Question de M. de BROISSIA Louis (Côte-d'Or - RPR) publiée le 02/12/1999
M. Louis de Broissia appelle l'attention de Mme le garde des sceaux, ministre de la justice, sur le dossier de la réforme des prestations compensatoires. Cette réforme avait été promise pour l'an 2000, et elle est maintenant reportée... Or la plupart des élus, quelles que soient leurs opinions politiques, s'accordent à reconnaître l'iniquité d'une telle loi. La réforme demandée porte sur 5 points : 1º - La non-transmissibilité de la PC dans tous les cas ; 2º - La fixation du montant de la PC sous forme de capital ; 3º - La suppression définitive de la PC en cas de mariage ou de concubinage notoire du créancier ; 4º - La mise à disposition des juges d'un barème de référence ; 5º - La suppression des rentes en cours, leur capitalisation ou leur révision à la baisse à la demande du débiteur. Il lui demande quand elle entend mettre en oeuvre les mesures législatives qui mettraient fin à une telle injustice.
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Réponse du ministère : Justice publiée le 17/02/2000
Réponse. - Le garde des sceaux, ministre de la justice, fait connaître à l'honorable parlementaire qu'un assouplissement des conditions de mise en uvre de la prestation compensatoire et notamment de sa révision, actuellement posées par la loi, paraît en effet s'imposer eu égard au contexte socio-économique, sans qu'il y ait lieu, cependant, de revenir à un régime comparable à celui des pensions alimentaires préexistant à la réforme de 1975, dont les inconvénients ont été unanimement dénoncés. Lors de la discussion au Sénat, le 25 février 1998, des propositions de loi de MM. About et Pages relatives à la prestation compensatoire, le Gouvernement a déposé différents amendements tendant, d'une part, à élargir les possibilités de révision de la prestation et, d'autre part, à pallier les difficultés entraînées par la transmissibilité de la charge de la rente aux héritiers du débiteur. Ces amendements n'ont toutefois pas été adoptés par la Haute Assemblée. Les réflexions se sont poursuivies à ce sujet, au sein du groupe de travail présidé par Mme le professeur Dekeuwer-Defossez et chargé de présenter des propositions de réforme du droit de la famille au garde des sceaux. Le rapport du groupe a été remis le 14 septembre 1999. Il propose tout d'abord de privilégier le versement en capital de la prestation compensatoire et préconise à cet égard de créer un lien entre celle-ci et la liquidation du régime matrimonial. Dans le cas où le débiteur serait dans l'impossibilité de constituer un capital assurant les besoins vitaux de son ex-conjoint et où la prestation compensatoire ne pourrait être envisagée que sous la forme d'une rente, le rapport propose un certain nombre de mesures de nature à pallier les difficultés que cette modalité d'attribution peut entraîner. Il préconise notamment une possibilité de révision à la baisse du montant de la rente en cas de modification notable dans la situation respective des parts. En ce qui concerne la transmissibilité de la rente aux héritiers du débiteur, le rapport souligne qu'il semble difficile d'en modifier le principe, alors que le créancier est le plus souvent une femme qui s'est consacrée pendant de longues années à l'éducation des enfants et qui, au moment de la séparation, peut ne pas être en mesure de trouver une activité professionnelle et d'assurer son autonomie financière. Il propose, en revanche, de limiter le montant de la contribution aux forces de la succession sans qu'il puisse être prélevé sur le patrimoine personnel des héritiers. La question de l'incidence du remariage ou du concubinage du bénéficiaire de la rente a également été étudiée par le groupe de travail. Les conclusions du rapport sont actuellement soumises à une très large consultation sur les plans institutionnel, politique, associatif et confessionnel. Il appartiendra ensuite au Gouvernement d'arrêter des solutions qui seront présentées dans leurs grandes lignes à la conférence de la famille à la fin du premier semestre de l'an 2000 et soumises au Parlement au début de l'année 2001. Comme l'a annoncé publiquement le garde des sceaux, le 27 novembre dernier, l'acuité des difficultés posées par la prestation compensatoire conduit la chancellerie à un examen spécifique et anticipé de la question et à dissocier cette réforme de celle concernant l'ensemble du droit de la famille.
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