Question de Mme BOCANDÉ Annick (Seine-Maritime - UC) publiée le 10/04/1998
Question posée en séance publique le 09/04/1998
M. le président. La parole est à Mme Bocandé.
Mme Annick Bocandé. Monsieur le président, madame, messieurs les ministres, mes chers collègues, ma question
s'adresse à M. le ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie.
L'élection des présidents de région a donné lieu à des débordements regrettables. (Ah oui ! sur les travées socialistes.)
Je prendrai pour exemple ce qui s'est passé en Haute-Normandie, à Rouen, le lundi 23 mars dernier : 2 000 manifestants
mobilisés par des élus de la gauche dite « plurielle » ont envahi les locaux du conseil régional,...
M. René-Pierre Signé. Ils ont eu raison !
Mme Annick Bocandé. ... insultant et molestant le président sortant, le candidat à la présidence et les élus de la droite
républicaine.
M. René-Pierre Signé. Et M. de Raincourt, en Bourgogne ?
M. Alain Gournac. Et la liberté ?
M. Jean Chérioux. C'est ça, la démocratie !
Mme Annick Bocandé. Parmi ces manifestants, on notait la présence de nombreux lycéens encouragés et accompagnés
par des enseignants arborant banderoles et insignes emblématiques.
M. Dominique Braye. C'est le fascisme de gauche !
M. Jean Chérioux. C'est un pléonasme !
M. René-Pierre Signé. Ils avaient raison !
Mme Annick Bocandé. Tous vociféraient, hurlaient des slogans vulgaires et hostiles à la droite républicaine soupçonnée
à tort - les faits l'ont confirmé - d'alliance tacite avec les élus du Front national. (Eh oui ! sur les travées socialistes.)
Un sénateur du RPR. Et alors ?
Mme Annick Bocandé. Ma question est simple, monsieur le ministre : trouvez-vous normal que des lycéens et des
professeurs, prenant sur leur temps scolaire,...
M. René-Pierre Signé. Ils défendaient la démocratie !
Mme Odette Terrade. Et leur avenir !
Mme Annick Bocandé. ... participent à cette mobilisation politicienne ? Est-ce votre conception de l'école publique ?
Pensez-vous qu'il s'agissait là de travaux pratiques du cours d'instruction civique ? (Oui ! sur les travées socialistes.)
M. Alain Gournac. Très bien !
Mme Annick Bocandé. Des sanctions sont-elles prévues à l'encontre des enseignants accompagnant les lycéens et
participant à une grève sans préavis ?
M. Alain Gournac. Surtout pas !
Mme Annick Bocandé. Enfin, que comptez-vous faire pour éviter à l'avenir de tels comportements ? (Bravo ! et vifs
applaudissements sur les travées de l'Union centriste, des Républicains et Indépendants et du RPR, ainsi que sur
certaines travées du RDSE.)
M. René-Pierre Signé. Quelle question !
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Réponse du ministère : Éducation publiée le 10/04/1998
Réponse apportée en séance publique le 09/04/1998
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Claude Allègre, ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie. Madame la sénateur
(Rires),...
M. Jean Chérioux. Sénatrice !
M. Claude Allègre, ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie. ... je voudrais d'abord
rappeler un fait : l'âge moyen de passage du baccalauréat est de vingt ans et demi dans les lycées professionnels,...
M. Jean Chérioux. C'est le progrès républicain, ça !
M. Claude Allègre, ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie. ... de dix neuf ans et
demi dans les lycées techniques et de dix-huit ans dans les lycées généraux. Cela signifie que la grande majorité des élèves
des classes terminales sont majeurs légalement....
Mme Hélène Luc. Exactement !
M. Claude Allègre, ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie. ... et que, en
conséquence, ils se conduisent en citoyens, sans avoir besoin d'instructions diverses.
M. Jean Chérioux. On vous fait confiance !
M. René-Pierre Signé. Et ils protestent, comme les citoyens !
M. Dominique Braye. Et les professeurs qui les accompagnent ?
M. le président. Veuillez poursuivre, monsieur le ministre !
M. Claude Allègre, ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie. Monsieur le sénateur, je
ne cherche pas à polémiquer, je rappelle simplement un fait !
Par ailleurs, le droit de manifestation, tout comme le droit de grève, existe dans notre pays. Il ne m'appartient pas de le
réglementer. Mais si le Parlement souhaite le faire, il lui appartient de le proposer.
M. René-Pierre Signé. Ils en seraient capables !
M. Claude Allègre, ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie. Enfin, il n'est pas
nécessaire de donner des exemples d'un certain type de comportement, ni dans un sens ni dans un autre. Pour notre
démocratie, ce qui s'est passé récemment lors d'un certain nombre d'élections offre une piètre illustration de l'instruction
civique.
Plusieurs sénateurs socialistes. La Bourgogne ! La Bourgogne !
M. Claude Allègre, ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie. Ceux qui sont porteurs
du vote des élécteurs ne peuvent à mon avis pas le dériver au bout de huit jours, comme ils veulent le faire.
M. Alain Gournac. Ils sont libres !
M. Claude Allègre, ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie. Chacun d'entre eux est
en effet porteur d'une représentation nationale qu'il a acquise au cours de ce vote.
Plusieurs sénateurs du RPR. Représentation régionale !
M. Gérard Larcher. Oui, la représentation nationale, c'est ici !
M. Claude Allègre, ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie. Je suis d'accord.
M. le président. Mes chers collègues, n'interrompez pas M. le ministre, il a déjà largement dépassé son temps de parole
!
Poursuivez, monsieur le ministre.
M. Claude Allègre, ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie. Monsieur le président,
l'interruption fait partie du jeu démocratique, auquel je suis personnellement très attaché. (Sourires.)
Il ne faut pas mélanger les questions de forme avec les questions de fond.
En ce qui me concerne - je vous le dirai tout net - je ne crois pas qu'il soit sain pour la démocratie que des assemblées
délibèrent sous des vociférations quelconques. (Très bien ! et applaudissements sur les travées des Républicains et
Indépendants, du RPR et de l'Union centriste, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
Je ne le crois pas en tout état de cause ; de la même manière, le fait que, lors de l'élection du président de la région
Centre, des pancartes aient été brandies y compris par les conseillers régionaux ne me paraît pas bien illustrer la
République.
Je crois donc que, dans ces moments difficiles, chacun d'entre nous doit respecter les règles de la République.
M. René-Pierre Signé. Elles ne sont pas respectées ! Voyez en Bourgogne ! C'est honteux !
M. Claude Allègre, ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie. Personnellement, je fais
la différence entre les partis républicains et les partis qui ne le sont pas ! (Applaudissements sur les travées socialistes.)
M. Dominique Braye. Et les professeurs ?
M. Alain Gournac. Vous oubliez les professeurs !
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