Question de M. HURIET Claude (Meurthe-et-Moselle - UC) publiée le 23/10/1997
M. Claude Huriet attire l'attention de M. le secrétaire d'Etat à la santé sur le contenu de certains amalgames dentaires composés pour moitié de mercure et pour moitié de diffrérents autres métaux (argent, étain, cuivre, zinc). Une controverse existe depuis de nombreuses années sur la nocivité de ces amalgames. Certains pays, l'Allemagne et la Suède notamment, ont interdit l'utilisation partielle ou même totale de plombages contenant du mercure. Dans notre pays, des poursuites judiciaires sont actuellement engagées sur la base d'analyses démontrant des intoxications mercurielles. Il lui demande s'il envisage de faire procéder à un examen de cette question par des experts qualifiés et indépendants.
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Réponse du ministère : Santé publiée le 25/12/1997
Réponse. - Plusieurs études ont été consacrées, ces dernières années, à l'analyse des risques éventuels liés à la présence d'amalgames en bouche. Les résultats, en ce domaine, sont assez contradictoires. Il est toutefois établi que les obturations à l'amalgame libèrent des vapeurs de mercure, mais ces quantités restent faibles. Une réunion d'experts internationaux s'est tenue à Genève en mars 1997, à l'initiative de l'OMS, sur les avantages et les inconvénients de l'utilisation de l'amalgame dentaire et des matériaux de remplacement. Ces experts ont considéré que l'utilisation des matériaux courants de restauration, y compris l'amalgame, est sûre et efficace. L'amalgame offre, en particulier, des avantages certains tels qu'une manipulation facile, d'excellentes propriétés physiques et un bon rapport coût-efficacité. De plus, le mercure inorganique passe très peu la barrière gastro-intestinale (moins de 15 %), à l'opposé du mercure organique, dont la principale source est le poisson, qui, lui, est absorbé au niveau du tractus intestinal à plus de 80 %. Ainsi l'absorption de mercure (inorganique) provenant d'amalgame dentaire est estimée entre 3 et 17 mg/jour. Par comparaison, les limites fixées par la Communauté européenne (décision 93/351/CE) sont de 0,5 ou 1 milligramme de mercure par kilogramme de poisson, en fonction des espèces. Il est important de souligner que les métaux utilisés en odontologie se trouvent aussi dans l'alimentation, du fait de leur présence dans les différents milieux, et que chaque individu est donc susceptible d'être exposé à ceux-ci indépendamment de tout soin dentaire. Si le mercure utilisé en odontologie soulève des problèmes particuliers, ceux-ci sont liés aux rejets issus des cabinets dentaires dans l'environnement. Les rejets aquatiques ont ainsi été estimés à plusieurs tonnes par an. Cela a conduit le Conseil supérieur d'hygiène publique de France à émettre, sur la gestion du risque mercuriel d' origine médicale, un certain nombre de recommandations. Les services du secrétaire d'Etat à la santé finalisent, actuellement, un projet d'arrêté instituant l'obligation de récupérer les déchets d'amalgame issus des cabinets dentaires. Concernant les risques liés à l'utilisation des métaux en odontologie, le Conseil supérieur d'hygiène publique de France va être amené prochainement à étudier de façon systématisée leurs caractères allergéniques et toxiques et, dans ce dernier cas, en tenant compte de l'apport global, notamment par l'alimentation.
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