Question de M. HAMEL Emmanuel (Rhône - RPR) publiée le 10/06/1999
M. Emmanuel Hamel attire l'attention de Mme le ministre de la culture et de la communication sur l'information parue à la page 29 du quotidien Le Figaro du 25 mai 1999 selon laquelle l'académie française " publie un texte... sur un récent danger susceptible de menacer la langue française : les logiciels dits "de correction grammaticale" qui sévissent dans les systèmes informatiques dans des administrations, les organismes publics, les écoles, collèges et lycées. " Ces logiciels semblent mal connaître les règles de la langue française : " la machine confond régulièrement le "on" avec "ont" du verbe avoir... ". Il lui demande quelle est sa réaction face à ce constat, quelle réponse elle peut apporter à l'Académie française qui " s'inquiète que "des outillages si imparfaits et si trompeurs, dans un domaine aussi vital que celui de l'expression et de la communication de la pensée, puissent être proposés commercialement à la crédibilité du public" ".
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Réponse du ministère : Culture publiée le 14/10/1999
Réponse. - Les logiciels de correction orthographique et grammaticale sont des outils informatiques qui, après une analyse automatisée d'un texte, proposent à l'utilisateur de corriger les erreurs décelées et, éventuellement, lui donnent des explications sur ces corrections. Ces logiciels peuvent être autonomes ou intégrés dans d'autres logiciels de traitement de texte, tableurs, courrier électronique. Certains d'entre eux sont à destination du grand public, d'autres sont destinés à un usage spécialisé et peuvent parfois même être développés " à façon " pour une entreprise particulière. Il semble que le logiciel qui est mis en cause ici soit le module de correction orthographique et grammaticale intégré dans un logiciel de traitement de texte très largement diffusé. Il convient en premier lieu de ne procéder à aucune généralisation. Les logiciels de correction orthographique et grammaticale disponibles sur le marché sont de qualités très diverses. Certains, développés et commercialisés par des sociétés françaises ou canadiennes offrent des performances assez satisfaisantes et il serait injuste et préjudiciable pour ces entreprises de considérer de la même façon l'ensemble des produits de ce type mis à disposition des consommateurs. Dans le contexte général de la société de l'information, l'accès pour le plus grand nombre à des logiciels performants d'aide à la rédaction, à la traduction et à la publication est indispensable. Il est également essentiel que les logiciels qui existent pour le français aient des performances équivalentes à ceux qui existent pour l'anglais et les autres langues. L'élaboration et l'évaluation de logiciels de ce type dépendent étroitement des travaux de recherche et développement en ingénierie linguistique effectués par les laboratoires spécialisés publics et privés. Pour ce qui concerne le français, les chercheurs et les industriels ont avant tout besoin de pouvoir disposer facilement de corpus de textes informatisés mono et multilingues, de lexiques et de dictionnaires électroniques, ressources linguistiques à partir desquelles ils peuvent travailler. Cette priorité a été soulignée par le programme d'action gouvernemental pour l'entrée de la France dans la société de l'information (PAGSI). Le ministère de la culture et de la communication (délégation générale à la langue française - DGLF) a mis en uvre, par appels d'offres confiés à l'association européenne pour les ressources linguistiques dont le siège est à Paris, la réalisation de corpus du français contemporain destiné à ce type de travaux. D'autres actions sont en cours au niveau national (école normale de Saint-Cloud, ministère de l'éducation nationale de la recherche et de la technologie), au niveau francophone multilatéral et au niveau européen. Ces initiatives sont suivies et coordonnées par un comité d'experts réuni régulièrement par la DGLF. En outre, dans le cadre de la coopération franco-québécoise, la DGLF étudie la mise en uvre d'un label commun attestant de la bonne qualité de traitement du français de certains logiciels. Il est vrai cependant que l'ensemble des problématiques relatives au traitement informatique sur langage bénéficient, en France, d'une visibilité encore trop faible alors qu'elles sont essentielles pour une bonne présence de notre langue sur les nouveaux réseaux. Dans le rapport qu'il a remis au Premier ministre sur la présence internationale de la France et la francophonie dans la société de l'information, le député Patrick Bloche fait des propositions intéressantes dans ce domaine, qui ont été mises au débat.
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