Question de Mme BEAUDEAU Marie-Claude (Val-d'Oise - CRC) publiée le 30/10/1997
Mme Marie-Claude Beaudeau prend acte de l'annonce par M. le ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie de la création d'un module obligatoire d'éducation à la citoyenneté pour tous les élèves de première dès la rentrée 1998. Elle lui demande s'il n'envisage pas de favoriser également l'apprentissage de l'histoire sociale. En effet, si la citoyenneté politique a sa source, en France, dans la Révolution de 1789, elle n'a pu prendre sens qu'à partir du moment où un certain nombre de droits sociaux ont permis à l'ensemble de la population de s'en considérer porteuse. A quelle citoyenneté pouvait se référer l'ouvrier, attaché à la machine dès l'âge de six ans pour y passer quinze heures par jours, six jours par semaine, et le plus souvent y mourir ? La véritable citoyenneté républicaine, fondée sur la liberté, la fraternité, mais aussi sur l'égalité, ne peut être abstraite d'une conquête perpétuelle de droits sociaux permettant à la population de l'exercer. C'est pourquoi elle lui demande s'il n'envisage pas d'intégrer à l'enseignement civique des jeunes Français une forte partie consacrée à l'étude des luttes, des obstacles, des conquêtes à travers lesquels le monde du travail a fait réduire progressivement l'amplitude de la journée de travail, de faire disparaître le travail des enfants, d'accéder à la sécurité sociale, au droit à la retraite, aux congés payés, à la culture, à la scolarité, etc. Elle lui demande s'il envisage de créer pour cela un module d'histoire sociale qui prendrait sa place dans l'éducation à la citoyenneté. Elle lui demande s'il n'estime pas que l'étude de l'histoire sociale devrait être plus poussée et plus systématique dans le cursus universitaire d'histoire, et s'il ne juge pas nécessaire d'en faire une épreuve spécifique des concours d'aptitude à l'enseignement de cette discipline.
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Réponse du ministère : Éducation publiée le 09/07/1998
Réponse. - C'est dès la classe de 4e que différents droits qui coexistent dans notre société sont étudiés ; leur sens est explicité en relation avec les libertés fondamentales. Le programme indique : " Ils (les différents types de droits) résultent des luttes politiques depuis la Révolution française et permettent les progrès de la démocratie... Les élèves sont éduqués à exercer leur réflexion critique à partir d'exemples : le fonctionnement du système électoral, le droit du travail dans l'entreprise, l'accès à la protection sociale ". L'étude du droit du travail dans l'entreprise est privilégiée. Cet exemple, qui met en jeu droits individuels et libertés collectives, permet de montrer que ce droit résulte d'une histoire sociale jalonnée par des revendications, des grèves et des négociations au cours desquelles l'Etat est intervenu, selon les périodes, à des degrés divers. Parallèlement au cours d'éducation civique, les élèves travaillent aussi, à ce niveau, en histoire, sur les mouvements sociaux qui découlent entre 1850 et 1939 du phénomène de l'industrialisation. Au lycée, dans le prolongement du collège, le relais est assuré par la reprise, dans les programmes d'histoire-géographie du cycle terminal, du processus d'industrialisation et des transformations économiques et sociales qui lui sont liées. Compte tenu de l'âge des élèves au lycée, cette étude est menée de façon plus problématisée et plus appronfondie. Enfin l'enseignement d'éducation civique et juridique, qui sera expérimenté en classe de première à compter de la rentrée de septembre 1998, comportera un thème sur ces questions. La note de service du 14 octobre 1997 (BO du 23 octobre 1997) présente les modifications apportées aux épreuves orales des concours externes du CAPES, du CAPET, du CAPEPS et du CAPLP 2. Désormais, à compter de la session 1998, les épreuves orales de ces concours auront pour objectif de " déceler que les candidats ont réfléchi à la dimension civique de tout enseignement et plus particulièrement de celui de la discipline dans laquelle ils souhaitent exercer ". En application de cette note, le cursus de formation initiale des futurs enseignants en institut de formation des maîtres renforce la dimension civique des formations disciplinaires et notamment celle d'histoire.
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