Question de M. CHABROUX Gilbert (Rhône - SOC) publiée le 27/08/1998
M. Gilbert Chabroux attire l'attention de M. le ministre des affaires étrangères sur les conséquences dramatiques qu'entraînent les décisions prises par la milice islamique des Talibans. En effet, le 20 juillet dernier, la milice islamique des Talibans a décidé de fermer le bureau des affaires humanitaires de la commission européenne de Kaboul. Cette décision constitue une nouvelle atteinte aux droits de l'homme car elle prive la population civile de la capitale afghane d'une aide indispensable pour assurer le maintien de sa survie. En conséquence, il lui demande quelle position compte prendre le ministère en la matière, d'autant que le protocole d'accord signé entre l'Organisation des Nations unies (ONU) et les tenants du pouvoir afghan paraît fort compromis.
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Réponse du ministère : Affaires étrangères publiée le 12/11/1998
Réponse. - L'honorable parlementaire a bien voulu appeler l'attention du ministre des affaires étrangères sur les conséquences de la fermeture à Kaboul du bureau des affaires humanitaires de la Commission européenne. Le bureau d'ECHO a été en effet fermé de façon arbitraire et unilatérale par les talibans, le 20 juillet dernier, le pouvoir de Kaboul ayant vraisemblablement assimilé l'agence européenne aux ONG opérant dans la capitale afghane, expulsées le même jour. Le Gouvernement français a été d'autant plus préoccupé par cette décision que notre pays contribue à plus de 17 % au budget d'ECHO, les ONG françaises étant les principales bénéficiaires des programmes de cette agence en Afghanistan. Les décisions prises par les talibans ont eu pour effet immédiat la suspension de tout financement par ECHO, ce qui aura sans aucun doute de graves conséquences sur la situation de la population afghane. Aussi la France s'est-elle mobilisée afin que l'aide indispensable que les ONG apportaient à la population afghane leur parvienne à nouveau, dans des conditions acceptables de sécurité et de respect de la non-discrimination sexo-spécifique. Un envoyé spécial du ministre des affaires étrangères s'est rendu dans plusieurs pays disposant d'une influence sur les talibans pour souligner la nécessité d'une reprise de l'activité des organisations non gouvernementales, et à l'importance qui s'attachait à ce que leur retour soit assorti de garanties concernant leurs conditions de travail. Notre chargé d'affaires en Afghanistan s'est rendu à Kaboul en août, où il a tenu le même langage aux autorités de l'émirat islamique. Depuis lors, les négociations entre les talibans et les divers organismes d'aide n'ont guère progressé, les agences de l'ONU, en particulier, ayant dû évacuer l'Afghanistan après l'attentat survenu le 20 août à l'encontre de deux agents de la mission spéciale des Nations unies pour l'Afghanistan. La mission que mène actuellement dans la région M. Lakhdar Brahimi, représentant spécial du secrétaire général de l'ONU, avec lequel le ministère des affaires étrangères entretient une étroite relation, permettra de faire prochainement le point sur les perspectives d'avenir. Nous sommes désireux de tout mettre en uvre pour favoriser, dès que la situation le permettra, le retour des ONG en Afghanistan, comme témoigne la tenue d'une réunion, le 30 septembre à Paris, avec les représentants des membres de ces ONG.
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