Question de M. de VILLEPIN Xavier (Français établis hors de France - UC) publiée le 25/09/1997
M. Xavier de Villepin attire l'attention de M. le ministre des affaires étrangères sur la francophonie aux Nations unies. Il souhaiterait connaître la position de notre langue à l'ONU. Notre pays peut-il toujours rassembler, au sein de l'assemblée générale, 100 à 125 voix permettant d'avoir une majorité grâce à un bloc francophone ? Apparaît-il un clivage de plus en plus marquant en Afrique entre francophones et anglophones ? Pour contribuer au développement de la francophonie, ne pourrait-on pas envisager d'octroyer des bourses aux enfants des diplomates africains en poste à New York afin de leur permettre d'avoir une éducation en français ?
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Réponse du ministère : Affaires étrangères publiée le 20/11/1997
Réponse. - L'honorable parlementaire a appelé l'attention du ministre des affaires étrangères sur la francophonie aux Nations unies. Le français est la deuxième langue de communication aux Nations unies : c'est l'une des six langues officielles de l'organisation et l'une des deux langues de travail de la quasi-totalité des institutions du système onusien ; c'est également la première langue choisie par les fonctionnaires dans le cadre des cours de formation linguisitique des Nations unies (environ un tiers des fonctionnaires internationaux seraient francophones). Son statut est donc particulièrement favorable et il est régulièrement respecté dans le cadre des réunions officielles qui bénéficient de services de traduction et d'interprétation. Toutefois, l'anglais reste prédominant en raison de considérations pratiques (sur représentation des pays anglophones aux échelons décisionnels, préférence de nombreux Etats pour l'anglais ou volonté d'être compris par la majorité des délégations, multiplication, pour des raisons d'économie dictées par la crise budgétaire, des réunions dites informelles sans interprétation) mais aussi parfois politiques. L'anglais est de facto la langue de négociation et de travail puisque les secrétariats travaillent principalement dans cette langue (80 % à 90 % des documents originaux sont rédigés en anglais), en particulier au sein des institutions scientifiques et techniques. En outre, la diffusion, uniquement en anglais, de prédocuments de travail s'est généralisée avec comme corollaire un retard dans la traduction du document final dans les langues officielles. Le ministère des affaires étrangères s'emploie à promouvoir la francophonie aux Nations unies, en liaison avec l'ACCT (Agence de coopération culturelle et technique) et le groupe des ambassadeurs francophones, en particulier par la défense du multilinguisme. Les actions entreprises visent notamment à assurer le respect du statut juridique des langues, à soutenir les services de traduction et d'interprétation, à affirmer la présence francophone dans les divers organes et institutions des Nations unies, notamment en favorisant la concertation des Etats francophones, le recrutement de fonctionnaires qui possèdent notre langue ou en soutenant la formation linguistique des fonctionnaires internationaux. Dans le cadre de la préparation du sommet de Hanoï, un plan d'action pour le français dans les organisations internationales est à l'étude. Il convient, en outre, de noter que depuis l'arrivée de Kofi Annan à la tête de l'organisation, de nouvelles instructions sont données aux fonctionnaires internationaux et des crédits sont alloués pour favoriser l'emploi de notre langue aux Nations unies. Le ministère des affaires étrangères, par le biais de l'Agence pour l'enseignement français à l'étranger (AEFE), octroie également, depuis plusieurs années, des bourses aux enfants de diplomates francophones en poste à New York pour leur scolarité au Lycée français. Toutes les demandes sont accueillies favorablement et, sur une quarantaine de bourses, les trois-quarts bénéficient aux enfants de diplomates africains. L'AEFE accorde, en outre, des subventions annuels à trois lycées francophones dans cette ville. En ce qui concerne les majorités de votes dont la France peut bénéficier aux Nations unies (entre 100 et 125 voix ces dernières années), elles se forment grâce au soutien du groupe francophone, auquel s'ajoute celui d'Etats non francophones, principalement hispanophones et arabophones : pays méditerranéens et arabes, européens de l'Est et Caucasiens, certains Asiatiques et Latino-américains. Ainsi, la résolution 50/11 sur le multilinguisme, présentée par la France, a-t-elle été adoptée, à la 50e assemblée générale des Nations unies en 1995, à une majorité de 100 voix émanant principalement d'Etats non anglophones. Le soutien de ce bloc nous a été favorable dans plusieurs cas : élections aux organes onusiens, question des essais nucléaires ou de l'environnement. Cependant, un tel appui n'est pas systématique et varie en fonction des thèmes. A cet égard, la concertation des ambassadeurs francophones facilite l'émergence d'une certaine solidarité. A l'heure actuelle, il ne semble pas exister de clivage manifeste entre Etats africains francophones et anglophones aux Nations unies. Les questions politiques et économiques concernant le continent font régulièrement l'objet de discussions au sein d'organisations régionales ou sous-régionales qui oeuvrent de concert avec l'organisation (Organisation de l'unité africaine, Ligue des Etats arabes, Organisation de la conférence islamique, SADC, IGAD, CEDEAO) et qui peuvent définir des positions communes (cf. réforme du conseil de sécurité ou règlement des crises africaines). En outre, le groupe africain de l'Assemblée générale a un rôle fédérateur dans certains dossiers (cf. situation en Sierra Leone). Toutefois, dans le cadre des relations interafricaines, une certaine méconnaissance entre Africains anglophones et francophones est parfois perceptible et la France s'emploie à réduire cette distance. ; Latino-américains. Ainsi, la résolution 50/11 sur le multilinguisme, présentée par la France, a-t-elle été adoptée, à la 50e assemblée générale des Nations unies en 1995, à une majorité de 100 voix émanant principalement d'Etats non anglophones. Le soutien de ce bloc nous a été favorable dans plusieurs cas : élections aux organes onusiens, question des essais nucléaires ou de l'environnement. Cependant, un tel appui n'est pas systématique et varie en fonction des thèmes. A cet égard, la concertation des ambassadeurs francophones facilite l'émergence d'une certaine solidarité. A l'heure actuelle, il ne semble pas exister de clivage manifeste entre Etats africains francophones et anglophones aux Nations unies. Les questions politiques et économiques concernant le continent font régulièrement l'objet de discussions au sein d'organisations régionales ou sous-régionales qui oeuvrent de concert avec l'organisation (Organisation de l'unité africaine, Ligue des Etats arabes, Organisation de la conférence islamique, SADC, IGAD, CEDEAO) et qui peuvent définir des positions communes (cf. réforme du conseil de sécurité ou règlement des crises africaines). En outre, le groupe africain de l'Assemblée générale a un rôle fédérateur dans certains dossiers (cf. situation en Sierra Leone). Toutefois, dans le cadre des relations interafricaines, une certaine méconnaissance entre Africains anglophones et francophones est parfois perceptible et la France s'emploie à réduire cette distance.
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