Question de M. DULAIT André (Deux-Sèvres - UC) publiée le 03/06/1999

M. André Dulait appelle l'attention de M. le ministre des affaires étrangères sur la situation dramatique que semble connaître la population de la Corée du Nord touchée par la famine et sur le regain de tension avec la Corée du Sud. Il demande quelles initiatives la France, au sein de l'Union européenne mais aussi auprès de l'Organisation des Nations unies (ONU), entend prendre en faveur de la paix.

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Réponse du ministère : Affaires étrangères publiée le 29/07/1999

Réponse. - La population de Corée du Nord souffre d'une pénurie alimentaire chronique, qui dure depuis plusieurs années et s'explique avant tout par la disparition des partenariats économiques qu'entretenait ce pays du temps de l'Union soviétique. La Corée du Nord a fait appel en 1995 à la communauté internationale pour venir en aide à sa population. La France a apporté son aide à titre bilatéral dès 1996, à destination d'enfants en bas âge, mais c'est surtout dans le cadre européen que s'est exprimée notre solidarité. L'Union européenne a en effet consacré près de 120 millions d'écus à l'aide humanitaire à la Corée du Nord depuis 1996, ce qui en fait l'un des plus importants donateurs. Certains des programmes qu'elle a financés ont été mis en uvre par des organisations non gouvernementales françaises, telle Action contre la faim. D'autres pays ont également consacré à cette cause des efforts importants, comme la Chine, la Corée du Sud ou les Etats-Unis. Le Programme alimentaire mondial de l'organisation des Nations unies a ainsi lancé depuis trois ans des appels en faveur de la population nord-coréenne qui sont les plus massifs jamais lancés par cette organisation depuis sa création. Cette solidarité à l'égard du peuple de Corée du Nord ne parvient cependant à être mise effectivement en uvre qu'en surmontant de nombreux obstacles, souvent posés par l'administration nord-coréenne elle-même. C'est ainsi que les ONG françaises Médecins sans frontières et Médecins du monde, qui opéraient dans ce pays, ont été contraintes d'abandonner leurs programmes en 1998 faute de trouver dans le pays la liberté de mouvement pour l'évaluation de la situation et l'accès direct aux victimes qu'elles considèrent comme des conditions nécessaires à une intervention juste et efficace. Cette question de l'accès aux personnes les plus défavorisées, en particulier aux enfants, reste posée et n'a pas, à ce jour, reçu de réponse entièrement satisfaisante de la part des autorités de Pyongyang. Le contexte politique dans la péninsule coréenne s'est beaucoup amélioré ces derniers mois. Le régime d'armistice signé en 1953 par les Nations unies d'un côté et la Corée du Nord de l'autre reste en vigueur. Des sessions de dialogue se tiennent régulièrement à Panmunjom entre généraux du commandement des Nations unies et de la Corée du Nord, permettant ainsi de régler les problèmes de gestion de l'armistice qui peuvent survenir. Des pourparlers quadripartites de paix (deux Corées, Chine et Etats-Unis) ont été entamés en 1997 à l'initiative de la Corée du Sud et des Etats-Unis, avec pour objectif de parvenir à un traité de paix durable, assorti de mesures de confiance. Ces pourparlers se poursuivent, leur cinquième session ayant eu lieu au mois d'avril dernier à Genève. Enfin, un dialogue direct et intergouvernemental entre Corée du Sud et Corée du Nord est engagé, une rencontre au niveau des vice-ministres ayant eu lieu à Pékin à la fin du mois de juin 1999. La France et l'Union européenne soutiennent les pourparlers quadripartites de paix et le dialogue direct intercoréen. Dans ce contexte, la Corée du Sud a mis en place depuis mars 1998 une politique d'engagement à l'égard de la Corée du Nord qui vise à multiplier les opportunités de coopération économique et de dialogue politique entre les deux parties. La Corée du Sud encourage également les pays tiers à développer leurs relations avec la Corée du Nord, afin de rompre le relatif isolement dans lequel s'est enfermé ce pays. La France appuie cette politique et considère que l'initiative ainsi prise par le président Kim Dae-Jung est susceptible de réduire les tensions dans la péninsule et de créer un climat de confiance favorable à la paix et au développement dans la péninsule coréenne.

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