Question de M. MÉLENCHON Jean-Luc (Essonne - SOC) publiée le 18/02/1999
M. Jean-Luc Mélenchon attire l'attention de M. le ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie sur le problème des enfants atteints de dyslexie. Ce trouble spécifique de l'apprentissage du langage écrit touche 2 millions de personnes en France, dont 8 à 10 % sont des enfants. Il trouve son origine dans une anomalie de la maturation du cerveau. Les enfants dyslexiques, qui éprouvent des difficultés à apprendre à lire et à écrire, sont d'une intelligence normale et ne souffrent ni de troubles sensoriels ni de problèmes psychologiques. Or, en raison de l'absence d'information et de formation des médecins, enseignants et psychologues scolaires, la dyslexie de ces enfants est généralement détectée très tard. Ces enfants subissent plusieurs redoublements, et, faute de classes publiques adaptées à leurs besoins, ils sont très souvent placés dans des classes parallèles, voire dans des centres socio-éducatifs. Une note réalisée par le médecin du conseil général d'Aquitaine dénombrait que sur 106 enfants atteints de trouble du langage, 63 % étaient placés en institut de rééducation, 33 % se trouvaient en instituts médico-éducatifs et 4 % en instituts pour déficients auditifs. Il souhaiterait connaître ses propositions pour remédier à ce problème douloureux.
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Réponse du ministère : Éducation publiée le 29/07/1999
Réponse. - La dyslexie est un trouble de l'apprentissage du langage écrit, mais elle commence bien souvent chez l'enfant par un trouble du langage parlé (dysphasie), c'est pourquoi ces deux manifestations des troubles du développement du langage sont indissociables. Les difficultés d'apprentissage de la lecture et de l'écriture des enfants dyslexiques sont souvent mal interprétées par le milieu scolaire. Par méconnaissance de ce problème, celui-ci peut attribuer ces difficultés à une déficience intellectuelle, à la paresse ou à un milieu familial et social défavorable, alors même que les véritables raisons doivent être recherchées ailleurs, notamment dans le fait que l'enfant dyslexique dont le handicap n'a pas été clairement identifié et n'a pas fait l'objet d'une rééducation appropriée, ce qui amplifie d'autant plus ses difficultés. Le ministère de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie a pris conscience de l'importance du problème. Le plan de relance pour la santé scolaire présenté le 11 mars 1998 entend améliorer le dépistage et le meilleur suivi des problèmes de santé que peuvent rencontrer les enfants scolarisés dès l'école maternelle. Le renforcement de la continuité du travail entre la protection maternelle et infantille (PMI) et la médecine scolaire, qui figure parmi l'une des vingt mesures de ce plan, a pour objectifs d'assurer le suivi spécifique des enfants dont l'état de santé est dificient et qui ont été repérés grâce aux bilans systématiques réalisés, soit la PMI pour les élèves de trois et quatre ans, soit par le service de promotion de la santé en faveur des élèves du ministère de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie pour les élèves de six ans. Les enfants ainsi dépistés doivent être orientés vers une prise en charge spécialisée. Dans cet esprit, une étude de faisabilité est actuellement menée au sein du ministère de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie en vue d'étendre à l'ensemble des académies l'expérience mise en uvre par les personnels de santé de l'académie de Grenoble depuis la rentrée scolaire 1998 et qui a pour objectif de détecter les troubles de l'apprentissage du langage et en particulier ceux de la lecture à partir de la mise en place d'un protocole centré sur l'évaluation des compétences neuro-sensorielles de l'élève. Il convient enfin de préciser que les orientations actuelles de la politique du ministère de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie convergent vers la scolarisation en milieu ordinaire de tous les enfants, accompagnée, si nécessaire, des aides et soutiens dont ils ont besoin. Ce principe général s'applique également aux enfants présentant des difficultés du langage.
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