue une préoccupation prioritaire de madame la ministre de la jeunesse et des sports depuis sa prise de fonctions. Les statistiques du numéro vert " Ecoute dopage " font en effet état d'une situqtion inquiétante. Selon le rapport rédigé par le professeur Jean Bilard, responsable de cette cellule d'écoute téléphonique, 7 086 appels ont été réceptionnés depuis le 24 novembre 1998. Ce service, animé par des psychologues du sport, répond à une très forte demande (de l'information à l'aide) de la part des sportifs (jeunes et adultes) et des responsables de santé publique. Ce rapport montre une importante proportion d'adolescents de dix à dix-huit ans (32 %) parmi les appelants, d'où l'intérêt de développer des actions de prévention particulièrement auprès de cette population. Dans le cadre de cette approche préventive, une mallette pédagogique de prévention sportive et de lutte contre le dopage à l'usage des éducateurs, entraîneurs, dirigeants, parents, médecins et tout autre intervenant, a été élaborée avec la collaboration du comité national olympique et sportif français. A ce jour, plus de 12 500 exemplaires ont été diffusés. Afin de sensibiliser le plus grand nombre de jeunes, un feuillet relatif au bon usage du médicament et à la promotion d'une pratique saine des activités physiques et sportives a été rédigé avec d'autres partenaires, tels que le syndicat national de l'industrie pharmaceutique. Ce feuillet, inséré dans un classeur pédagogique, est utilisé par les enseignants pour les cours de sciences de la vie et de la terre depuis la classe de cours moyen première année jusqu'à celle de terminale. De même, le ministère de la jeunesse et des sports, en collaboration avec la mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie a mis en place un bus d'information " sport et dépendances " qui se déplace dans toutes les régions à l'occasion de grandes manifestations sportives, mais également pour des campagnes de prévention dans les écoles, les centres de formation et dans de nombreuses associations. L'objectif principal de cet outil pédagogique vise à impulser et à valoriser, dans les communautés urbaines, l'élaboration de stratégies globales d'éducation à la santé afin de prévenir les conduites à risques des adolescents. L'ensemble de ces actions sera poursuivi et développé au cours de l'année 2000 dans le cadre de la politique de prévention du dopage menée par madame la ministre de la jeunesse et des sports. Ainsi, dans le domaine de la recherche, le laboratoire national de dépistage du dopage vient de mettre au point une méthode de détection de l'EPO recombinante dans les urines et a également inscrit à son programme le développement d'une méthode performante afin d'identifier les transporteurs artificiels d'oxygène. Le laboratoire verra ses moyens, en personnel technique, en crédit de fonctionnement et en matériel médical accrus grâce à une mesure nouvelle de vingt-six millions de francs pour l'année 2000. La loi nº 99-223 du 23 mars 1999 relative à la protection de la santé des sportifs et à la lutte contre le dopage, étend les contrôles anti-dopage aux sportifs non licenciés, que ce soit en compétition ou pendant les entraînements, et renforce les sanctions disciplinaires prononcées à l'encontre des sportifs convaincus de dopage et les sanctions pénales prononcées à l'encontre des pourvoyeurs de produits dopants. Comme le dispose l'article 2 de cette nouvelle loi, des antennes médicales vont être mises en place afin d'organiser un suivi médical des sportifs au travers de consultations anonymes. Sous la responsabilité d'un médecin, agréées par les pouvoirs publics, elles auront également pour mission de centraliser les données relatives aux personnes dopées et de répondre aux demandes de prises en charge thérapeuthiques reçues notamment au service " Ecoute dopage " qui orientera ces appels vers les antennes médicales. Une mesure nouvelle de treize millions trois cent mille francs est prévue pour la mise en place de ces antennes. Par ailleurs, vingt-quatre postes de médecins conseillers régionaux seront créés au cours de l'année 2000. Parmi leurs missions, ils veilleront à la mise en place des conditions nécessaires au suivi médical des sportifs, s'assureront de la qualité du contenu de l'enseignement universitaire de la capacité en médecine et biologie du sport en coordination avec le responsable de cet enseignement, participeront à la mise en uvre de la politique de prévention et de lutte contre le dopage et veilleront aux conditions de fonctionnement des antennes médicales de lutte contre le dopage créées par la loi du 23 mars 1999. Trois millions de francs sont prévus au titre du fonctionnement de l'agence internationale de lutte contre le dopage et quatre millions sept cent mille francs, ainsi que trois emplois sont transférés du ministère pour le fonctionnement du conseil de prévention et de lutte contre le dopage. Les moyens consacrés à la lutte contre le dopage et à la protection des sportifs sont considérablement renforcés pour l'année 2000 : cent treize millions de francs, soit une hausse de 80 % sur 1999 et un triplement par rapport à 1997.
- page 694
Page mise à jour le