Question de M. HAMEL Emmanuel (Rhône - RPR) publiée le 02/04/1998
M. Emmanuel Hamel attire l'attention de M. le secrétaire d'Etat à la santé sur l'information parue à la page 15 du quotidien Le Figaro du 2 mars dernier sous le titre : " Le sida menace les plus pauvres ", selon laquelle : " ... les banlieues sont mal loties en matière de couverture médicale du sida, peu de généralistes ou de spécialistes s'y intéressent. Par ailleurs, les personnes contaminées, surtout celles en situation précaire, vont directement à l'hôpital aux services d'urgence lorsque leur état de santé est déjà gravement compromis ". Mais pour une association de lutte contre le sida " l'offre de soins ne peut rester une offre passive ". Il s'agit d'aller vers les populations et non pas d'attendre à ce qu'elles viennent aux urgences. " Notre crainte, c'est de voir se construire des hôpitaux forteresses en banlieue avec des vigiles ", met en garde le président du comité Ile-de-France de l'association précitée. " Si on projette le modèle de l'hôpital parisien, ce sera la catastrophe. Il faudrait l'inverse, l'hôpital dans la ville doublé d'antennes chargées de la prévention dans les quartiers en difficulté avec des campagnes bien ciblées sur les besoins de chaque communauté. " Il lui demande quelle est sa réaction face à cette analyse et s'il envisage de prendre des mesures dans le sens préconisé par le président du comité Ile-de-France de l'association mentionnée ci-dessus.
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Réponse du ministère : Santé publiée le 30/07/1998
Réponse. - L'association d'AIDES Ile-de-France à l'occasion du forum sida urgences, organisé le dimanche 1er mars, signale une aggravation de l'épidémie dans les quartiers en difficulté. L'analyse des données de surveillance du sida au 31 décembre 1997, réalisée par le réseau national de santé publique, fait apparaître un nombre de 19 000 à 21 000 personnes vivantes atteintes de sida en France. L'Ile-de-France représente 43 % des cas. Après une stabilisation du nombre de nouveaux cas de sida dès 1990, on observe une diminution amorcée fin 1994, qui devient très nette à partir de 1996 : - 31 % entre 1996 et 1997. Ces diminutions, observées dans les trois principaux groupes de transmissions, sont comparables entre le département de Paris (- 32 %), les départements de la petite couronne (- 31 %) et ceux de la grande couronne (- 31 %). L'analyse de l'activité hospitalière montre entre Paris (sur 19 hôpitaux) et la proche couronne (sur 10 hôpitaux) une différence importante dans la composition des files actives. Les personnes homo-bisexuelles sont plus fréquemment suivies à Paris : 49,2 % contre 24 % en proche couronne. Inversement, les personnes contaminées par toxicomanie intraveineuse sont plus représentées en proche couronne : 30,7 % pour 14,7 % à Paris. La part des patients traités dans les files actives est identique à Paris et en proche couronne et il n'existe aucune différence dans les modalités de traitement par groupe de contamination. La modification du contexte de l'infection à VIH sur le plan des traitements et du diagnostic renforce l'importance des déterminants sociaux, économiques et culturels tant dans le domaine de la prévention que dans celui de l'accès aux soins et à l'accompagnement. La part des personnes développant un sida sans prise en charge préalable de leur infection et, parmi elles, de celles qui ne la connaissaient pas, est importante. Cela illustre la nécessité d'optimiser la politique de dépistage et de prise en charge auprès de populations dont la vulnérabilité et la précarisation constituent des difficultés majeures d'accès à l'information et aux soins. Un vaste programme d'amélioration de cette politique est mis en place par les pouvoirs publics. Il comporte une information de la population, la formation des professionnels - notamment les médecins - et une adaptation des consultations de dépistage anonyme et gratuit à une plus grande ouverture vers les personnes les plus fragilisées. La création en 1994 des centres d'information et de soins de l'immunodéficience humaine (CISIH) dans les départements des Hauts-de-Seine et de laSeine-Saint-Denis avait pour but de développer des soins de proximité et de qualité adaptés aux besoins des populations. Une réflexion est en cours afin de mettre en place une procédure de coopération entre les hôpitaux de l'Essonne, du sud du Val-de-Marne et de la Seine-et-Marne. Elle pourrait aboutir à la création d'un nouveau CISIH.
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