Question de M. CHABROUX Gilbert (Rhône - SOC) publiée le 18/02/1999
M. Gilbert Chabroux attire l'attention de M. le ministre des affaires étrangères sur la situation dramatique que connaît la population du Congo-Brazzaville. Alors que le personnel et les locaux de l'ambassade de France à Brazzaville et du consulat général de Pointe-Noire, ont vu leur sécurité renforcée du fait de l'insécurité extrême qui sévit dans l'ensemble du Congo-Brazzaville, force est de constater que la population, et en particulier les personnes appartenant à l'ethnie de l'ex-président Lissouba sont victimes des pires atteintes aux droits de l'homme. En effet, selon diverses sources d'informations, les unités spéciales de la police et de l'armée procèdent à des " ratissages ". Elles détruisent les biens, tuent tout jeune homme et adulte trouvés sur ces mêmes lieux. Les femmes, quant à elles, sont bien souvent victimes de viols ou bien assassinées, au même titre que les enfants ou les vieillards. Devant cette situation dramatique, alors que nous venons de célébrer le cinquantenaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme, il lui demande quelle mesure compte prendre le Gouvernement afin que le génocide rwandais de 1994 ne se répète pas.
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Réponse du ministère : Affaires étrangères publiée le 29/04/1999
Réponse. - La République du Congo, qui se relevait à peine de la guerre civile de 1997, est de nouveau en proie à des affrontements meurtriers. Cette nouvelle éruption de violence touche durement les populations civiles. La situation humanitaire est préoccupante. Plusieurs localités de l'intérieur du pays ainsi que certains quartiers de la capitale ont été vidés de leur population. Par ailleurs, le développement économique et social du pays est gravement pénalisé. L'activité est paralysée, de nouvelles infrastructures ont été détruites. La violence des combats qui opposent les forces gouvernementales aux éléments armés rebelles est amplifiée par la faible discipline des troupes engagées et la circulation incontrôlée des armes. Comme le relève l'honorable parlementaire, nombre d'exactions sont à déplorer, qu'il s'agisse de pillages, de viols ou d'exécutions sommaires. La France condamne avec la plus grande fermeté de tels actes et souhaite que leurs auteurs en soient punis. Il est essentiel qu'il soit mis fin aux débordements constatés au Congo depuis plusieurs mois. Il en va de la responsabilité de tous les acteurs de cette crise, et en particulier de ceux qui ont pris l'initiative de recourir de nouveau aux armes. Chacun doit être conscient que l'intérêt du peuple congolais doit primer. Face à ce nouveau drame, la France ne demeure pas inactive. Seul pays de l'Union européenne, avec l'Italie, à être représentée par une ambassage sur place, la France s'emploie à soulager les souffrances des populations et à encourager l'émergence d'une solution politique. Cette action s'exerce localement dans des conditions particulièrement difficiles. Je rappelle que la représentation française au Congo a été endeuillée par le décès, le 21 janvier dernier, d'un gendarme dans l'exercice de ses fonctions. Sur le plan humanitaire, la France a été le premier pays à délivrer une assistance aux populations déplacées de la capitale pour un montant de 2 MF à ce jour. L'affrètement d'un avion a permis de fournir des biens de première nécessité à ceux qui avaient dû fuir les combats du mois de décembre dans les quartiers sud-ouest de la capitale. Sur le plan politique, la France estime qu'il est indispensable que les parties en présence manifestent leur volonté de trouver une solution par la voie du dialogue. Tel n'est hélas pas encore le cas aujourd'hui. C'est la raison pour laquelle la France s'efforce de convaincre les protagonistes qu'il n'existe pas de solution militaire aux problèmes du pays. Cela suppose que l'opposition renonce à l'action armée et que le gouvernement actuel se prête à une ouverture politique, sans exclusive, en direction de tous ceux qui peuvent contribuer à l'apaisement et à la reconstruction dont le pays a besoin de manière si urgente. Le temps est venu pour la classe politique congolaise de s'engager dans une véritable réconciliation nationale qui réponde aux attentes de tous les Congolais. La France uvrera autant qu'elle le pourra dans ce but.
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