Question de M. GOUTEYRON Adrien (Haute-Loire - RPR) publiée le 26/02/1998

M. Adrien Gouteyron attire l'attention de M. le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie sur les répercussions de la crise asiatique sur notre économie. Outre les risques d'extension de cette crise aux pays d'Europe de l'Est et en Russie (les monnaies de ces pays ne résisteraient pas à un ajustement forcé résultant de la crise), il lui rappelle que les banques américaines et françaises ont 24 milliards de francs de créances, soit 10 % des engagements financiers sur la zone du Sud-Est asiatique. Il lui demande, d'une part, si, comme certains experts le craignent, les effets de la crise asiatique sur la croissance française pourraient se situer dans une fourchette de - 0,3 à- 0,5 point en 1998. D'autre part, il souhaiterait qu'il lui indique quels effets déflationnistes il prévoit, le cas échéant, à l'horizon 1999. Enfin, il lui pose la question de la surcompétitivité des pays d'Asie ayant dévalué et donc des effets négatifs du commerce extérieur sur la croissance française. Il lui demande en même temps quelles conséquences ce processus peut avoir sur les investissements des entreprises et quelles mesures il entend prendre.

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Réponse du ministère : Économie publiée le 20/08/1998

Réponse. - Comme le signale l'auteur de la question, les banques françaises détiennent des créances importantes vis-à-vis des pays d'Asie de l'Est, de même que les banques allemandes ou japonaises et, dans une moindre mesure, les banques anglaises ou américaines. Mais l'ensemble de ces systèmes bancaires sont en situation de faire face aux risque nés de ces engagements. S'agissant plus particulièrement des banques françaises, leur rentabilité globale a nettement progressé et les effets de la crise asiatique n'ont pas remis en cause leur redressement en 1997, comme le montrent les résultats que les principaux établissements viennent de communiquer. L'engagement des banques françaises sur les pays affectés par les crises est important, mais de bonne qualité, et elles ont complété leurs provisions pour risque-pays. Auprès des pays d'Asie en difficulté, le FMI est inervenu rapidement, avec le soutien de la France, à la fois pour assurer leur solvabilité à court terme et pour assainir durablement leur situation financière. Il est également intervenu en Russie. Les échanges extérieurs constituent un autre canal de transmission possible de la crise asiatique. La baisse des prix des importations en provenance d'Asie pourrait conduire à un ralentissement de la hausse des prix industriels, voire à des baisses de prix de certains secteurs. Il serait toutefois abusif à ce stade de parler de " déflation ". Par ailleurs, le ralentissement de l'activité en Asie du Sud-Est et chez les partenaires commerciaux de la France et la perte de compétitivité des produits français résultant de la dépréciation de monnaies asiatiques pourraient induire une baisse des exportations en volume au cours de l'année 1998. Au total, la crise asiatique pourrait avoir un impact négatif de 1/2 point, ou un peu plus, sur la croissance française en 1998. Compte tenu de l'accélération de la croissance à la fin de l'année dernière, en particulier d'une augmentation de la demande interne plus rapide que prévu, un choc d'un demi-point sur la croissance en 1998 ne remettra pas en cause la prévision d'une croissance de 3 % sur l'année. Celle-ci pourrait même être un peu plus élevée, si les comportements sont conformes aux perspectives envisagées par l'INSEE dans sa dernière note de conjoncture. La crise asiatique constitue à n'en pas douter un choc important pour l'économie mondiale, dont les effets se font sentir en France et plus largement en Europe. Il convient de contribuer au redressement des pays en crise, et de surveiller de manière vigilante l'évolution de la situation économique internationale. Mais la croissance française est aujourd'hui assez robuste pour résister à un choc extérieur, grâce à la vigueur de la demande intérieure et à la stabilité monétaire que l'Europe connaît, du fait de la perspective de l'euro.

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