Question de M. HAMEL Emmanuel (Rhône - RPR) publiée le 06/11/1997
M. Emmanuel Hamel attire l'attention de Mme le ministre de la culture et de la communication sur l'attaque portée par le président d'un grand groupe français de haute couture à l'encontre des conservateurs des musées nationaux et rapportée à la page 24 du Figaro du 20 octobre dernier : " La France "pays d'insoutenable bureaucratie", qui "retient les oeuvres d'art prisonnières", ses musées "royaume des conservateurs tout-puissants qui méprisent le reste du monde", ses collectionneurs privés "jugés trop riches pour être honnêtes hommes" ". Cette attaque accompagne l'annonce faite par ce président d'un don d'un million de livres à la National Gallery de Londres, haut lieu de l'art dans la capitale de nos amis britanniques. Il lui demande quelle a été sa réaction face à cette annonce et aux cinglants propos de ce président de société qui fut dix ans à la tête de l'Opéra Bastille.
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Réponse du ministère : Culture publiée le 11/12/1997
Réponse. - La ministre de la culture et de la communication ne saurait souscrire aux propos injustement polémiques du président d'un grand groupe français de haute couture contre les musées français, publiés dans Le Figaro du 20 octobre dernier. Le directeur des musées de France a immédiatement réagi en rappelant notamment que la mission de l'Etat consiste à tenter de conserver en France, malgré des capacités budgétaires limitées, le plus grand nombre possible d'oeuvres considérées comme " trésors nationaux ", c'est-à-dire, en tout premier lieu, celles qui se sont vu opposer un refus de certificat de sortie du territoire en application de la loi du 31 décembre 1992. Contrairement aux assertions figurant dans l'article en cause, qui prête à l'Etat la volonté de retenir à toute force sur le territoire national des oeuvres qu'il ne serait pas en mesure d'acquérir, la France a adopté en la matière une attitude très libérale, comprise et suivie par l'ensemble du corps des conservateurs de musées, dont le travail ne mérite assurément pas les propos désobligeants proférés à leur égard. Il importe de préciser que, loin d'avoir pour effet de " retenir les oeuvres d'art prisonnières ", l'application de la loi de 1992 n'a entraîné à ce jour qu'une quarantaine de refus de certificat, soit une moyenne extrêmement raisonnable de huit par an, tandis que 3 000 autorisations de sortie sont accordées en moyenne chaque année. Plusieurs des oeuvres retenues ont été acquises par l'Etat ou par les collectivités territoriales. La sortie de celles qui n'ont pu être acquises a été autorisée, conformément à la loi. Le nombre des oeuvres actuellement retenues ne dépasse par la quinzaine, mais il s'agit véritablement de " trésors nationaux " que l'Etat s'efforcera d'acquérir, dans la limite des moyens qu'il pourra réunir, avec l'aide de nombreux collectionneurs et mécènes qui restent les amis fidèles des musées de France.
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