Question de Mme DERYCKE Dinah (Nord - SOC) publiée le 05/11/1999
Question posée en séance publique le 04/11/1999
M. le président. La parole est à Mme Derycke.
Mme Dinah Derycke. Monsieur le président, ma question s'adresse à M. Queyranne, secrétaire d'Etat à l'outre-mer.
Monsieur le secrétaire d'Etat, vous venez d'effectuer, avec M. Lionel Jospin et quatre ministres du Gouvernement, un
voyage aux Antilles, où la population vous a réservé un accueil chaleureux.
Ce déplacement a été l'occasion de rencontrer les élus locaux et les responsables économiques, culturels et sociaux
de Martinique et de Guadeloupe.
Le Premier ministre a ainsi démontré une nouvelle fois sa volonté de dialogue et de proposition.
A l'écoute des élus, il a su entendre l'aspiration d'une majorité d'entre eux à une prise de responsabilités plus
importantes et s'est prononcé, notamment sur la base de l'excellent rapport qui lui a été remis par nos collègues MM.
Lise et Tamaya, sur le principe d'une décentralisation accrue et adaptée.
Tout en conservant les institutions existantes, la réforme à venir devrait permettre aux assemblées locales de
rééquilibrer leurs compétences et de mieux organiser leurs relations avec les pays voisins, notamment les Etats
indépendants des Caraïbes et les pays du plateau de Guyane.
Mais il apparaît, dans un récent sondage, que si une large majorité de domiens - comme l'on dit -, soit 79 % d'entre
eux, se prononcent pour le statut actuel avec ou sans amélioration, la question institutionnelle vient après les
problèmes économiques et sociaux.
Même s'ils présentent des situations différentes, les départements de la Guyane, de la Martinique, de la Guadeloupe et
de la Réunion sont en effet touchés par une crise économique sévère. Je rappelle que 30 % de la population active en
moyenne est au chômage et que 15 % de la population totale vit du RMI. Cette crise est caractérisée par un
déséquilibre important de la balance des échanges commerciaux ; elle est aggravée, aux Antilles, par l'absence de
dialogue social.
Les départements d'outre-mer ne manquent pourtant pas d'atouts : leur position géographique doit leur permettre de
jouer un rôle important d'interface entre les pays émergents et l'Union économique européenne.
Deux rapports, en particulier celui qui vous a été remis par Bertrand Fragonard, proposent un certain nombre de
mesures pour remédier à cette situation difficile et pour réaliser, enfin ! l'égalité sociale entre les DOM et la métropole.
M. le président. Posez votre question, madame !
Mme Dinah Derycke. J'y viens, monsieur le président !
Nous ne doutons pas que cette égalité constitue l'objectif principal de la politique du Gouvernement.
Cette visite, monsieur le secrétaire d'Etat, avait pour but de préparer les grandes lignes de la future loi d'orientation pour
l'outre-mer. Pourriez-vous en tracer le cadre et nous annoncer le calendrier de son élaboration ? (Applaudissements sur
les travées socialistes.)
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Réponse du ministère : Outre-mer publiée le 05/11/1999
Réponse apportée en séance publique le 04/11/1999
M. le président. La parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. Jean-Jack Queyranne, secrétaire d'Etat à l'outre-mer. Madame la sénatrice, ce voyage avait d'abord pour objet de
répondre à des préoccupations urgentes qui s'expriment aux Antilles ; je pense notamment à la crise des producteurs
de bananes.
Le Gouvernement a engagé un plan pour faire face aux difficultés et aux problèmes de sécurité en renforçant les
effectifs.
Dans une perspective plus lointaine, nous avons présenté les grandes lignes de la future loi d'orientation pour
l'outre-mer, dont le Parlement aura à discuter au premier semestre 2000. Les élus et les responsables
socio-économiques recevront dans les prochains jours un document définissant les grandes orientations. Puis la
consultation des assemblées aura formellement lieu au début de l'année et, enfin, nous aurons à en discuter à
l'Assemblée nationale et au Sénat.
Même si vous avez souligné à juste titre l'attachement réel au statut de département d'outre-mer créé en 1946 avec la
volonté de tendre vers l'égalité, il faut prendre en compte les problèmes institutionnels et approfondir la décentralisation.
Il faut permettre aux départements d'outre-mer de mieux s'insérer dans leur zone géographique.
Il n'en demeure pas moins que les problèmes sont surtout économiques et sociaux. Les départements d'outre-mer
connaissent des marchés étroits et souffrent non seulement du handicap de l'insularité, mais aussi de la vague
démographique. A titre d'exemple, 35 % des habitants des Antilles ont moins de vingt ans, contre 25 % seulement en
métropole. Cela explique, malgré les performances de l'économie, les problèmes du chômage.
Dans cette loi d'orientation, nous devrons donc donner aux départements d'outre-mer les moyens de leur
développement économique, en particulier pour répondre à l'attente des jeunes avec le contrat initiative-jeunes,
permettre les investissements et abaisser le coût du travail. Telles sont les grandes orientations : plus de responsabilité
et plus de développement pour les départements d'outre-mer. (Applaudissements sur les travées socialistes, ainsi que
sur celles du groupe communiste républicain et citoyen.)
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