Question de M. de VILLEPIN Xavier (Français établis hors de France - UC) publiée le 21/05/1998
M. Xavier de Villepin attire l'attention de M. le ministre de la défense sur le problème de la défense antimissile balistique en Europe, de nouveaux pays ayant acquis ou cherchant à acquérir des missiles balistiques ou de croisière. Il paraît donc nécessaire de reprendre le dossier de la défense antimissiles. La menace est susceptible de venir des pays suivants : Iran, Irak, Libye, Syrie et Corée du Nord. Prévoyant activement le développement de divers systèmes antimissiles, la question se pose donc également de la défense du continent européen. Des projets sont-ils à l'étude et la France a-t-elle des solutions à proposer ?
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Réponse du ministère : Défense publiée le 16/07/1998
Réponse. - Les menaces suceptibles d'être exercées sur la France, par les pays disposants de missile balistiques ou de croisière, sont de nature diférente selon que l'on considère le territoire national ou les troupes déployées sur un théâtre extérieur. Actuellement, seuls les arsenaux des quatre puissances nucléaires déclarées ont la capacité technique d'atteindre le territoire national. A moyen terme, cette situation ne devrait pas évoluer fondamentalement, dans la mesure où les missiles balistiques en cours de développement dans certains pays proliférants ont une portée limitée (de l'ordre de 1 000 à 1 500 kilomètres selon la charge militaire utilisée) ne leur permettant pas de menacer notre territoire. Il n'est pas envisagé que la France se dote d'un système antimissile de protection de son territoire. Le développement d'un tel système n'est en effet pas compatible avec son concept de dissuasion nucléaire, qui vise à prévenir toute atteinte à ses intérêts vitaux. S'agissant de la menace aérienne qui peut être exercée sur des troupes déployées sur un théâtre extérieur, elle provient essentiellement, hormis les aéronefs pilotés, de missiles de la classe des SCUD et éventuellement de missiles de croisière. Le programme sol-air (FSAF), développé en coopération avec l'Italie pour remplacer les systèmes sol-air courte portée HAWK, répond au besoin de défense localisée de troupes déployées sur un théâtre extérieur contre tous types d'aéronefs et de missiles aériens. Issu de ce programme, le système sol-air antimissiles (SAAM) équipera le porte-avion nucléaire Charles-de-Gaulle en 2000. Le système sol-air moyenne portée (SAMP/T) sera en dotation au sein de l'armée de terre et de l'armée de l'air respectivement à partir de 2006 et de 2008. Enfin le système d'armes de la future frégate anti-aérienne Horizon, le PAAMS, est développé en coopération avec l'Italie et le Royaume-Uni. Ces systèmes, conçus à l'origine pour lutter contre les menaces aériennes, possèdent intrinsèquement des capacités opérationnelles face aux missiles balistiques. Parmi nos principaux partenaires européens, les Britanniques cherchent pour l'instant à promouvoir leurs solutions techniques et industrielles, notamment dans le domaine des radars et ne sont impliqués, à ce jour, dans aucun programme de défense antimissile ou anti-aérienne moyenne portée. L'Italie participe, quant à elle, à plusieurs programmes en coopération dont le FSAF, le PAAMS et le MEADS avec l'Allemagne et les Etats-Unis. Enfin, l'Allemagne a confirmé sa volonté de coopération bilatérale avec les Etats-Unis par la constitution d'une brigade de défense anti-aérienne commune d'environ 500 hommes et par la prorogation en 1997 de l'accord bilatéral " Roland-Patriot " de décembre 1983.
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