Question de M. HAMEL Emmanuel (Rhône - RPR) publiée le 28/05/1998
M. Emmanuel Hamel attire l'attention de Mme le secrétaire d'Etat au tourisme sur l'information parue à la page 9 du quotidien Le Monde du 13 mai 1998 selon laquelle " Pour la première fois l'Observatoire national du tourisme a établi un bilan de la fréquentation de 1 527 lieux " remarquables " accueillant plus de 20 000 visiteurs par an " et de constater que " la demande touristique reste très concentrée sur la région Ile-de-France (Dysneyland Paris, forêt de Fontainebleau, centre Pompidou, tour Eiffel...), et pour l'essentiel sur Paris, qui représente plus de 40 % l'ensemble de la fréquentation " et que " les lieux culturels, et notamment le patrimoine architectural et muséographique, connaissent une érosion parfois forte de leurs parts de marché au profit de l'offre culturelle : sites naturels, aquariums, parcs animaliers et surtout parcs d'attraction. " Il lui demande quelle est sa réaction face à ce bilan.
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Réponse du ministère : Tourisme publiée le 08/10/1998
Réponse. - La culture en général et le patrimoine culturel en particulier est indissociable de l'image touristique de la France à l'étranger et constitue une spécificité de notre pays. La richesse, l'importance et la diversité de ce patrimoine (38 000 monuments historiques, 4 000 musées, 2 000 festivals et manifestations diverses) font partie de l'originalité de notre offre touristique, face à la concurrence des destinations émergentes. Le patrimoine culturel constitue par ailleurs un enjeu déterminant pour l'irrigation dans l'espace et dans le temps de flux touristiques actuellement trop concentrés sur un petit nombre de régions et de départements métropolitains, pendant une saison touristique souvent unique et réduite à deux ou trois mois. Le patrimoine culturel constitue bien souvent la motivation principale de courts séjours thématiques en développement croissant dans notre pays permettant ainsi à des régions moins bien partagées que d'autres en soleil et en plages de susciter le séjour de touristes tant français qu'étrangers. Pour toutes ces raisons, il est indispensable de mieux valoriser trente années d'efforts de l'Etat et des collectivités locales mais aussi des bénévoles réunis en associations et de propriétaires privés, afin de récompenser par la reconnaissance de nombreux visiteurs et les flux économiques qu'engendreront leurs séjours les investissements considérables ainsi consentis. Le constat dressé par l'étude réalisée par l'Observatoire national du tourisme, sur les chiffres des fréquenations comparées des lieux culturels et non culturels de 1991 à 1996, confortés par l'analyse des chiffres de 1997, montre que nous ne tirons pas et de loin tout le parti possible de la richesse de notre patrimoine culturel. Deux points sont plus particulièrement préoccupants : 1º le trop faible nombre de monuments (0,37 %) et de musées (1,7 %) recevant au moins 100 000 visiteurs, seuil en deçà duquel il est difficile financièrement de mener une politique d'accueil, d'animation et de mise en valeur, apte à satisfaire une clientèle française et étrangère de plus en plus exigeante ; 2º l'érosion préoccupante enregistrée depuis six ans de la fréquentation des lieux culturels, alors que dans des conditions économiques similaires, les parcs à thèmes, les parcs animaliers et les aquariums enregistraient, au contraire, une augmentation régulière de leur clientèle. Cette dernière évolution est doublement préoccupante. On peut y voir, d'une part, un désintérêt pour le patrimoine des enfants, très souvent proscripteurs dans le choix des visites sur les lieux de vacances, reflet d'une présence télévisée omniprésente des émissions à thèmes ludiques ou animaliers au détriment des thèmes culturels ou historiques. On constate, d'autre part, que le savoir-faire très professionnel en matière de mercatique et de promotion qui explique le développement de ces parcs, manque à l'évidence à nos musées, monuments et festivals, à l'exception de la centaine d'entre eux qui concentrent la quasi-totalité des visiteurs. Conscients de cette situation préoccupante, le ministère de la culture et de la communication et le secrétariat d'Etat au tourisme ont décidé d'agir en commun pour la mise en uvre d'un plan de reconquête des clientèles perdues par le patrimoine culturel et de développement de clientèles nouvelles. Concrétisé par une convention d'objectifs signée à Figeac, le 18 juin dernier, ce plan comporte un certain nombre de mesures concrètes, dont la mise en uvre est prévue dès le second semestre de l'année 1998. Parmi ces mesures figurent notamment les actions suivantes : mise en place d'un observatoire des publics du patrimoine culturel et des sites non culturels, afin d'améliorer la connaissance de la fréquentation et de la demande des différentes clientèles tant françaises qu'étrangères ; inventaire des ressources culturelles exploitables touristiquement dans les régions françaises métropolitaines et d'outre-mer ; amélioration du balisage des sites culturels et de l'accueil des touristes notamment étrangers dans les lieux culturels ; renforcement des actions de promotion du tourisme culturel à l'étranger par le groupement d'intérêt économique " maison de la France " ; accroissement des actions de conseil et d'expertise de l'agence française de l'ingénierie touristique sur les sites culturels actuels ou potentiels ; renforcement de la coopération entre les directions régionales des affaires culturelles et les délégations régionales au tourisme, pour la mise en uvre des diverses mesures de ce plan de reconquête ; développement d'actions en matière de tourisme social afin de faciliter l'accès de tous au tourisme culturel. Un agent de l'administration du tourisme sera spécialement missionné afin de suivre la mise en uvre de ce plan d'actions tant au plan régional que national.
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