Question de Mme BIDARD-REYDET Danielle (Seine-Saint-Denis - CRC) publiée le 27/03/1998

Question posée en séance publique le 26/03/1998

M. le président. La parole est à Mme Bidard-Reydet.
Mme Danielle Bidard-Reydet. Avec 1 400 000 habitants, dont 29 % ont moins de vingt ans, la Seine-Saint-Denis
recèle de grandes potentialités mais souffre également d'un échec scolaire très important.
Au seuil du troisième millénaire, notre pays, quatrième puissance économique mondiale, doit permettre à cette jeunesse
d'accéder à une formation de grande qualité.
En annonçant officiellement pour le département, le 2 mars dernier, un « plan de rattrapage », réclamé depuis près de dix
ans par les intéressés, M. le ministre de l'éducation nationale s'est lancé un véritable défi pour la réussite scolaire. Ce défi,
c'est aussi le nôtre.
En effet, nous devons combler des retards importants par rapport aux résultats nationaux : 15 points de retard pour la
scolarisation en maternelle ; 5,2 points de retard pour les résultats d'évaluation en cours élémentaire deuxième année ; 12
points de retard pour les résultats du brevet des collèges ; 15 points de retard pour l'ensemble des baccalauréats.
J'ajoute que près de 30 % des élèves de ce département quittent chaque année le système scolaire sans aucun diplôme.
L'étude des moyens qui ont été annoncés pour les quelque 1 000 établissements scolaires du département a permis de
constater leur insuffisance par rapport aux besoins reconnus. Ce constat entraîne une forte mobilisation, qui touche
l'ensemble de la communauté scolaire, les parents d'élèves et les élus.
Les diverses manifestations, notamment celle de samedi dernier et celle de cet après-midi, qu'on me dit massives et que je
soutiens, traduisent un malaise profond et une volonté forte d'être entendus.
Supprimer l'échec scolaire implique l'engagement de tous les hommes et de toutes les femmes du département. Le rapport
Fortier a d'ailleurs rendu hommage à « ces ressources humaines de très grande qualité ». Madame la ministre déléguée
chargée de l'enseignement scolaire, les paroles méprisantes de M. le ministre de l'éducation nationale doivent cesser.
(Rires et exclamations sur les travées du RPR.)
M. Robert Calmejane. C'est ça la majorité plurielle !
M. Dominique Braye. La question !
Mme Danielle Bidard-Reydet. Les enseignants de la Seine-Saint-Denis se battent au quotidien, souvent dans des
conditions très difficiles, pour la réussite de leurs élèves. Ils méritent non des insultes mais le respect.
M. le président. Posez votre question, madame Bidard-Reydet !
Mme Danielle Bidard-Reydet. Supprimer l'échec scolaire implique également de dégager des moyens concrets qui
soient à la hauteur des objectifs.
Le ministère reconnaît lui-même pour la rentrée de 1998 un déficit de 500 postes dans le secondaire, toutes catégories
confondues.
M. le président. Posez votre question, s'il vous plaît !
Mme Danielle Bidard-Reydet. Je vais la poser, monsieur le président. (Exclamations sur les travées du RPR.)
Vous avez prévu 235 créations de poste ; il en manque donc 265.
Pouvez-vous annoncer pour septembre 1998, d'une part, la création des 265 postes manquants dans le secondaire et,
d'autre part, la création de 100 postes dans le premier degré afin de permettre une bonne scolarisation dès le plus jeune
âge ?
Vouloir le succès scolaire pour les jeunes de la Seine-Saint-Denis est une grande ambition. Nous la partageons mais nous
voulons les moyens pour la réussir. (Applaudissements sur les travées du groupe communiste républicain et citoyen.)

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Réponse du ministère : Enseignement scolaire publiée le 27/03/1998

Réponse apportée en séance publique le 26/03/1998

M. le président. La parole est à Mme le ministre.
Mme Ségolène Royal, ministre délégué chargé de l'enseignement scolaire. Madame la sénatrice (Murmures
ironiques sur les travées du RPR), vous le savez, dès son arrivée, le gouvernement de Lionel Jospin s'est attelé à la lutte
contre les inégalités scolaires. C'est dans cette perspective qu'un plan de rattrapage pour la Seine-Saint-Denis a été
annoncé par Claude Allègre.
Madame la sénatrice, je crois qu'il faut s'en tenir aux faits. Loin d'avoir prononcé les paroles que vous lui prêtiez tout à
l'heure, le ministre de l'éducation nationale s'est au contraire fortement engagé en faveur de ce département, après que
celui-ci eut été abandonné pendant quatre ans, en annonçant ce plan de rattrapage. (Protestations sur les travées des
Républicains et Indépendants, du RPR et de l'Union centriste.) Cela ne s'était pas vu depuis plusieurs années !
M. Dominique Braye. Laissez-nous rire !
Mme Ségolène Royal, ministre délégué. Il est certain que le département de la Seine-Saint-Denis présente certaines
spécificités, mais je voudrais avant tout en évoquer les atouts parce que je crois qu'il ne faut pas stigmatiser un espace
géographique, quel qu'il soit.
L'un de ses principaux atouts, c'est effectivement la jeunesse de sa population. Nous devons mobiliser nos énergies pour
que ce jeune public scolaire puisse trouver des perspectives.
Certes, des conditions sociales et économiques difficiles ont des répercussions sur l'école.
M. Alain Gournac. Des paroles, toujours des paroles, encore des paroles !
Mme Ségolène Royal, ministre délégué. L'école va faire tout ce qu'elle peut pour aplanir ces difficultés mais, vous le
savez, elle ne pourra pas tout faire à elle seule.
En tout cas, nous avons engagé résolument la mise en oeuvre du plan de rattrapage présenté le 2 mars, qui porte sur 1
500 heures d'enseignement, douze médecins scolaires, trente-deux infirmières, vingt-deux assistantes sociales, trente
personnels administratifs techniciens, dix-huit conseillers principaux d'éducation, le renforcement de l'encadrement de
l'inspection académique, trente-quatre maîtres d'internat et surveillants d'externat, 3 500 emplois-jeunes supplémentaires.
Nous avons bien précisé qu'il s'agissait d'une première étape, que ce plan permettrait la mise en place de groupes de
travail et de réflexion autour des établissements scolaires.
Alors, la mobilisation qui se manifeste actuellement dans la rue, nous voulons la voir d'abord comme une mobilisation
positive des équipes éducatives, qui veulent s'en sortir.
Mme Danielle Bidard-Reydet. Tout à fait !
Mme Ségolène Royal, ministre délégué. Il faut maintenant que les équipes éducatives se réunissent, se mettent autour
de la table...
M. Alain Gournac. Qu'elles se mettent au travail !
Mme Ségolène Royal, ministre délégué. ... pour faire émerger, collège par collège, école par école, un projet
d'établissement.
Mme Danièle Bidard-Reydet. Il est fait !
Mme Ségolène Royal, ministre délégué. Des équipes d'inspecteurs de vie scolaire sont actuellement dans les 70
collèges les plus exposés afin de mettre en place un plan pluriannuel de rattrapage.
Cette première enveloppe de moyens doit nous permettre de faire renaître l'espoir au sein des équipes éducatives, dont
certaines sont, c'est vrai, au bout de leur énergie. C'est précisément pour cette raison que le Gouvernement fait un effort
sans précédent en faveur de ce département.
M. le président. Je vous prie de conclure, madame.
Mme Ségolène Royal, ministre délégué. Ma conclusion c'est que, maintenant, les élus doivent nous aider à remobiliser
les équipes éducatives de façon positive autour des projets pluriannuels que nous avons à mettre en place, afin que les
élèves qui sont aujourd'hui dans la rue puissent retrouver le chemin des établissements scolaires.
Nous arriverons, j'en suis convaincue, tous ensemble, à reconstruire le système scolaire en Seine-Saint-Denis parce qu'il y
a là une énergie formidable, tant du côté des élèves que du côté des enseignants. (Applaudissements sur les travées
socialistes.)
M. Alain Gournac. Démagogie !

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