Question de M. JOLY Bernard (Haute-Saône - RDSE) publiée le 06/05/1999
M. Bernard Joly appelle l'attention de M. le ministre délégué à la coopération et à la francophonie sur la réforme interne, appliquée depuis le 1er janvier 1999 au sein de l'Agence de la francophonie, dont l'un des effets est de transformer cette institution en un bureau d'études qui se consacrera plus à la réflexion qu'à l'action. Les premiers effets en sont la suppression de bon nombre de programmes à forte implication sur le terrain. On note la disparition de la formation à distance, l'abandon du programme Funambule ; l'arrêt du programme Vifax est annoncé pour la fin de cette année. Par ailleurs, la quasi-totalité des actions de formation à des personnels de l'éducation, particulièrement en Afrique, et de formation professionnelle et technique sont menacées. Or l'Agence de la francophonie, opérateur multilatéral intergouvernemental, a reçu mission des instances internationales francophones, parmi les programmes mobilisateurs qu'elle conduit, d'appuyer et de développer l'usage du français dans le monde. Ces deux dernières années, grâce à l'effort considérable accompli dans cette institution pour soutenir la production et l'utilisation de méthodes innovantes utilisant l'image transmise par satellites, le multimédia, les serveurs Internet et les réseaux thématiques, des résultats notables ont été constatés. Vifax est plébiscité par ses utilisateurs et Funambule a reçu le premier prix Innovalangue du salon international Expolangues en 1999. Il s'agit donc d'outils performants réclamant des investissements modestes. La transformation de l'école internationale de la francophonie de Bordeaux en institut des nouvelles technologies de l'information et de la formation n'enrayera pas le mouvement de désengagement. Vidé de son contenu, privé de ses budgets, les objectifs ne pourront être atteints. Or, les programmes touchant l'enseignement à distance avaient pourtant été considérés par les comités de programme et par la commission de coopération d'octobre et novembre 1998 comme " une priorité absolue " et mission expresse avait été donnée à l'Agence de la francophonie de les développer. Il lui demande quelles mesures il entend prendre pour éviter cette dérive alors que se discutent les programmations du biennium 2000-2001 pour les opérateurs multilatéraux francophones ? Quelles dispositions le Gouvernement envisage pour poursuivre les engagements interrompus ?
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Réponse du ministère : Coopération publiée le 19/08/1999
Réponse. - Si l'Agence de la francophonie se transforme à la demande des Etats et gouvernements membres, pour autant non seulement l'essentiel de ces programmes n'est pas abandonné mais la France, qui s'est profondément impliquée dans cette réforme, veille avec ses partenaires à ce que cette instance intergouvernementale affirme sa capacité à définir des politiques dans des domaines essentiels pour la francophonie (éducation, culture, droits, liberté et démocratie). Le programme Vifax : pour lancer un programme de soutien à l'enseignement à distance du français langue étrangère, l'Agence de la francophonie a pris l'initiative en 1996 de commander à l'université de Bordeaux-II (département des langues vivantes pratiques) une version française du programme Vifax (marque déposée pour une méthode multimédia d'enseignement des langues : vi pour vidéo et fax pour l'utilisation de la télécopie). Cette méthode utilise les journaux télévisés des chaînes francophones diffusées par TV 5. Elle permet l'acquisition des compétences de compréhension, de conversation, de lecture et d'écriture, tout en apportant des informations culturelles et linguistiques issues de toute la communauté francophone et renouvelée en permanence. Ce procédé ne s'adresse pas aux débutants. Les documents didactiques relatifs à ces émissions (exercices, corrigés, transcriptions), offerts aux enseignants comme supports à leurs cours ou comme outils de base pour l'autoformation guidée, sont produits tous les jours par l'université de Bordeaux-II et immédiatement expédiés par télécopie ou par courrier. L'Agence a implanté le programme Vifax dans 15 pays (Arménie, Bénin, Bulgarie, Egypte, Liban, Macédoine, Madagascar, Mexique, Moldavie, Mozambique, Nigéria, Pologne, Roumanie, Togo, Vietnam). 128 établissements, lycées, universités, instituts y sont abonnés. Une soixantaine d'autres en profitent également par distribution locale des documents. C'est ainsi qu'environ 30 000 apprenants travaillent chaque semaine avec la méthode sous la conduite de leurs enseignants ou dans les unités d'autoformation. Madagascar est le seul pays dans lequel l'utilisation de Vifax n'est pas adaptée à la situation des établissements d'enseignement. C'est à bon droit qu'on peut regretter que depuis un an il ne s'y trouve aucun utilisateur. L'Agence a participé à l'équipement des établissements (matériel de réception d'images satellites, photocopieuses, moyens informatiques de communication...). Elle s'est associée à cette fin avec d'autres coopérations, notamment bilatérales (le plus souvent avec le réseau diplomatique français). Elle a financé, par ailleurs, la création de 6 centres d'autoformation (Bulgarie, Roumanie, Egypte, Vietnam). Pour répondre à la demande de l'Afrique subsaharienne, Vifax a été lancé par TV 5 (Espace francophone) en 1998. C'est un complément de 120 séquences annuelles qui est ainsi offert à l'ensemble des abonnés. Cette nouvelle ressource facilite l'installation de Vifax dans les centres de français langue étrangère en Afrique et contribue à la formation des professeurs des pays non francophones. En 1999, la Bulgarie, la Roumanie, la Moldavie, l'Egypte et la Macédoine sont les pays les plus avancés dans l'utilisation de la méthode. Ils se sont totalement appropriés le programme en constituant une équipe nationale chargée, notamment, de la formation des enseignants et du suivi pédagogique. Nos postes soutiennent financièrement les travaux de ces équipes. Vifax est un programme du secteur éducatif de l'Agence de la francophonie qui donne entièrement satisfaction. Il est apprécié de manière quasi unanime, particulièrement par nos ambassades, dans les pays où il est implanté. L'Agence, dans sa proposition de programmation 2000/2001, à l'initiative de la France, a confirmé le succès de Vifax. Elle a, en effet, programmé sa poursuite et son développement par la déconcentration de sa gestion et une prise en charge plus grande de son fonctionnement, au niveau national ou régional, par les établissements participants, constitués en réseaux. Ce programme d'enseignement à distance n'est donc nullement interrompu et son extension est au contraire prévue dans de nombreux pays. D'autres programmes d'enseignement à distance du français sont mis en uvre et suivis par l'Agence de la francophonie dans les domaines comme l'éducation de base pour la formation des personnels de l'éducation (2 700 alphabétiseurs, 3 800 professeurs et 1 000 inspecteurs et conseillers ont été formés dans une vingtaine de pays) ou comme la formation professionnelle et technique (800 agents de coopératives). Un soutien appuyé est par ailleurs apporté aux dispositifs nationaux d'enseignement à distance. L'agence a créé un site Internet (http://ciffad.francophonie.org) constitué d'une base de données exhaustives des établissements, cours, produits et experts en enseignement à distance. Elle édite un bulletin de liaison " Nouvelles de la formation à distance " qui touche 3 000 abonnés francophones. Elle a, de plus, lancé un guide du multimédia pour le français langue étrangère. L'Agence organise sur ce site des forums et des conférences virtuelles. Par ailleurs, pour le prochain biennium, la mise en uvre d'un projet intitulé " canal éducatif francophone " est prévue. La fondation partenaire World Space dispose à conditions préférentielles d'un certain nombre de canaux pour des actions de formation. La couverture continentale du satellite permettra de desservir les populations francophones d'Afrique, du Proche-Orient et de l'océan Indien. Cet outil éducatif est parfaitement intégrable à de nombreux cursus de tous niveaux comme support d'enseignement à distance et de formation. 29 pays francophones s'approprieront ainsi une technologie d'avenir pour soutenir et enrichir leurs capacités en matière d'éducation et de formation. Le Canal éducatif francophone, avec sa vocation éducative et culturelle, devrait constituer un puissant instrument pour renforcer la place du français dans le monde puisqu'il touche en premier lieu les jeunes.
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