Question de M. JOLY Bernard (Haute-Saône - RDSE) publiée le 09/07/1998

M. Bernard Joly attire l'attention de M. le ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie sur l'introduction de la langue des signes comme option de langue au baccalauréat au même titre que les langues anciennes ou régionales. Son choix pourrait s'opérer dès la classe de quatrième quand il s'agit d'opter pour une seconde langue vivante. Cette possibilité permettrait de lutter efficacement contre une forme d'exclusion. 95 % des enfants sourds sont issus de parents entendants. Or, l'apprentissage du langage des signes est difficile en dehors du système éducatif. Ce qui revient à dire que le handicap de départ est amplifié au fur et à mesure qu'il est demandé aux enfants malentendants d'acquérir des connaissances basées sur la communication. L'absence d'enseignement de saisie structurée les retarde dans l'apprentissage du français et dans leur scolarité. L'adjonction d'une seconde langue étrangère, à transmission orale, ne fait qu'accentuer leurs difficultés. Il lui demande quelles perspectives de rééquilibrage des chances par l'inscription du langage des signes dans la scolarité les enfants auditifs peuvent espérer.

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Réponse du ministère : Éducation publiée le 17/09/1998

Réponse. - Actuellement la réglementation du baccalauréat prévoit l'utilisation de la langue des signes lors des épreuves orales mais précise que l'évaluation ne peut en aucun cas porter sur la capacité du candidat à s'exprimer à l'aide de ce mode de communication. Le travail confié à l'assistant interprète présent lors de l'interrogation doit se limiter à la traduction la plus exacte possible des questions de l'examinateur et des réponses du candidat. Pour le ministère de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie, les conditions nécessaires à une réelle intégration des élèves présentant un handicap auditif passent par la possession d'un niveau minimum de communication et de maîtrise de la langue française. Dans cet esprit, la langue des signes doit toujours être associée et ne peut être étudiée pour son seul objet. Elle constitue un outil au service de la démutisation des élèves et facilite chez ceux-ci le développement de la conceptualisation. Avec cet objectif, elle est enseignée et utilisée dans les collèges et les lycées par les élèves handicapés réunis dans une même classe avec les autres élèves. Cette position a été exprimée à de nombreuses reprises dans les groupes de travail en partenariat mis en place par la délégation interministérielle aux personnes handicapées. Elle rejoint la préoccupation de la ministre de l'emploi et de la solidarité en ce domaine qui considère qu'il s'agit d'une condition obligatoire pour permettre aux élèves d'accéder aux apprentissages scolaires et préprofessionnels seuls en mesure de garantir ultérieurement une intégration pleine et entière. En outre, il apparaît que cette demande ne reflète pas la position de l'ensemble du mouvement associatif regroupant des personnes atteintes de handicaps auditifs. Nombre de familles sont convaincues que l'intégration impose l'apprentissage et la maîtrise des techniques de lecture labiale, de la méthode verbotonale, du français signé ou du langage parlé complété. Il semble toutefois que cette demande de prise en compte de la langue des signes à l'examen du baccalauréat reflète la grande difficulté qu'ont certains candidats handicapés à acquérir des compétences à la fois en langue française et dans plusieurs langues étrangères. Aussi, il est envisagé d'exempter dans certains cas les candidats qui le souhaiteraient de l'épreuve obligatoire de langue vivante 2 du baccalauréat ; le coefficient de l'épreuve obligatoire de langue vivante 2 serait alors neutralisé.

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