Question de M. LAURET Edmond (La Réunion - RPR) publiée le 04/11/1999
M. Edmond Lauret attire l'attention de M. le ministre de l'intérieur sur un fait divers qui a mis en évidence le manque d'effectifs et de moyens de la police à la Réunion face à la montée de la délinquance. Appelé en pleine nuit pour une querelle de voisinage, une équipe de la BAC (brigade anti-criminalité) a été violemment prise à partie à son arrivée sur les lieux : deux des policiers ont été blessés, dont l'un par balle. Est-il normal que quatre policiers seulement, basés à Saint-Benoît, soient chargés de la surveillance de nuit de deux villes qui ne sont pas limitrophes (Saint-Benoît et Saint-André soit 74 000 habitants) ? Il lui demande de bien vouloir l'éclairer sur cette situation, et quels moyens supplémentaires (humains notamment) il compte mettre en place afin de rassurer la population face à la recrudescence de la délinquance dans l'île.
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Réponse du ministère : Intérieur publiée le 24/02/2000
Réponse. - L'honorable parlementaire appelle l'attention de M. le ministre de l'intérieur sur la violente agression dont ont été victimes deux fonctionnaires de police lors d'une intervention pour un différend de voisinage sur le territoire de la circonscription de sécurité publique de Saint-Benoît à la Réunion au cours de la nuit du 2 au 3 octobre 1999. Le Gouvernement comprend et partage l'émotion des élus et de la population réunionnaise face à cet acte indigne. Le ministre de l'intérieur a manifesté toute sa sympathie aux deux policiers qui ont été gravement blessés au cours de cette intervention et réaffirmé à l'ensemble des personnels son total soutien dans l'exercice de leurs missions. Il note avec satisfaction que le déploiement immédiat des effectifs du commissariat de police de Saint-Benoît assistés par des équipages de la brigade anti-criminalité de la circonscription de la sécurité publique de Saint-Denis et des fonctionnaires de la sûreté départementale a permis une réaction rapide entraînant l'identification, suivie de l'interpellation, dans la nuit des faits, des individus mis en cause qui ont été écroués. A ce jour, la circonscription de sécurité publique de Saint-Benoît comprend cinquante-huit fonctionnaires de tous grades dont six officiers et cinquante agents du corps de maîtrise et d'application assistés de deux policiers auxiliaires et six adjoints de sécurité, soit trois fonctionnaires de plus qu'au 1er janvier 1998. Ce potentiel permet à ce service de disposer d'une brigade de nuit composée de onze fonctionnaires, répartis en trois groupes, assistés par quatre fonctionnaires de la brigade anti-criminalité (au cours de la nuit évoquée, huit fonctionnaires étaient en poste sur la circonscription). Ces personnels bénéficient, en fonction des besoins ou d'opérations programmées, du soutien des unités départementales (compagnie d'intervention, groupe d'intervention de la police nationale, formation motocycliste urbaine départementale). Le département de la Réunion recevra, à compter du 1er février prochain, des affectations de fonctionnaires du corps de maîtrise et d'application, qui seront rejoints, au 1er avril 2000, par cinq officiers de police. Par ailleurs, la mise en uvre du programme emplois-jeunes permettra à ce département de disposer, au terme de cette année, de soixante-treize adjoints de sécurité dont une partie pourra renforcer ceux déjà affectés à des missions de police de proximité et faciliter le redéploiement des fonctionnaires de police. L'apport de jeunes Réunionnais au titre des emplois locaux de sécurité, à l'exemple des dix déjà en fonction à Saint-Benoît, favorisera un renforcement des actions de prévention, d'accueil et de conseil. L'activité des personnels de police ne se dément pas à Saint-Benoît où on observe une légère baisse de la délinquance sur les dix premiers mois de cette année et une augmentation des faits élucidés de 18,70 %, significative des actions entreprises pour identifier et interpeller les auteurs de délits. La lutte contre la délinquance ne peut cependant être le fait de la police seule. Dans les quartiers les plus difficiles, les missions de police ne peuvent être réellement efficaces sans que soient mises en uvre, dans le même temps, les mesures sociales, judiciaires, éducatives qui permettent de rétablir, au sein des populations concernées, le respect des valeurs de la citoyenneté. Cela suppose une action commune des services en charge de ces missions. Les contrats locaux de sécurité doivent en être les vecteurs, à l'instar de celui signé à Saint-Denis associant, sous l'autorité du préfet, les services de police et les acteurs locaux de sécurité, favorisant ainsi l'émergence d'initiatives de nature à répondre mieux que dans le passé aux attentes légitimes des élus et de la population réunionnaise.
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