Question de Mme BERGÉ-LAVIGNE Maryse (Haute-Garonne - SOC) publiée le 07/05/1999
Question posée en séance publique le 06/05/1999
M. le président. La parole est à Mme Bergé-Lavigne.
Mme Maryse Bergé-Lavigne. Ma question s'adresse à M. le ministre de la défense.
Monsieur le ministre, le malheur des réfugiés du Kosovo a provoqué chez nos concitoyens un mouvement de solidarité
et de générosité jamais atteint jusqu'à maintenant.
Les Français ont répondu massivement aux appels des organisations humanitaires, notamment de la Croix-Rouge.
Après les collectes de produits alimentaires, de produits sanitaires, ils ont envoyé des chèques pour financer
l'acheminement des colis. Or les médias et les témoignages directs des transporteurs routiers font état d'un
phénomène très préoccupant : une partie de cette aide - le chiffre de 60 % a été avancé - serait détournée par des
mafias locales ; les passages des camions seraient soumis à des tracasseries administratives résolues très souvent
par des « dons en nature. »
Monsieur le ministre, vous vous êtes rendu à plusieurs reprises, et encore récemment, en Albanie et en Macédoine, où
vous avez rencontré les autorités locales, les organisations et les militaires français très engagés dans l'action
humanitaire. Ce problème a-t-il été évoqué ?
Comment faire pour s'assurer que l'aide humanitaire parvient effectivement et en temps voulu aux personnes qui en ont
le plus besoin ?
Des mesures sont-elles envisagées par les différents pays participant à l'aide aux réfugiés kosovars pour mettre fin à ce
triste racket et créer des conditions satisfaisantes d'acheminement des colis ?
Monsieur le ministre, les Français, qui ont fait preuve de solidarité, de générosité, de tant d'humanité, ont besoin d'être
informés. (Applaudissements sur les travées socialistes et sur celles du groupe communiste républicain et citoyen.)
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Réponse du ministère : Défense publiée le 07/05/1999
Réponse apportée en séance publique le 06/05/1999
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Alain Richard, ministre de la défense. Monsieur le président, mesdames, messieurs les sénateurs, Charles
Josselin est lui-même aujourd'hui en déplacement en Macédoine. C'est la raison pour laquelle je réponds à sa place,
mais nous avons travaillé côte à côte, comme d'ailleurs les humanitaires et les militaires français ont travaillé au coude
à coude sur le terrain.
M. le Premier ministre s'est rendu lui-même en Albanie et en Macédoine la semaine dernière. Sous son autorité, le
Gouvernement a décidé la mise en oeuvre d'un plan humanitaire français pour les pays de la région, qui représente 225
millions de francs d'engagements, auxquels s'ajoutent des aides budgétaires qui ont par ailleurs été mises en oeuvre
par Dominique Strauss-Kahn et des aides à la reconstruction à titre bilatéral, mais aussi dans le cadre de l'Union, pour
un total de près de 1 milliard de francs.
Comme vous l'avez souligné, l'effort de solidarité des Français a, de son côté, été remarquable : sur plus de 10 000
tonnes d'aides recueillies auprès de nos concitoyens à partir du Numéro Vert, 2 500 tonnes sont déjà en train d'être
déchargées à Durrës, en Albanie. Elles seront distribuées sur place par les organisations non gouvernementale en
direction des familles qui accueillent de très nombreux réfugiés.
S'agissant des modalités d'acheminement et de distribution de l'aide en Albanie - puisque c'est principalement en
Albanie que se posent ces problèmes de sécurité autour des convois - une cellule de coordination a été mise en place,
à Tirana, autour d'un représentant du Premier ministre albanais, M. Islami. Ce dernier, nous tenons à le souligner,
accomplit un travail remarquable. C'est, par ailleurs, un ami de notre pays.
Une concertation entre les différents acteurs de l'aide française est, en outre, organisée par nos partenaires de la cellule
d'urgence du ministère des affaires étrangères, qui a montré, une fois de plus, son efficacité.
En ce qui concerne les difficultés d'acheminement que vous rapportez, je peux vous fournir quelques précisions.
L'aide humanitaire gouvernementale française et les colis familiaux collectés auprès des Français sont acheminés par
avion et, depuis le début du mois de mai, par bateau. Le risque d'interception ou de menace le long des convois est
donc limité. Quant au transport par camion, il n'est pas, à notre connaissance, soumis à des difficultés supérieures - je
vois mon ami Bernard Kouchner opiner - à celles que l'on a pu connaître lors d'autres crises humanitaires.
Je rappelle que, si les pays de l'Alliance - la France étant particulièrement active - ont décidé de déployer une force
d'appui humanitaire en Albanie, c'est parce qu'il existait un certain nombre de faiblesses dans les structures publiques
des provinces de ce pays.
Je souhaite appeler l'attention de ceux qui organisent généreusement les convois sur le caractère indispensable des
formalités nécessaires au moment du départ.
Et, pour répondre complètement à votre question sur les meilleures conditions d'acheminement, le soutien au
renforcement des structures administratives et hospitalières albanaises ainsi que le respect d'un effort de coordination
par le Haut Commissariat de l'ONU pour les réfugiés et par les ONG restent les meilleures garanties de l'efficacité de
l'aide apportée.
Il faut rendre encore une fois hommage à l'ensemble des Français et aux personnels des services publics et des ONG
qui se sont engagés ainsi qu'à l'extraordinaire volonté des autorités du peuple albanais, qui ont accueilli volontairement
et fraternellement 400 000 Kosovars sur leur territoire. (Applaudissements sur les travées socialistes et sur celles du
groupe communiste républicain et citoyen.)
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