Question de M. MAHÉAS Jacques (Seine-Saint-Denis - SOC) publiée le 30/01/1998
Question posée en séance publique le 29/01/1998
M. le président. La parole est à M. Mahéas.
M. Jacques Mahéas. Monsieur le président, mesdames, messieurs les ministres, mes chers collègues, ma question
s'adresse à madame la ministre de la jeunesse et des sports. Elle concerne la soirée inaugurale du Stade de France (Ah !
sur les travées du RPR.)
Je laisserai de côté les interrogations sur les frais de construction et la gestion future de cet équipement, les décisions
prises à l'époque ne relevant pas de la responsabilité du gouvernement actuel. Donc, ne boudons pas notre plaisir. (Très
bien ! sur les mêmes bancs.)
Les spectateurs ont suivi avec rectitude les conseils judicieux prodigués par la préfecture de la Seine-Saint-Denis. Ils se
sont rendus, pour beaucoup, au Stade de France en utilisant les transports en commun. Les sportifs ont donc été
particulièrement disciplinés.
Nous avons assisté à un spectacle de grande qualité où se mêlaient la voltige, la lumière, la poésie, le chant et, bien
entendu, le sport.
Le match France-Espagne, point d'orgue de ce spectacle, m'a réconcilié avec le football professionnel de haut niveau.
(Applaudissements sur les mêmes travées.)
M. Christian Poncelet. Très bien !
M. Jacques Mahéas. Pratiquement, aucun accrochage ! Bien au contraire, des mains tendues à l'adversaire lorsque
celui-ci était tombé à terre sur une faute involontaire ! (Rires et exclamations sur les travées du RPR et des
Républicains et Indépendants.)
Aucune réelle contestation de l'arbitrage ; somme toute un match sans histoire avec des supporters disciplinés, la joie
ayant exclu l'excitation, le chauvinisme et la brutalité.
M. Christian Bonnet. Prenez-en de la graine !
M. le président. Monsieur Mahéas, venez-en à votre question.
M. Jacques Mahéas. Ma question est simple.
Un sénateur socialiste. Qui a gagné ? (Sourires.)
M. Jacques Mahéas. Je vous demande, madame le ministre, de transformer cet essai...
M. Henri de Raincourt. C'était un but !
M. Jacques Mahéas. ... au niveau de tous les sportifs de France, et plus particulièrement des footballeurs.
Les jeunes de la Seine-Saint-Denis, présents en grand nombre sur le stade et dans les tribunes, ont ouvert la voie.
Quelle action éducative comptez-vous donc mener, en liaison avec le ministère de l'éducation nationale, pour que, dans
les écoles, les clubs et les associations, on puisse retrouver, au quotidien, cet esprit sportif positif qui est parfois mis à mal
dans nos stades et nos équipements sportifs ? (Très bien ! et applaudissements sur les travées socialistes, sur celles
du groupe communiste républicain et citoyen, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
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Réponse du ministère : Jeunesse publiée le 30/01/1998
Réponse apportée en séance publique le 29/01/1998
M. le président. La parole est à Mme le ministre.
Mme Marie-George Buffet, ministre de la jeunesse et des sports. Monsieur le sénateur, c'est vrai, la concession
n'est pas à l'ordre du jour, mais, si nous ne sommes pas responsables de son contenu, nous allons néanmoins en supporter
les conséquences. Il faudra donc bien que nous en parlions un jour.
Mais, vous avez raison, en l'instant, parlons de la soirée d'hier.
Je partage votre enthousiasme. Je souhaite d'ailleurs, puisque vous m'en donnez l'ocasion, remercier les organisateurs, les
services publics de la RATP et de la SNCF, sans lesquels rien n'aurait été possible, ainsi que l'ensemble des ministères
concernés, tout particulièrement le ministre de l'intérieur et celui des transports. (« Vive Gayssot ! » et rires sur les
travées du RPR et des Républicains et Indépendants.)
M. Christian Poncelet. C'est grâce à Gayssot !
Mme Marie-George Buffet, ministre de la jeunesse et des sports. Je veux surtout remercier les bénévoles, les
dirigeants de clubs, qui ont accompagné les jeunes au stade, les « stadiers », qui ont permis, par leur générosité, que la
soirée se déroule dans de bonnes conditions.
J'en viens à votre question. Vous avez raison : le climat qui a prévalu hier soir doit se propager dans l'ensemble des stades
de France.
Nous constatons en effet, depuis quelques semaines, une sérieuse détérioration de la situation, surtout lors de rencontres
de sportifs amateurs où des violences et des dégradations très importantes et très graves sont commises.
Il importe donc de lancer une nouvelle campagne d'ampleur, en association avec le mouvement sportif pour promouvoir
l'esprit sportif, la convivialité, la solidarité et le respect des autres. Dans cette optique, j'envisage de revitaliser une grande
journée du sport et du bénévolat, qui pourrait avoir lieu en septembre, au cours de laquelle les bénévoles, les clubs
pourraient sensibiliser les enfants, les adolescents et les adultes à ce que doit être l'esprit sportif.
Par ailleurs, je pense que nous devons faire beaucoup de publicité aux opérations menées au sein de l'école, et parrainées
par les ministères de l'éducation nationale et de la jeunesse et des sports, autour de la Coupe du monde, à l'instar de
l'opération Scolafoot, mise en oeuvre par des collégiens de Choisy-le-Roi, qui ont, pour lutter contre la violence dans leur
quartier, dans leur collège, mais aussi dans le sport, élaboré une charte du fair-play, qu'ils ont su porter si haut et si fort
que la Fédération internationale de football s'est engagée à la lire lors du premier match de la Coupe du monde. D'ailleurs,
depuis que la télévision s'est intéressée à cette initiative, je reçois de nombreuses lettres d'enfants, ou de chefs
d'établissement qui veulent s'associer à cette démarche visant à lutter contre la violence dans les stades.
M. le président. Je vous prie de bien vouloir conclure, madame le ministre !
Mme Marie-George Buffet, ministre de la jeunesse et des sports. Mais cela n'est pas suffisant - je partage votre
point de vue sur ce sujet - et nous allons accroître cet effort éducatif contre la violence dans le cadre d'initiatives prises
par différents ministères pour lutter contre la violence à l'école et pour promouvoir l'éducation civique.
Enfin, parce que la violence concerne non seulement les jeunes mais aussi l'encadrement, nous allons réunir dès le début
du mois de février une dizaine de directeurs départementaux de la jeunesse et des sports concernés par ces actes de
violence pour étudier quelles réponses, avec le mouvement sportif, nous pouvons apporter à ces questions.
(Applaudissements sur les travées du groupe communiste républicain et citoyen, sur les travées socialistes ainsi
que sur certaines travées du RDSE.)
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